— Madame Boyer, on a pensé à vous. Tenez, un peu de cochon.
— Merci, c'est gentil. Entrez donc, vous prendrez bien un verre.
— Ne vous dérangez pas, je me sauve.
— Remerciez vos collègues, surtout.
Leur cochon, c'est du sanglier. Ils l'appellent comme ça, ici. Ils en dégomment des foultitudes. Ils ne manquent jamais de m'en porter tout au long de la saison de chasse, une sorte de tribut. Je ne sais lequel d'entre eux a expédié la fameuse balle et mon pauvre homme avec. Je ne tiens pas à le savoir. Je n'ai ni cherché d'histoires, ni porté plainte, à quoi bon ? Ça ne l'aurait pas ressuscité. Je prends leur barbaque, je prépare des daubes. Quand j'en ai de trop, j'en mets au congélateur. Et quand j'en mange, j'ai un peu l'impression de manger mon défunt mari, ce n'est pas désagréable.