Renard curieux*, mais jusqu'où ?
Bruxelles 1934.
Hergé est à la peine. Ses affaires ne vont pas fort et son atelier créé avec ses associés José de Launoit et Adrien Jacquemotte, vivote.
A la maison, en dépit de leurs efforts, sa femme Germaine n'est toujours pas enceinte.
C'est dans ce contexte qu'
Hergé s'apprête à dessiner son nouvel album dont l'action se déroulera en Chine.
Sur les recommandations d'un aumônier d'étudiants chinois à Louvain,
Hergé décide de se documenter sur le sujet en rencontrant un jeune étudiant chinois, Tchang, qui va l'initier à la culture chinoise et nourrir son récit. Les deux hommes vont se rapprocher au point de devenir…
"Une histoire d'amour au vingtième siècle" est éclairant quant à l'angle qu'a souhaité retenir
Laurent Colonnier. Partant d'un lapsus d'
Hergé au cours d'une émission d'Apostrophes, (reconstituée dans l'album), il recrée ce qui selon lui sous-tendait (si on peut dire s'agissant d‘amour rentré -oups !) les relations entre les deux hommes.
Je dois dire que l'hypothèse me semble tirée par les cheveux, mais qu'au surplus, je la trouve sans le moindre intérêt et je ne vois pas trop ce qu'elle apporte au récit avec ses insinuations un peu hypocrites, Colonnier laissant penser que peut-être, il se pourrait, il semblerait…Tant qu'à faire, il fallait montrer
Hergé et Tchang pratiquer la brouette cantonaise ou la Fleur du Dragon, plutôt que dire sans dire tout en disant !
En revanche, le contexte politique de l'époque avec les manoeuvres communistes et nazies, le joug japonais pesant sur la Chine (on sait tous qu'à la vue des Nippons, la Chine se souleva) et les tentatives d'influence sur le dessinateur, sont nettement plus intéressantes.
Le tintinophile ira tel un dimanche de Pâques, chercher ses oeufs au cours du récit, découvrant ici et là, des références à l'univers d'
Hergé : le restaurant Klow, « Jef, La Flèche est tombée », Tournesol, Les Dupont(d), le château écossais en ruine…ou de Georges Remi : sa stérilité, l'abbé Wallez et Germaine, le communiste Jacquemotte…
Côté dessin, ce N&B est honnête et même si les traits ne sont pas toujours très assurés, l'album se lit confortablement.
A part ça, on trouve aussi une préface enjouée de Bruno Podalydès et une postface plus dubitative de
Numa Sadoul.
Cet album paru initialement en 2012, vient de ressortir. Vous l'aurez compris, son principal intérêt à mes yeux, est de donner envie de relire le Lotus Bleu.
C'est déjà ça.
*le totem d'
Hergé chez les scouts