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EAN : 9782253034667
Le Livre de Poche (31/05/1997)
4.02/5   83 notes
Résumé :
Quand « le Petit », après quinze années, sort de prison et revient à Malaveil, chacun devine, au village, qu'il va se passer quelque chose. Car « le Petit », pendant ces quinze années, il a eu le temps de se poser des questions et il s'est peut-être fait une idée de celui - ou de celle - qui lui a collé sur le dos ce crime atroce qu'il n'a pas commis. A Malaveil, il y a de drôles de jours qui se préparent...
Mais le roman de Claude Courchay n'est pas seulemen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Lu sur les conseils de ma mère (nous sommes une dynastie de grandes lectrices !), elle l'a trouvé dans une boîte à livres, une édition de 1982 toute amochée. Comme quoi il ne faut pas s'arrêter aux apparences... Comme elle, j'ai été séduite par ce "policier de terroir" (j'emprunte la formule à une autre critique, elle s'applique exactement), ses personnages bruts de décoffrage et son histoire tragique.
Début des années 80. Après 15 ans de prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis, Noël Roux, que tout le monde appelle le Petit, revient au village de Malaveil, bien décidé à comprendre qui lui a fait porter le chapeau pour l'assassinat d'un touriste de passage. C'est forcément quelqu'un du coin, et sans doute quelqu'un qui vit au Mas, ce petit groupe de quelques maisons où il habite, mais pourquoi l'avoir piégé, lui qui n'avait jamais fait de mal à personne, lui qui avait 20 ans et toute sa vie devant lui ? Les options sont restreintes, mais son enquête s'avère très difficile. Il faut dire que les gens sont plutôt taiseux dans le coin, et que l'origine de l'affaire pourrait bien remonter à une sale histoire qui s'est passée à la Libération. le parrain du Petit, Coco, tient un café dans le village. Lui aussi cherche à comprendre et à faire parler ceux qui savent. Et comme sous ses dehors de rustaud il a oublié d'être bête, peu à peu il va démêler presque tout l'écheveau qui a conduit à ce gros gâchis...
Les personnages nous livrent chacun quelques clés, narrateurs successifs, mais c'est Coco qui conduit le fil de l'histoire avec son langage fleuri. Il y a aussi La Noire, la mère du Petit, dont le rôle va se révéler décisif. Et puis GMC, cette femme rescapée d'Indochine et d'Algérie, au visage reconstruit après des blessures de guerre et qui s'est réfugiée au Mas pour y trouver...la paix ? Et le Petit lui-même, qui mène son enquête tout en essayant de se faire une vie "normale" pour rassurer les villageois inquiets de voir remuer le passé.
J'ai trouvé ce roman particulièrement réussi, pour son ambiance si bien rendue d'un village cévenol englué dans son jus (sauf pendant l'été, où les touristes viennent bousculer les habitudes), ses personnages un peu caricaturaux pour certains mais qui semblent tellement réels, et son intrigue dont je n'ai eu de cesse de connaître le fin mot. On est bien loin des thrillers ou des polars classiques, pas d'enquêteur fin limier ou de tueur en série, mais des gens simples et attachants, surtout Coco dont j'ai particulièrement aimé la finesse sous des dehors bien rustiques.
Si vous avez envie d'une lecture originale et prenante, tentez "Retour à Malaveil", je pense que vous ne serez pas déçus.
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D'aucuns appelleraient ce roman un polar rural, certains un roman de terroir, d'autres un huis-clos dans un hameau et le village attenant situés dans les Cévennes. C'est tout cela et beaucoup plus car Claude Courchay a une plume addictive : vous ne pourrez plus lâcher ‘'Retour à Malaveil'' une fois la lecture commencée.
Des personnages attachants avec leurs forces mais, surtout, leurs faiblesses, la vie d'un petit village en train de se désertifier et de mourir. Et, bien sûr, une histoire solide qui tient la route… une histoire d'erreur judiciaire et de vengeances (le pluriel est intentionnel) imbriquées dans les petites histoires cuites et recuites des villageois et les conséquences de la 2e guerre mondiale sur cette petite communauté.
Roman choral également, avec un narrateur principal, Coco, le cafetier qui se définit ainsi : «Cafetier, c'est un métier tout en finesses. Ce n'est pas de la limonade que tu vends, c'est de l'atmosphère». On s'attache à cet homme empathique, à l'humour corrosif, discret et prêt à aider qui est dans les ennuis.

En conclusion je reprendrai les propos de la critique littéraire de l'Express : « « D'emblée, on est saisi, par l'allégresse du ton et l'ambiguïté du propos. Phénomène rare qui piège le lecteur et l'oblige à bousculer son emploi du temps pour aller d'un trait jusqu'à la fin du livre... Claude Courchay nous offre un ardent roman d'atmosphère que nous ne sommes pas près d'oublier. »
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Tragédie grecque dans les Cévennes ! Malaveil, une réserve d'indiens autour de laquelle il ne manque que des barbelés ; un lieu d'accès difficile où survivent quelques sauvages qui regardent avec un humour ravageur les givrés de niçois qui viennent aux escargots en Mercedes ou les touristes qui se réjouissent devant une fourche plantée dans un tas de fumier ; mais les pires, ce sont les parisiens et leurs résidences secondaires en forme de chalets suisses de style aztèque, qui transforment lentement mais sûrement le paysage éternel en décor d'opérette ... Les autochtones n'étant pas nés de la dernière pluie, ils savent aussi tirer parti de l'invasion en vendant à prix d'or n'importe quel bout de planche bouffé par les vers aux neo-ruraux.


Mais tout ne prête pas à rire dans cette terre huguenotte à très haute valeur historique ajoutée. Lorsque Noël, alias le Petit rentre au bercail après avoir été embastillé durant 15 ans pour un crime qu'il n'a pas commis, le lecteur sent qu'ici, les dettes se payent toujours ; les rancoeurs se ressassent durant des années, des décennies ou des siècles, accordant aux humains une supériorité sur les vaches, bien incapables de ruminer aussi longtemps. Rien ne presse, tout vient à point à qui sait attendre, et ça tombe bien, en prison le Petit a appris la patience. Il se met à l'affût, observe, écoute, espérant tromper l'assassin en adoptant un mode de vie normal, travail, famille... Il s'agit forcément d'un habitant du cru, et tous sont insoupçonnables...


Tous les amateurs du genre devraient lire Retour à Malaveil, car au même titre que Pierre Magnan, Claude Courchay est un précurseur de très haut vol du roman noir dit « de terroir ». Il crée une intrigue très sophistiquée dont les origines historiques bien documentées évoquent les persécutions perpétrées à l'encontre des protestants par Louis XIV et ses dragons, puis plus récemment les exactions commises par les résistants de la dernière heure tondant ou torturant avec courage des femmes croisées au hasard de leurs cuites, mais ce qui distingue ce roman de nombreux autres, c'est son humour, son approche, son angle d'attaque, son langage fleuri, qui dans certains dialogues font penser à Frédéric Dard. Dans Retour à Malaveil on ressent la grande maîtrise de l'auteur de la langue française, de sa syntaxe et de toutes ses nuances, pour mieux les dynamiter. Mais surtout et avant tout, Claude Courchay connaît les Cévennes, mentalité, traditions, habitants, et pour sa finesse d'analyse, pour sa précision chirurgicale, pour cet immense plaisir de lecture, total respect !
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Il ne payait pas de mine ce livre de poche dans cette boîte à livres. Je l'ai ramassé parmi d'autres, même pas pour moi à l'origine. Et pourtant, cet ouvrage et son auteur gagnent à être connu.
C'est un policier avec une très bonne intrigue même si j'avais entrevue la fin une certaine de pages avant le dénouement mais ça n'a pas gâché mon plaisir pour autant. Une histoire solide à l'originalité de changer de narrateur à chaque chapitre, ce qui nous permet de découvrir une multitude de points de vue.
Mais c'est surtout la langue et le style de l'auteur que j'ai apprécié , je me suis retenu pour ne pas mettre trop de citations. Claude Courchay a le sens de la formule et pas mal de bon sens. Ça sonne juste et toujours actuel même si ça a été publié il y a pratiquement 40 ans.
C'est un plaisir de le lire et je n' hésiterai pas si je tombe à nouveau sur un de ses romans.
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Très bon livre, que je regrette de ne pas avoir lu plus tôt.
Claude Courchay, sait très bien retracer l'ambiance d'un tout petit village du sud et les personnages sont haut en couleur. Il les décrit tels que je pense qu'ils ont existé.
Je n'ai pas pu décrocher lorsqu'il ne me restait que 50 pages, je les ai finis d'une traite.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Le Petit, je le revois ce jour-là, il était rudement beau. Pas de la beauté de ces types que tu vois au cinéma, à force tu connais tous leurs tics, ça te fait autant d’effet qu’une enclume dans un cimetière de tanks. Lui, était beau parce qu’il était vrai. Il n’avait pas l’air déguisé. Il était comme nous, avec nos soucis et notre fatigue, et c’est pas la peine de se parler pour s’entendre quand on a eu mesuré une fois avec son dos que la terre est basse et qu’on a plus tôt fait de compter son argent que sa peine. Ce Petit, il était ce qu’on aurait pu être si on n’était pas des endormis de naissance. Ce n’est pas tant notre faute. On nous raconte qu’il faut courir après la sécurité. Total, on la paie cher. Une fois que tu l’as, ta sécurité, tu es fait comme un rat mort. Tu n’as plus qu’à vieillir.
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Quand cet abruti de Pivolo est allé le déclarer, il ne savait pas quel prénom lui donner . Normalement , c'est l'habitude de donner celui du père au premier fils . Pivolo , son prénom , c'était Germain . Pendant la guerre , ça ne paraissait pas trop indiqué . Alors la secrétaire de mairie a proposé Noël , vu l'époque . Va pour Noël ... Comme il était le seul gosse au Mas , tout le monde l'appelait le Petit . P. 19
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Elle , elle dort comme une marmite . Le jour où les Russes s'amèneront , elle ne les entendra même pas . Parce que j'ai confiance , ils viendront .Ils ont 50000 tanks et pas de blé .Ils ne vont sûrement pas troquer leurs tanks contre des biscottes , ou en faire des moissonneuses-lieuses . Non , un jour , ils vont foncer dans le tas , droit sur l'Atlantique . P. 9
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Des noms qui étaient là depuis toujours. Ils ont réussi à les déraciner. Tous des noms de chez nous... Des Malaval, par exemple, il n'y en a plus. Leur ferme a été reprise par des hippies, qui font des fromages pure fièvre de Malte, avec leurs chèvres. Et des tapisseries.
Si le père Malaval voyait ça, il se flinguerait. Ses terres sont retournées à l'abandon.
Avant, ici, peu que peu, les anciens arrivaient à gagner leur pain, en s'acharnant. Ça ne paraît pas vrai, et pourtant. À présent, la terre, ce n'est plus au paysan à décider ce qu'elle doit devenir, c'est à ceux des ministères.
Nous, nous sommes de pauvres types, nous ne savons rien de rien. Et je suis là, à ruminer... Non, je ne suis pas agressif... Disons que je m'y perds un peu.
Ce village, il existe encore. Si on veut. C'est devenu une crèche. Nous sommes restés là, à quelques-uns, comme des santons. Le Petit Jésus, nous ne l'attendons plus. Nous n'y croyons plus. Nous ne croyons plus à rien.
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Je n'ai pas eu le temps de comprendre. Je n'ai pas eu de vie. J'étais gosse quand c'est arrivé, pas tellement déluré pour mon âge. On m'as mis entre parenthèses. Et puis rien. J'ai l'impression de camper dans ma vie, à côté de l'enfant que j'étais. Ce n'est pas comme si j'avais un frère plus jeune et que je me retrouve dans sa place encore chaude. Non. Ce gosse que j'étais est mort. Sa mort me regarde. Il est mort, et personne ne l'a enterré. Tant que je n'aurai pas fait ce que je dois faire, il n'aura pas la paix, et moi non plus.
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