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EAN : 9782262047818
250 pages
Perrin (11/05/2017)
3.89/5   9 notes
Résumé :
Byzance, à en croire la Désencylopédie en ligne qui parodie ironiquement Wikipédia, " est un truc que personne ne connaît, dont personne n'a rien à faire, et qui a pour principale propriété d'être incroyablement compliqué et ennuyeux ". C'est évidemment une plaisanterie, mais qui correspond à ce que beaucoup pensent sans oser se l'avouer. L'objectif de cet essai vise donc à porter un autre regard sur Byzance et à souligner la modernité d'un empire qui, pendant un mi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Byzance la secrète. le titre est bien choisi tellement il reflète l'ignorance mâtinée « d'allégorie de la décadence » (c'est de l'auteur) que j'en ai. La ville et l'empire jouent presque toujours les seconds rôles dans les livres d'Histoire ou les romans. Les livres qui lui sont consacrés sont relativement rares. Évidemment le sujet m'attire, entre lien avec l'antiquité romaine et exotisme proche oriental.

Pascal Dayez-Burgeon nous propose un livre très agréable, où les chapitres se concentrent sur les moments importants en expliquant les tenants et les aboutissants. Il utilise beaucoup l'analogie historique avec des situations plus connues ; une façon de mieux nous rapprocher de la ville et aussi de rappeler que l'Histoire est souvent composée de variations sur quelques thèmes. L'auteur rapproche ainsi les Verts et les Bleus byzantins qui supportaient leur couleur à l'hippodrome aux supporters du Real Madrid ou de Manchester, avec un hooliganisme similaire. La construction de la basilique Sainte Sophie en tant qu'acte de contrition après les massacres des révoltés de 532 est comparée à celle du Sacré Coeur après la Commune. Et la cour d'Héraclius se reflète dans celle de Louis XIV, absolutiste, courtisane, à l'étiquette précise.

Certains chapitres permettent d'appréhender la grandeur de l'empire dans ses grands moments, naissante sous Constantin ou reconquérante sous Justinien et Héraclius. Ou la vie économique le long de la Mésè, dont parait-il les arcades de la rue de Rivoli se sont inspirées, explose de vie. Et cependant l'impression qui me reste du livre reste la mort annoncée, lente, inéluctable de cet empire, presque dès sa naissance. Ce sont peut-être les limites de l'exercice pour un auteur occidental : on ne peut échapper à cette vision. L'éloignement de Constantinople et de l'Occident lors de la guerre iconoclaste, le grignotage par la République de Venise et celle de Gênes, les exactions des Croisés en 1204 qui vont s'installer en tant qu'empereurs latins, la menace des Bulgares et bien sûr les huit cents ans d'affrontements avec l'islam. L'empire qui se réduit lentement comme peau de chagrin. Un siècle avant la chute la ville affiche déjà ses ruines (Gilles Chaillet l'avait bien montré dans un épisode de Vasco) et déçoit ses visiteurs comme Bertrandon de la Broquière. Les derniers empereurs recherchent le soutien de l'Occident, allant même jusqu'à vouloir mettre un terme au schisme entre catholiques et orthodoxes, mais il est trop tard. Et puis l'empire s'est trop orientalisé ; malgré l'inimitié, ottomans et byzantins se sont rapprochés comme des frères ennemis : l'auteur parle de guerre transformée en querelle de famille.

Le livre contient en milieu d'ouvrage de chouettes photos et reproductions de peinture bienvenues pour nous faire toucher de l'oeil cette civilisation. Evidemment, j'ai aussi beaucoup surfé sur Internet pour localiser telle ville ou voir telle basilique. Difficile de s'en empêcher de nos jours.
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Excellent!
La meilleure synthèse grand public à ce jour.
Le propos est clair, précis, bien documenté et l'écriture est plaisante.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Lorsqu'elle lui parvient, à l'été 1453, la nouvelle de la chute de Constantinople consterne l'Occident. On avait beau s'y attendre, on pleure sincèrement cette ultime oasis chrétienne qui avait échappé à tant de dangers depuis un millénaire qu'on finissait par espérer, sans y croire vraiment, qu'elle s'en tirerait toujours. Aux regrets se mêle la peur. Voilà près d'un siècle que le chat ottoman jouait avec la souris byzantine. Était-il repu maintenant qu'il l'avait enfin croquée ? Sans doute pas. Tout portait même à croire qu'après la nouvelle Rome, Mehmed le Conquérant chercherait à dévorer l'ancienne.
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L'emplacement de Byzance est exceptionnel... Quand on la découvre, la splendeur des lieux s'impose avec une telle évidence qu'on s'étonne qu'il n'ait pas été mis en valeur depuis la plus haute Antiquité.
La mythologie souligne ce paradoxe. Les premiers Grecs à s'installer dans la région, au VIIe siècle av. J.-C. semble-t-il, commencèrent par y fonder un comptoir dénommé Chalcédoine, mais situé juste en face de la future capitale, sur la rive asiatique. Quelques temps plus tard, quand il fut question de le transformer en colonie à part entière, le général Byzas, qui aurait, dit-on, navigué avec Jason et les Argonautes, se rendit à Delphes pour savoir où s'installer. "Face au pays des aveugles", répondit sardoniquement l'oracle. Et c'est ainsi que Byzas fonda Byzance là où elle se trouve ; au bon endroit.
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De plus en plus mal reliées à Constantinople, la Syrie, l’Égypte et l'Afrique se sentent pousser des ailes. La pression fiscale, qui, elle, ne se relâche pas puisqu'il faut bien financer la guerre, attise les rêves d'autonomie, sinon d'indépendance. Par habitude, les citoyens respectent l'empereur. Mais les contribuables, eux, sont prêts à s'en passer pour échapper à l'impôt. Et quand on se rend compte que le calife est bien moins gourmand que le basileus, on se fait rapidement une raison. La soumission religieuse naît de l'insoumission fiscale.
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En 1092, Alexis Ier a pris une mesure énergique. Dévalué par ses prédécesseurs, le "nomisma" ne valait plus rien. Il lui substitue "l'hyperpère", d'une valeur de 20 carats d'or, pratiquement équivalente au "nomisma" initial. Cette opération jugule l'inflation et rend son rôle international à la monnaie byzantine. Sous le nom de besant, l'hyperpère se répand largement en Occident. La France en a gardé le souvenir dans l'expression "valoir son besant d'or", que nous avons déformée en "pesant d'or".
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Mais si Sainte Sophie continue toujours à fasciner, c'est aussi parce qu'elle à fait école. Profondément originale au VIe siècle, la coupole d'Anthénius de Tralles et d'Isidore de Millet s'est imposée comme un classique... Les Turcs leur ont emboîté le pas, notamment Sinan (1489-1588), le grand architecte ottoman... Ses grandes réalisations, les mosquées du prince Mehmet, du pacha Rüstem ou de Süleymaniye sont autant d'hommages à Sainte Sophie, comme l'est également la Mosquée bleue, bâtie au début du XVIe siècle. Même chose en Occident où Saint-Marc de Venise (976) et Saint-Pierre de Rome (1506) ont été conçues en référence à Sainte Sophie de Constantinople.
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