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EAN : 9782908551358
96 pages
Mosquito (30/11/-1)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Au Congo, plus de cent rebelles Rwandais, les Hutus, ont été retrouvés massacrés, chaque tête figée sur des pieux de bambou. Les Etats-Unis s’intéressent à l’affaire sordide, car un satellite a découvert que les pieux étaient disposés de façon à laisser apparaître un nom : « Devilin ». Ce nom est celui d’un ancien militaire américain qui avait fait une mission au Zaïre juste avant l’accession au pouvoir du dictateur Mobutu. Devilin constitue une équipe de tueurs pro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai lu cet album sur les conseils d'un ami. Graphiquement, c'est très particulier : c'est un travail autour du noir, c'est une distillation d'encre, épaisse par moments, lumineuse à d'autres. On côtoie la notion de pointillisme en noir et blanc. Quel en Seurat le résultat ?
Il faut chercher les formes pour comprendre parfois le sens de certaines planches, et pourtant les expressions des visages semblent évidentes. le cadre, le Zaïre à la géographie tourmentée, se prête bien à l'immersion car de l'eau né le Congo et son atmosphère étouffante : magie, animisme, sida et groupes armés.
Lumumba, Mobutu, Kabila, ils sont tous là en toile de fond, toile noire sur fond blanc bien sûr. J'avoue avoir peu goûté les explications politiques autour de ces leaders et leurs affiliations politiques.
C'est le côté onirique qui en fait un album particulier, même Si, Gnac (difficile à placer autrement) la politique est la clef de cette histoire. On y croise des personnages qui font obscurément référence à un équivalent africain du Kurtz, et même du Willard d'apocalypse now... Je l'ai Luce et compris (est-ce si sûr ?) comme un hommage à Conrad.
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Au bout du fleuve Zaïre
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Ce tome regroupe les 4 épisodes de la minisérie initialement en 1999, dans le label Vertigo de l'éditeur DC Comics. Ils ont été réalisés par le scénariste Scott Cunningham, le dessinateur Danijel Žeželj, et le coloriste Lee Loughridge, avec des couvertures de Richard Corben. La présente édition correspond à la version française qui est en noir & blanc, sans les couvertures de Corben. L'éditeur Mosquito s'était lancé dans la publication de l'intégrale des oeuvres de Žeželj et il était parvenu à obtenir les droits de cette histoire.

Dans le parc national des Virunga en 1997 au Zaïre, un groupe de grands singes est en train de se reposer assis dans la forêt, quand ils entendent un bruit de branche brisée. Un groupe d'homme armés arrive, et ils ouvrent le feu massacrant les gorilles. L'un d'eux s'allume une cigarette et la met dans la bouche d'un primate pour se marrer. Il y a un bruit de petite branche cassée, et le braconnier est comme aspiré dans les branches au-dessus de lui. Puis un deuxième. Puis le troisième alors que du sang commence à dégouter. Sept jours après dans une salle de réunion à Langley en Virginie, un gradé explique la situation à une douzaine d'agents. Il montre une photographie projetée au mur sur laquelle on voit trois pieux de bambou dans une clairière, chacun surmonté de la tête d'un des braconniers. Trois soldats Hutu, de ceux qui dirigeaient les camps de réfugiés au Zaïre. Les pieux sont disposés avec soin, alors que les têtes ont été violemment arrachées. Les corps restent introuvables. L'intervenant continue. Pour les États-Unis, les guerriers hutus ont toujours été un atout. Leur petit gouvernement exilé à la frontière rwandaise a permis de déstabiliser la zone, le genre de chaos sous contrôle, que les États-Unis encouragent. En 94, plus de deux millions de hutus se réfugièrent en une nuit dans la jungle. Ayant perdu la guerre contre les tutsis au Rwanda, ils ont dû bouger leurs fesses. Les tutsis voulaient du sang après le génocide orchestré par les leaders hutus. Là-bas, les guerres tribales riment avec épuration ethnique.

L'intervenant poursuit : suite à la disparition des trois soldats hutus, une expédition est partie à leur recherche. Elle n'est jamais revenue. Ces cent huit soldats ont fini par être retrouvés, enfin juste leur tête, toutes au sommet d'un pieu de bambou dans une clairière. Mobutu soutient les hutus et les États-Unis soutiennent Mobutu. Mais si un adversaire s'avérait une menace sérieuse, les États-Unis seraient obligés de reconsidérer leur position au Zaïre. Comme c'est l'Afrique, on pourrait penser que ce rituel sanglant est un coup de Kabila pour effrayer l'ennemi, sauf que par pur hasard un satellite a découvert que les pieux sont disposés selon un schéma précis qui forme un mot ou plutôt un nom : Devilin. Devilin DuPaul se lève et sort de la salle. Deux jours après, il est à bord d'un petit avion militaire qui va se poser à Kinshasa, accompagné par trois militaires. Thomas Glass le noir, spécialiste de la gâchette, Toni Lin asiatique et sniper, et un ancien combattant du Salvador.

En 1993, l'éditeur DC Comics officialise la réalité de plusieurs séries destinées aux adultes, avec la création d'un label appelé Vertigo. Au sein de ce label, se trouvent des séries indépendantes de toutes autres, des histoires courtes également indépendantes, et des séries de personnages dont la propriété intellectuelle appartient à DC, mais qui ont migré vers Vertigo, comme Swamp Thing ou Doom Patrol, ou d'une manière un peu différente Sandman. de temps à autre, l'éditeur donne le feu vert pour la migration d'un autre de ses personnages. C'est ainsi que Congo Bill bénéficie de la présente minisérie, qui ne nécessite aucune connaissance préalable du personnage. Ce dernier a été créé en en 1940 par Whitney Ellsworth & George Papp, et ses aventures ont été publiées de 1940 à 1960. Avec la séquence d'ouverture, le lecteur comprend que c'est ce grand singe Congo Bill animé par l'esprit d'une être humain, William Glenmore, qui a massacré les 3 soldats, puis les 108 autres un peu plus tard. Cela découle tout simplement du titre. En revanche, il ne s'attend pas forcément à l'exposé de géopolitique de la scène suivante.

Le scénariste a décidé d'inscrire son récit dans la réalité de la situation politique du Zaïre et de la République Démocratique du Congo à cette époque, avec le spectre du génocide des Tustsis au Rwanda qui a eu lieu du 7 avril au 17 juillet 1994. Il vaut mieux que le lecteur soit familier de cette situation avant d'entamer sa lecture. Tout d'abord l'exposé de l'intervenant est très lacunaire, et les remarques des personnages par la suite le sont tout autant. Pour saisir le contexte, le lecteur doit donc être familier des grandes lignes de l'histoire du Congo Belge, pouvoir situer Joseph-Désiré Mobutu / Mobutu Sese Seko président de la République Démocratique du Congo, de 1965 à 1997, Laurent-Désiré Kabila (président du Congo de 1997 à 2001), Patrice Lumumba (1925-1960), homme d'État congolais, ainsi que le génocide des Tutsis par les Hutus. Sous cette réserve, il peut alors saisir les enjeux politiques, et comprendre ce que représente la mission de Devilin DuPaul à Kinshasa, puis dans la jungle. Il établit alors le parallèle avec Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola. La structure de l'intrigue est similaire, sans que le déroulement soit identique. Il y a par exemple un passage au cours duquel DuPaul et ses soldats sont sur un bateau remontant le fleuve Zaïre, mais sans qu'il ne survienne les mêmes événements que lors de la remontée du fleuve Nùng par la capitaine Willard. Cunnigham n'est ni Joseph Conrad, ni Coppola, mais il parvient à développer la métaphore des États-Unis incarnés par Devilin DuPaul qui doivent revenir sur le site de leurs opérations et se confronter aux conséquences de leur ingérence.

En 1999, Danijel Žeželj a déjà une dizaine de bandes dessinées derrière lui et une personnalité graphique bien affirmée. D'un côté, le lecteur regrette un peu que la taille des pages ait été réduite d'un centimètre en hauteur et en largeur par rapport au format comics original, ce qui tasse un tout petit peu les dessins. D'un autre côté, il est plutôt satisfait que cette version soit en noir & blanc, sans les couleurs de Lee Loughridge, malgré les qualités de ce professionnel, car l'artiste joue beaucoup sur les contrastes entre des zones de noir solides et le blanc de la page. Pour le coup, il met en oeuvre une vision d'artiste, à la fois en tant que réalisateur et directeur de la photographie. Son parti pris esthétique apparaît dès la première page, avec la silhouette des arbres et des tiges de bambou, et la silhouette massive des gorilles avec leur regard humain, ainsi que l'intense lumière qui semble effriter la dureté des contours. Lorsque les trois soldats viandards arrivent, ce ne sont que des silhouettes en contre-jour, avec l'éclat du canon de l'arme à feu gommant une partie de leur silhouette. Comme d'habitude avec les pages de cet artiste, le lecteur éprouve la sensation qu'il a sculpté ses personnages et ses décors au burin, pour obtenir un effet expressionniste, de formes primordiales, essentielles. Les visages sont fascinants dans leur aspect brut, sans fard, énigmatiques, ne révélant que peu de chose sur l'état d'esprit, et rien sur les pensées intérieures. Les individus deviennent indéchiffrables, insondables, avec une force de caractère singulière. le calme apparent de Thomas Glass n'est pas identique à celui de Toni Lin : le sien est étudié grâce à une grande capacité de contrôle de lui-même, celui de Toni semble plus naturel.

D'un côté, le lecteur constate bien qu'il s'agit uniquement d'encre noire sur du papier, déposée par des coups de pinceau. de l'autre côté, il s'en dégage une force émotionnelle irrésistible qui implique le lecteur avec intensité. Il frémit en voyant le massacre des grands singes. Il ressent le même malaise que Thomas Glass quand il repense à l'assassinat qu'il a mené à bien, mais en tuant par mégarde un enfant, ce qui le hante. Il ressent son mélange d'amusement et d'intérêt lors de la séance de divination du futur avec la sorcière, ainsi que son cynisme quand il fait le compte de ce que cela lui a coûté. Il voit l'altérité des crocodiles, des sauriens qui n'ont rien de commun avec la race humaine, une force de la nature étrangère et terrible. Il est choqué par le décalage visuel entre Toni en bikini plongeant dans la piscine, et l'exécution sommaire qui se déroule à quelques mètres de là. Il ressent la force primale de Congo Bill quand il apparaît en entier dans le dernier épisode, une force spirituelle, une facette de l'âme de l'Afrique, sans aucune connotation colonialiste, sans une trace de condescendance occidentale.

Lors des presque 30 ans d'existence de la ligne Vertigo, de nombreux projets sortant de l'ordinaire ont vu le jour, souvent très réussis. Ici, le scénariste a l'ambition de mettre les États-Unis face à leur responsabilité dans les massacres en Afrique, à la suite d'une politique extérieure interventionniste. Pour ce faire, il se calque sur Apocalypse Now pour la structure de son récit, sans le même génie narratif, ni la même profondeur, mais en réussissant à tenir la métaphore tout du long de l'intrigue. le récit acquiert plus de consistance grâce à la mise en image expressionniste de Danijel Žeželj, évitant le regard occidental sur l'Afrique, pour une narration visuelle moins littérale. En revanche, le récit peut paraître parfois un peu décousu si le lecteur n'est pas familier du contexte géopolitique et historique.
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Fin des années 90 au Zaïre, ça commence sur une scène de braconnage où le gibier ne sera pas finalement celui qu'on croit. Au point que la grande Amérique s'en mêle et envoie un commando. Plusieurs thèmes se mêlent dans ce roman graphique, les guerres ethniques en Afrique, l'ingérance des puissances étrangères, les relents de colonialisme, la sorcellerie.
Le scénario est solide, le dessin tout en noir et blanc convaincant. Laissez vous tenter, vous ne devriez pas le regretter.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Voter, tu connais ?
- J'ai voté pour Patrice Lumumba en 1960, mais les américains ne l'ont pas accepté. Il était socialiste, le reste c'est de l'histoire, celle de Mobutu. Chez vous, ils ont trouvé un mot pour sa politique : kleptocratie. Prendre à beaucoup et redonner à très peu.
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Putain, sans je ne sais quel aïeul ramené les fers aux pieds vers la belle Amérique, je serais peut-être ce pauvre gars aujourd’hui.
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Toni a raison, je ferais facilement couleur locale ici. Putain, sans je ne sais quel aïeul, ramené les fers aux pieds vers la belle amérique, je serais peut-être ce pauvre gars aujourd'hui.
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