Je n'avais encore jamais lu de Lefranc non scénarisé par
Jacques Martin (auteur surtout connu pour sa série “Alix“). Lefranc est une série d'espionnage, avec comme héros, Guy Lefranc, journaliste au Globe,
Jacques Martin n'a réalisé entièrement que les trois premiers albums, écrits en 1954, 1961 et 1965. Après, la série va connaître plusieurs dessinateurs,
Gilles Chaillet dans les années 80, puis cela changera souvent. Au milieu des années 2000,
Jacques Martin laisse peu à peu la main avant de s'éteindre en 2010. La série de n'arrête pas, plusieurs équipes alternent par la suite. Avec le décès récent de
François Corteggiani, je me décide à m'intéresser à ses productions. Et la surprise est plutôt bonne.
Un triple assassinat à lieu dans une forêt de l'Aveyron. Lefranc décide d'aller enquêter sur l'affaire, car la qualification en crime de fou lui semble suspecte. L'intrigue est bien construite, le lecteur sait depuis le début que ce n'est pas un crime crapuleux, mais beaucoup d'éléments restent mystérieux, c'est bien rythmé, bien imaginé, le déroulé du récit m'accroche totalement, et l'ensemble est suffisamment crédible.
Il y a un truc que j'ai trouvé très sympathique, c'est cette traversée de la France par les route nationale ou secondaire, l'intrigue est replacée dans le contexte de la fin des années 50, pas encore beaucoup d'autoroutes, les noms des patelins traversés résonnent et sentent bon le terroir, il y a un aspect bucolique et en même temps, on retrouve les caractéristiques du roman d'espionnage de l'époque, la préoccupation nucléaire, la guerre froide…
L'action est placée dans ce contexte, les personnages secondaires sont tous bien campés, le journaliste à sensation, la jeune stagiaire, les flics locaux… Sans non plus tomber dans l'obsession de la psychologie des personnages, ce n'est pas une spécialité de la série, loin de là.
Le graphisme de
Christophe Alvès est très respectueux du style de
Jacques Martin : une colorisation qui détache bien les personnages, simple mais efficace pour la lecture, beaucoup de détails dans les décors, architectures et paysages, avec un côté guide touristique et un souci d'authenticité géographique et historique. Cela reste très classique, dans la lignée franco-belge, un classicisme soigné et assez élégant qui rend cette lecture très agréable.
Ces retrouvailles avec un héros dont je n'avais pas lu les aventures depuis longtemps se sont donc très bien passées et me donnent envie de me replonger plus à fond dans les aventures de Guy Lefranc.