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Véronique David-Marescot (Traducteur)
EAN : 9782909589183
173 pages
Interférences (05/03/2009)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Un soir de Noël, un savant solitaire hanté par un douloureux passé reçoit la visite d'un fantôme qui lui propose d'effacer de sa mémoire tous ses mauvais souvenirs et de lui accorder le pouvoir de faire oublier leurs souffrances à ceux qu'il approchera.
Mais le héros ne tarde pas à comprendre qu'il s'agit là un cadeau empoisonné : à son contact, les gens qu'il croyait aider changent de caractère et de comportement. En perdant le souvenir de leurs souffrances,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Monsieur Redlaw est un professeur de chimie. Tout en lui rappelle un homme hanté : son physique gris, son comportement sombre et réservé, sa voix d'outre-tombe. Son attitude sinistre va même jusqu'à donner à la pièce où il se tient un caractère hanté. Il vit dans une habitation sombre, écrasée par la ville « vieille partie en retrait d'une ancienne fondation pour étudiants ». Dickens en donne des détails travaillés et sublimes, à retenir son souffle, car les phrases sont bien étirées et demandent une attention pointilleuse. Mais quel talent, quelle verve époustouflante qui semble ne jamais se tarir ! Il nous décrit également cette heure du crépuscule où le froid mordant se fait si lourd au dehors.

La logeuse Milly, dont son mari ne tarit pas d'éloges, apporte le repas de Noël au morne chimiste. Mais ce dernier ne se défait pas de son air spectral et ne voit en ce jour rien d'heureux à célébrer. L'auteur introduit alors un autre personnage, le beau-père de Milly, quatre-vingt-sept ans, et qui ne semble avoir que des souvenirs heureux, laissant Redlaw rêveur. le vieillard est là, radotant ses souvenirs, pour nous démontrer que de nombreuses choses passées doivent au contraire être célébrées en ce beau jour de Noël.
Dickens joue alors sur les ténèbres qui s'épaississent, sur le côté sombre qui s'accentue pour donner naissance à une ombre entrevue à la lueur de la faible flamme qui vacille dans la cheminée. Et cette ombre est un fantôme, l'écho de sa vie, qui vient parler à l'homme des douleurs de son passé, de ses souvenirs lourds à porter, de toutes les afflictions qui le rongent encore. Il lui propose alors un curieux marché : effacer les blessures passées de sa mémoire et faire de même autour de lui. Mais occulter les mauvais souvenirs engendre malheureusement une modification du comportement, effaçant toute empathie et bienveillance chez les personnes côtoyées.

Ce conte philosophico-psychanalytique, relativement exigeant à lire et à comprendre, est une profonde réflexion sur la mémoire des êtres dans leur devenir. Dickens y mène une analyse sur l'effet des écueils que chacun rencontre au cours de sa vie. Redlaw souhaite occulter ses mauvais souvenirs mais Milly, pleine de compassion, le confrontera à un jeune étudiant pauvre afin de l'inciter à remettre en question son rapport au passé.
On verra apparaître d'autres personnages, comme un enfant loqueteux et une famille nombreuse dans son logis exigu dénonçant la pauvreté et l'indifférence inhérente à cette époque victorienne.
Avec du recul, on s'aperçoit que chaque personnage découle sur une image précise que l'auteur a voulu véhiculer afin d'étayer la morale qu'il nous sert en fin d'ouvrage.

À mon avis pour un conte de Noël, ce n'est pas un conte facile à appréhender même si son final nous offre un spectacle enchanteur.
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Je crois que L'homme hanté est mon conte de Noël préféré de Dickens.
C'est celui en tout cas qui me laisse la plus forte impression et la plus vive émotion.
L'homme hanté c'est M. Redlaw, un enseignant chimiste qui vit dans un ancien bâtiment d'étudiants sombre et décrépi, mais où il est très apprécié par ceux qui le connaissent pour sa bienveillance et son altruisme. Seulement M. Redlaw est hanté...au sens propre comme au sens figuré. Hanté par ses souvenirs tristes qui lui reviennent sans cesse à l'esprit et lui rappelle ses douleurs passées, et également hanté par une espèce de fantôme qui se présente à lui (à la fois réel et figure allégorique de ses démons intérieurs).
Il est tourmenté à tel point qu'il souhaite se débarrasser définitivement de tous les mauvais souvenirs de sa vie, tous les tords et afflictions qu'il a connu. le fantôme lui propose ce marché et Redlaw accepte.
Seulement son don viendra avec une malédiction ; celle de la propager. Tous ceux qu'il touchera auront eux aussi leur pire souvenirs effacés.
Alors présenté ainsi on pourrait se dire tant mieux ! Qui n'en serait pas plus heureux ? Mais ce qu'on va découvrir c'est que lorsque les gens perdent ce qui les a forgé, ce qui, même dans le mal, fait leur essence... ils ne sont plus les mêmes. Dickens nous enseigne que de la douleur vient la compassion, que du tord vient le pardon, que du mal vient le bien et que de la lutte vient la force.
Rarement en lisant un livre je me suis posé autant de questions sur moi même et sur la vie. Est-ce vraiment ce dont on a été blessé qui nous rend apte à être sensible ? Je ne sais pas. Je me pose toujours la question.
En tout cas, ce récit est l'un des plus beaux récits de Noël que j'ai lu. Et l'un des plus fort récits philosophiques. Les autres personnages autour de Redlaw sont tous attachants et apportent chacun un aspect supplémentaire à l'histoire. Ils vont d'ailleurs lui permettre de comprendre et de cheminer.
Mention spéciale pour Milly, personnification de la bonté puisée au coeur des souffrances.
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"Oui ! Je VEUX oublier mon chagrin, les torts qui m'ont été faits, mon affliction !"

L'amnésie comme remède au mal-être, c'est ce que propose un lugubre spectre au vieux chimiste Redlaw. Mais oublier ce qui nous a fait souffrir, n'est-ce pas nier par là-même les douleurs et les tourments des autres ? Que faut-il faire de ces ‘'traces'' de notre humaine condition ? Les effacer ? Les désavouer ?

Cet apologue de Noël, qui fait vaguement écho à des problématiques actuelles (négationnisme, décolonisation de l'espace public, censure identitaire, cancel culture...), reste trop attaché aux principes qu'il défend pour nous toucher.

Personnages abstraits, atmosphère charbonneuse, écriture empesée, le conte (en rien A Fancy for Christmas-time, comme l'annonce le romancier) est désespérant de noirceur. Même la douce Milly, qui sauvera le monde de l'oubli dans lequel il plonge, ne parvient pas à nous émouvoir : une idée ne fait pas un personnage.

Un instant d'éclipse pour le génial Dickens.

"Seigneur, que verdoie ma mémoire !"
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Tout-le-monde disait qu'il avait l'air d'un homme hanté. Et je me bornerai à revendiquer pour tout-le-monde qu'en cela il avait raison : l'homme en avait bien l'air.
Qui donc eût pu voir ses joues creuses, ses yeux caves et brillants ; sa forme vêtue de noir, indéfinissablement sinistre en dépit d'une tournure élégante et bien proportionnée ; ses cheveux gris tombant le long de son visage à la manière d'algues enchevêtrées — comme s'il eût été, tout au long de sa vie, solitairement en butte à l'érosion et aux coups du vaste océan de l'humanité —, qui donc eût pu voir cela sans dire qu'il avait l'air d'un homme hanté ?
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« Philippe! dit Redlaw, posant la main sur son bras, je suis un homme éprouvé sur lequel la main de la Providence s'est abattue lourdement, encore qu'à juste titre. Vous me parlez, mon ami de choses que je ne saurais suivre ; ma mémoire m'a quitté.
— Bonté divine ! s'écria le vieillard.
— J'ai perdu la mémoire des chagrins, des tords soufferts et de l'affliction, dit le chimiste, et avec cela j'ai perdu tout ce dont un homme voudrait se souvenir ! »
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Vidéo de Charles Dickens
"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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