Daphné du Maurier est une grande nouvelliste, autant qu'une grande romancière. On connaît surtout « Les oiseaux » qui inspira
Hitchcock, mais elle a publié plusieurs autres nouvelles tout aussi prenantes et inquiétantes. le Point de rupture ne semble plus édité en français, mais c'est le genre de livre qu'on retrouve dans un grenier ou une maison de campagne, et il en vaut la peine.
Dans ce recueil j'ai été très marquée par la nouvelle « Les lentilles bleues », où une jeune femme nommée Marda West se retrouve bloquée sur un lit d'hôpital pour se remettre d'une opération aux yeux. Elle dans une situation d'impuissance, d'autant plus qu'elle est temporairement aveugle, à l'affut des voix qui l'entourent. Elle note que son mari passe plus de temps à parler à voix basse avec une des infirmières qu'à s'occuper d'elle, et que l'infirmière en question la gave de morphine ; elle ne dit rien, mais l'atmosphère devient légèrement paranoïaque. Et puis un jour on lui met des lentilles bleues (bleues comme le blues…) en attendant de récupérer une vision normale ; et la paranoïa s'intensifie, car à travers ses lentilles Marda voit les gens tels qu'ils sont, avec des traits animaux ! Certains sont de paisibles herbivores ou des chiens enthousiastes, d'autres des prédateurs ou des serpents… Je vous laisse découvrir à quoi ressemblent son mari et l'infirmière, et ce qu'elle voit d'elle-même dans le miroir...