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3,4

sur 349 notes
Anthime a un don, il court vite même très vite. Depuis son jeune âge. Il est vite repéré par un entraîneur qui souhaite faire de lui le pélican, le plus grand athlète de tous les temps. Pour Anthime, la course est bien plus que quelques pas rapides devant l'autre. C'est rejoindre des rêves de grandeur, c'est la médaille du gagnant, c'est aussi vider sa tête de tout son superflu, c'est gagner en force, en confiance. Quand surgit un accident lors d'une course, Anthime s'effondre et perdra tout, la femme et la soeur qu'il aime jusqu'à ses rêves, jusqu'à sa propre vie. Pour hériter d'une seconde place et la seconde place pour un gagnant c'est toujours la pire.

Ce roman m'a laissé terriblement perplexe. Il est, ou semble, très bien écrit mais il est aussi truffé d'images, de métaphores, de détails alambiqués que le fond se noie littéralement dans cette bourrasque de détails. le cadre spatio-temporel est aussi absent, ce qui m'a gênée au même titre qu'on rentre peu en harmonie et empathie avec Anthime et les autres, faute à ces montagnes de détails secondaires qui font certes jolis mais à mon sens desservent totalement l'histoire. J'avais l'impression de lire un exercice de style, sortez-moi un maximum de phrases tordues et stylées. Par contre, les déceptions d'Anthime, sa personnalité, son évolution, tout cela n'est pas abouti. Des émotions, de la psychologie, j'en voulais plus.

J'avais l'intention de lire le dernier roman de Cécile Coulon, Une bête au paradis, du coup, j'hésite fortement. Tant j'ai été déstabilisée et déçue ici. Une histoire avec du potentiel mais tellement surjouée qu'elle en devient transparente et insipide.
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J'ai choisi de lire ce livre non pas pour son thème qui ne m'attire pas particulièrement, la performance athlétique d'un jeune garçon ne me fait pas, il est vrai, rêver, mais parce que j'affectionne la plume de Cécile Coulon.
J'ai peut-être trouvé un peu trop de métaphores "artificielles" dans ce roman mais je salue malgré tout une fois de plus cette jeune auteur qui sait toujours trouver un angle d'attaque intéressant pour garder son lecteur attentif.
Elle décrit avec beaucoup de psychologie l'évolution d'Anthime. La victoire avec toute l'aura qui va avec, la défaite, le drame, la fin des illusions, la résignation et le renouveau.
Il y a quelque chose d'antipathique chez Anthime et pourtant j'ai eu aussi de l'attachement pour lui. J'ai eu mal pour lui et ai souhaité une fin heureuse.
Se relever après un échec, se reconstruire et poursuivre ses rêves voilà ce que Cécile Coulon nous offre à travers Anthime.
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Cette fois encore, les personnages sont très fouillés, dans tous les détails, avec leurs qualités et leurs défauts qui les rendent attachants ou repoussoir.

Deux mondes s'opposent, s'entremêlent : la vie monotone monochrome dans un lotissement ordinaire, avec ses barbecues, ses apéros de bienvenue pour tenter d'intégrer les derniers arrivés, mais deux mondes s'opposent en fait : ceux qui sont natifs du village, ont pignon sur rue, connaissent tout le monde et les nouveaux arrivants que l'on observe à la loupe.

Pour Anthime, il faut s'imposer dès le premier contact pour pouvoir passer une année scolaire tranquille et ne pas subir de harcèlement, alors il donne le maximum lors du combat, courant plus vite que les autres pour gagner, dans la scène du jeu de quilles.

« Son frère venait de remporter sa première victoire. Il échappait ainsi aux persécutions réservées aux nouveaux arrivés : son exploit ferait le tour du collège avant qu'il n'y mette les pieds. Anthime était sauvé. » P 30

Il court vite, toujours plus vite, et se fait remarquer lors du fameux cross opposant des collèges différents, par un entraîneur, dont les rêves de médailles ont sombré. Dès lors, son quotidien va changer, sport intensif, entraînement pour arriver aux championnats du huit cents mètres.

Ce qui compte pour lui, ce n'est pas le plaisir de courir, c'est gagner à tout prix, seule la victoire est belle. L'équipe de son collège arbore un maillot avec un pélican qui deviendra le surnom d'Anthime.

Mais, le jour J, il se blesse et tout s'écroule. le Pélican git en larmes sur le sol, son ego en prend un coup et il entre dans une deuxième vie qu'il subit : mariage, enfants, obésité, jusqu'au jour où une réflexion sur son poids le blesse et l'oblige à réagir…

On assiste alors à une reprise en mains : Anthime se remet au sport, s'acharne sur son vélo d'appartement, en cachette et se lance dans un nouveau défi que je vous laisse découvrir…

Bien-sûr, ce roman parle de la chute d'une idole, du passage de l'admiration des autres à l'anonymat, loin des projecteurs, mais il va beaucoup plus loin, posant des questions sur le sens de la vie…

Que désirait-il vraiment ? Pourquoi ses parents n'ont-ils pas exprimé de réserves, surtout quand l'entraîneur, qui ne court qu'après l'alcool et cherche une revanche, le fait participer aux sélections alors qu'il n'est pas assez prêt ? Peut-on réussir sa vie quand l'ambition dévorante l'emporte sur la passion, sur le plaisir à pratiquer un sport ?

Cécile Coulon décrit très bien cette période de l'adolescence, surtout quand on est différent par rapport aux autres, le rapport presque fusionnel entre Anthime et sa soeur Héléna, chacun protégeant l'autre à sa façon, et le fonctionnement de cette famille où la communication est très limitée, de même que les affects. Ils cohabitent.

Deux autres filles gravitent autour d'Anthime : Béatrice, son premier amour, à qui il s'était promis de déclarer sa flamme s'il gagnait ces sélections, et de Joanna, la voisine d'en face, qui l'espionne et tisse sa toile autour de lui.

J'aime beaucoup la façon dont l'auteure nous interpelle, s'adresse directement à nous, sous implique. Même si le thème m'a moins passionnée que « Trois saisons d'orage », j'ai ressenti la même avidité d'en découvrir plus dans l'évolution du héros, sa recherche d'identité, tant Cécile Coulon sait bien tenir le lecteur en haleine, et ici, c'est aussi bien au sens propre que figuré.
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« Un livre absolument magnifique d'une cruauté sans nom sur le sport et ses valeurs ». Ce commentaire est d'Augustin Trapenard, un garçon que j'aime regarder et écouter sur Canal +. Toujours beaucoup de verve, d'enthousiasme, de passion pour défendre un livre. « le coeur du pélican » est le troisième livre que je lis sur ses recommandations mais peut-être le dernier.

Cécile Coulon, jeune écrivaine de 26 ans, nous conte le parcours brisé d'un athlète de demi-fond, Anthime. Ce jeune homme a un talent indéniable pour la course à pied. Il est obéissant, appliqué, évite de réfléchir, se laisse porter et accepte d'endosser ce rôle de champion en devenir.
Lors d'une compétition qui doit le mener vers les jeux olympiques, il se blesse, s'en est fini de ses rêves de gloire et de l'amour de sa vie. Il va tomber dans l'anonymat et s'enfermer dans une vie insipide : un mariage sans amour, travailleur social désabusé, prise de poids, petite maison dans un lotissement,...

Dans ce livre, des explications, des images incompréhensibles, des trucs bizarres vous en trouvez plein les pages:
p. 197, « … il avait recouvert ses terreurs et ses rêves avec la peinture d'un pavillon de banlieue, à la manière d'un puits radioactif qu'on couvre de plaques de béton » Ça vous cause ça, des plaques de béton pour couvrir des puits radioactifs ?
p.217, « Anthime s'accroupit derrière la roche, glissa ses mains couvertes du sang de sa victime dans les profondeurs de la terre et sentit les asticots recouvrir ses doigts », n'importe quoi, à part si tu te vautres dans une charogne, difficile de trouver des asticots !

Je ne vais pas tourner autour du pot très longtemps, je n'ai pas aimé ce livre, vraiment pas. L'histoire, ma foi, pourquoi pas ? C'est surtout l'écriture qui m'a gêné, une écriture douloureuse pour son lecteur.
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Intriguée par cette jeune femme si volontaire et brillante, vue dans l'émission La Grande Librairie, j'avoue ne pas avoir trouvé ce que j'imaginais dans son dernier roman, le Coeur du Pélican .

On reconnait dans son style incisif , l'impétuosité de la jeunesse, et ce qui m'a manqué, justement c'est une certaine rondeur et un détachement parfois salutaire qu'apportent les années et l'expérience de la vie sans pour autant relâcher son combat , sa faculté d'indignation et son esprit critique.

Pavillons de banlieue , vie médiocre par sa monotonie et abrutissement des hommes adultes dans l'alcool et la bêtise réapparaissent tout au long de l'histoire comme une antienne .

Le don d'Anthilme pour la course se révèle alors qu'il se retrouve "petit nouveau" dans un groupe d'ados et qu'il est alors persuadé qu'il ne peut et ne doit pas perdre ; cela le fait passer du statut d'inconnu à celui de héros : est-ce un bienfait pour ce jeune garçon: on en doute d'emblée .
Récupéré par un entraineur qui a raté sa carrière et qui compte sur les succès de son poulain pour vivre les victoires par procuration, Anthilme subit plus qu'il ne s'épanouit et on ne peut pas dire qu'il soit soutenu par ses parents à l'attitude totalement passive, ce qui est surprenant lorsque l'on fréquente un peu les terrains de sport ou les salles de gym avec sa progéniture !

Ne voulant pas décevoir sa soeur, Héléna, son double féminin , son amante interdite et espérant conquérir le coeur de la belle Béatrice, Anthilme donne tout comme le pélican, emblème de son club.

Avant même de gravir les échelons du succès , l'ascension du jeune prodige est stoppée net et il se pense alors indigne de Béatrice et voué à épouser une femme qu'il n'aime pas et vivre une vie sans piment, sorte d'autoflagellation jusqu'à la révolte quelques vingt ans plus tard .

L'histoire est rapidement peu plausible car chacun sait que la gloire arrive aussi vite que l'oubli ...

Le combat de ce jeune garçon devenu un adulte ordinaire semble bien dérisoire et égoïste et vire à la colère dans un flot de violence non contenue.

La fin de l'histoire m'a laissé assez perplexe !
Problème de génération peut-être?


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Ceux qui ont commencé à lire Céline Coulon avec le roi n'a pas sommeil ont été d'emblée estomaqués, à quelques exceptions près, par le style et la puissance d'évocation de cette jeune romancière indéniablement douée. D'où la semi-déception provoquée depuis par la lecture de ses deux autres livres (Méfiez-vous des enfants sages et le rire du grand blessé) comme si, quoi qu'elle écrive, à l'aune de son roman majeur, il était impossible qu'elle atteignît les mêmes hauteurs. A moins que ce ne soit le lecteur qui ne puisse retrouver les sensations d'une première fois. le coeur du pélican est le roman d'un jeune garçon en colère, puis résigné, puis de nouveau enragé 20 ans plus tard. Pourquoi tant de haine ? le mal de vivre, la médiocrité des autres, y compris de celle qui est devenue sa femme par défaut, puisque il a (à ses propres yeux) déçu son grand amour et que sa soeur, dont il tait le désir qu'il a pour elle, est taboue. Drôle de personnage, cet Anthime, surnommé le pélican, qui a trouvé la course pour seule échappatoire. Exutoire de douleur pour oublier que la vie est une chienne indocile. La langue de Cécile Coulon est envahie de la même rage que celle du pélican. Dans un premier temps, elle subjugue, elle assomme par sa violence contenue ou exprimée. Mais il y a un moment où cette prose enflammée apparait comme surchargée par les métaphores, essoufflée comme après un marathon. de plus, un gros défaut de crédibilité s'insinue. Comment cet athlète terrassé par la blessure avant même d'avoir accompli de performances notoires peut-il être aussi célèbre, iconisé même par une foule avide de héros alors qu'il a accompli si peu ? Passons. le coeur du pélican est loin de laisser indifférent, il se lit avec ardeur au moins jusqu'à mi-parcours avant de rendre perplexe. Laissons souffler la romancière, elle a du coffre et peut-être attend-elle encore un peu avant de nous mettre K.O à nouveau. Elle en a la moyens, cela ne fait aucun doute.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'avais lu un seul livre de Cécile Coulon,"le roi n'a pas sommeil",que j'avais trouvé pas mal,sans plus.Une lecture qui ne m'incitait pas à lire un second livre d'elle.Mais la semaine dernière,durant l'émission "la grande Librairie",présentant son dernier livre,sa phrase:"Quand on a un talent,est-ce-qu'on est obligé de l'utiliser ou est-ce-que gâcher un talent c'est l'utiliser trop vite ou ne pas l'utiliser du tout?.."a suscité mon intérêt et m'a donnée envie de lire ce livre..
Donc c'est l'histoire d'un garçon,Anthime,qui vit avec ses parents et sa soeur dans une petite ville de province,et qui a un don phénoménal :il court,il court trés vite.Ce talent découvert à quinze ans durant une fête banale,il le portera toute sa vie comme sa croix.Il va sacrifier sa vie pour le regard des autres,et malheureusement dans ce sacrifice,il perdra au change.A travers cette histoire,l'auteur fait une critique féroce de la société et de ses institutions y compris famille,couple.
Mon avis sur ce livre est mitigé.J'ai trouvé l'idée de l'histoire et sa structure avec ses rebondissements,intéressantes.La prose n'est pas mal,un peu trop "écrite",utilisant trop de métaphores dont plusieurs peu littéraires ,à mon avis(finis les cours plus ennuyeux qu'une partie de golf à la télé/il ne cherchait pas à noyer son chagrin dans l'alcool;il lui apprenait simplement à nager/elle avait planté sa tente dans sa vie).Mais finalement cette histoire que j'ai lu comme une fable,manque de sel,le sel de la Vie,que je donne au jeune âge de l'écrivaine (24 ans).Elle a du talent,c'est sûr,mais je ne pense pas qu'il est arrivé à maturité.Mais ce n'est bien sûr que mon avis.
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Anthime et sa soeur Helena emménagent avec leur famille dans une petite ville de province. Loin de la grande ville et de ses fureurs dont leurs parents veulent les protéger. le rêve d'une vie meilleure plus confortable. Dans cette ville, il va falloir s'intégrer, prendre sa place. Lors d'une fête de quartier Anthime et Helena, sa soeur adorée, son inséparable, se sentent observés, disséqués, deviendront-ils les souffre-douleur de leurs camarades? Lors de cette kermesse une partie de jeu de quille est organisée, Anthime va devoir faire ses preuves.


"Nerveux, le coeur et les tempes affolés, il s'installa sur la bande de départ, tête baissée, le pied droit en avant, la jambe gauche légèrement fléchie, et attendit le coup de sifflet. Il devait ramasser cette foutue quille avant l'autre. S'il échouait, il signait pour sept ans de sacerdoce dans un collège où tout le monde le verrait comme l'abruti qui court lentement. Il ne pouvait pas se permettre de perdre. S'il loupait la quille, les idiots le lui feraient payer, jusqu'à ce qu'il quitte le lotissement."


Cette partie de jeu de quille est une révélation pour Anthime. La révélation de sa vitesse, Une révélation pour lui-même et pour les autres, il gagne sa place dans la communauté. Il est repéré par Brice qui va devenir son entraîneur et va lui faire franchir les étapes vers la gloire locale, les championnats. Anthime devient la star de son école. Les maillots de l'équipe de son école étant floqués d'un pélican, il va à lui seul l'incarner.


Anthime n'est pas particulièrement passionné par la course à pied. Tout ce qui l'intéresse c'est gagner. Quand il court c'est un combat, un combat contre lui-même, contre la douleur et contre les autres concurrents. "les gens ne se battent pas pour qu'on soit fier d'eux , les gens ne se battent pas pas pour mourir dignement. Les gens se battent pour gagner." Cette phrase va l'accompagner comme un mantra dans toutes les compétitions auxquelles il va participer. Ce désir de victoire, va le pousser à tout donner, pour lui, mais aussi et surtout pour les autres qui attendent tant de lui. Surtout ne pas les décevoir. Tel le pélican du mythe biblique il va s'arracher le coeur avec le bec pour le donner à manger à ses petits et cela jusqu'au drame jusqu'à la blessure.

Ce roman nous présente l'ascension et la chute d'un héros. La désillusion après avoir fait naître tant d'espoir dans la communauté. Anthime à la course comme en amour ne voulait pas décevoir. Sa blessure le contraint à se rabattre sur une vie qui le dégoûte, une femme qu'il n'aime pas mais qui est présente, alors qu'il rêve de la belle Béatrice qu'il ne veut plus approcher suite à sa chute.Il voulait lui donner le meilleur de lui même, il n'en n'est plus capable. Vingt ans de compromissions vont passer, vingt ans de laisser-aller. Suite à une réflexion d'un de ses anciens camarades, il va reprendre l'entraînement. Il va vouloir prendre sa revanche. Il va traverser le pays en courant.


le coeur du Pélican est un roman riche, foisonnant. Ce n'est pas un roman sur la course à pied, c'est beaucoup plus que ça. Après quoi court Anthime à part la reconnaissance? Il court après lui-même, il se cherche, mais que va-t-il découvrir? Un roman passionnant où la psychologie des personnages est décortiqué, leurs relations entre eux disséquées, le tout porté par un style précis, vif, inventif, dynamique, on ressent presque physiquement les douleurs éprouvées par Anthime. le roman le plus abouti de Cécile Coulon qui m'avait déjà bluffé avec le roi n'a pas sommeil et le rire du grand blessé.
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Anthime vient de s'installer en province avec sa soeur et ses parents. C'est grâce à la course à pied qu'il va s'intégrer au collège puis au lycée. Une gloire bien éphémère puisque suite à une blessure, tout s'arrête. Difficile alors même que l'identité du jeune homme reposait uniquement sur ces victoires sportives.
Un style un peu trop chargé parfois mais malgré tout, j'ai bien accroché à l'histoire de ce garçon, à sa déchéance et à sa tentative désespéré de ressusciter.
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On a peine à croire que ce roman ait été écrit par une jeune femme de vingt-quatre ans... Et pourtant. L'auteur n'en est pas à son coup d'essai - quatrième roman, déjà ! - et il était grand temps de faire connaissance avec son écriture forte qui a valu à ses précédentes publications quelques succès critiques et autres distinctions.

C'est le roman de la frustration. Ou plutôt de la violence née de la frustration et des sentiments refoulés. C'est l'histoire d'Anthime, enfant sage et silencieux, trop silencieux, trop sage pour exprimer ses doutes ou son mal être face aux décisions des adultes. Trop sage pour dire qu'il déteste la bourgade sans âme dans laquelle ses parents ont décidé d'emménager. Trop désireux de s'intégrer sans heurts dans son nouvel environnement, d'être accepté par ses nouveaux camarades de classe. Ses dons pour la course vont lui donner l'occasion de faire encore mieux. Devenir une idole. Un symbole pour tous ceux qui rêvent leur vie à travers ses exploits. Il court, il gagne, les journaux locaux ne parlent plus que du "formidable espoir" qui pourrait même envisager d'être sélectionné pour les Jeux Olympiques.

Jusqu'à l'accident. Son corps le lâche en pleine course, brisant tous ses espoirs. Vingt ans plus tard, Anthime est un homme frustré qui brûle d'une colère intérieure trop longtemps comprimée. Persuadé de ne pas mériter l'amour de la belle Béatrice, puisqu'il avait échoué, il a épousé la morne et possessive Joanna et s'est installé dans une petite vie étriquée qui lui fait horreur. le corps si affûté est devenu gras et lent. Et c'est ce corps justement qu'il entend un jour moquer par un groupe d'anciens supporters. Pour Anthime, c'est le déclic. Il décide de reprendre l'entraînement, de se forger un nouveau corps et de repartir sur les routes. Mais peut-on recréer ce qui n'a pas été ?

Il y a beaucoup de choses dans ce roman et surtout une violence comprimée qui explose peu à peu. Pour Anthime, la course est un moyen de canaliser cette violence autant qu'une porte ouverte pour fuir la vie dont il ne veut pas. Il l'envisage ensuite comme une sorte de rédemption mais les choses ne sont pas si simples. Tout est ambigu chez lui. L'amour qu'il éprouve pour sa soeur, sa façon de se punir d'un échec dont il n'est pourtant pas le premier coupable, son renoncement. Lui qui était prêt à se battre sur une piste d'athlétisme contemple sa vie comme s'il était battu d'avance. Dans une extrême solitude.

Écriture forte, oui. Sans concession. Avec de très belles analyses sur l'athlète, sa solitude et les espoirs du public qu'il porte comme un fardeau. de très belles pages sur la course. Mais surtout une plongée profonde et crue dans la violence des sentiments nourrie par l'hypocrisie, le refoulement et les non-dits. Franchement bluffant.

Très envie de lire autre chose de Cécile Coulon !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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