Au plus près du peuple

L'avantage avec les disciplines dites « sciences humaines » c'est que ce ne sont pas des sciences exactes et donc chacun peut donner sa propre interprétation d'un sujet sans risquer un démenti cinglant à base de preuves irréfutables.
Rémi Dalisson a choisi de traiter des voyages de Napoléon III à travers le prisme du populisme et de la propagande, mais uniquement dans un sens. Pour lui pas de thèse-antithèse, ni d'enquête à charge et à décharge… tout ce qu'a pu faire Louis-Napoléon Bonaparte, Président de la République (1848-1852) puis Empereur des Français sous le nom de Napoléon III (1852-1870), a été fait par populisme et pour sa propagande. Exemples :
- Création de près de 17 000 kms de lignes ferroviaires en 21 ans : modernisation sociale et industrielle ? Non, Populisme et Propagande !
- Création d'industries, de ports, … : modernisation sociale et industrielle ? Non, Populisme et Propagande !
- Secours aux sinistrés et indigents : action sociale ? Non, Populisme et Propagande !
- Création du premier statut des cheminots : action sociale ? Non, Populisme et Propagande !
- Etc, etc, etc… Tout est de la même veine.
Ce parti pris, assumé par l'auteur, est d'autant plus lassant qu'il l'amène à se répéter très (trop) fréquemment.
Napoléon III a commis bien des erreurs, des forfaits même, mais il faut lui reconnaître quelques mérites dans la modernisation de la France de la seconde moitié du XIXè siècle. Il a usé et parfois abusé de propagande mais c'était sur la base d'un bilan avéré, d'action menées. La propagande a suivi les actes, elle ne les a pas amenés.
L'image de Badinguet ne souffrira pas de cet ouvrage, n'est pas Victor Hugo qui veut !
Je n'en remercie pas moins "Masse Critique" et Vendémiaire de m'avoir fait connaître cet auteur et son livre.

Dans ce livre, Rémi Dalisson rapproche les déplacements des membres du gouvernement en régions aux déplacements de Louis-Napoléon Bonaparte. le caractère très encadré de ces déplacements - rencontre avec les représentants des administrations déconcentrées de l'État, les élus, les notables, etc. - y trouve d'ailleurs sa source. Pour asseoir son pouvoir, Louis-Napoléon Bonaparte - dans une démarche populiste visant à mettre en scène son lien avec les Français - parcourt la France dès son élection à la présidence de la République. Ces visites sont très ritualisées et visent à mettre en scène un dirigeant moderne – le train – ou à l'écoute de l'ensemble de ses sujets – visite de l'Algérie française. Les doléances y sont strictement soumises à un ordre protocolaire – comme de nos jours - malgré un dispositif visant à attirer sur le chemin de la famille impériale un maximum de personnes pour l'acclamer. Une étude détaillée pour les amateurs d'histoire et de sciences politiques.