La vindicte du Corbeau

"La Vindicte du Corbeau" est une uchronie sfiste de Philippe Deniel dans laquelle les Sylvidres d'"Albator" débarquent dans la France de Lady Oscar, ou dans laquelle les Taelons d'"Invasion Planète Terre" débarquent dans la France de Nicolas le Floch… pour un résultat qui ressemble pas mal au cycle sailpunk de l'auteur cajun Greg Keyes intitulé "L'Âge de la déraison" ou aux expériences littéraires de Johan Heliot qui a fait débarquer les aliens dans la France de Napoléon III avant de les faire débarquer dans la France de Louis XIV ! Avec leur extraordinaire maîtrise du vivant les extraterrestres végétaux ont mis fin à la crise agricole donc économique et sociale des années 1780, et la Révolution Française n'a finalement jamais eut lieu… Mais l'auteur part de l'idée que Louis XVI a quand même convoqué les États Généraux pour transformer la monarchie absolue en monarchie parlementaire avant de se lancer dans un conquête qui s'est conclut dans la terrible Bataille de Londres. C'est ainsi que Louis XVI règne sur la France grâce aux Mousquetaires Noirs (des cyborgs biopunks), que la France règne sur l'Europe grâce aux armes biotechnologiques fournies par alliés aliens et que dissidents conservateurs ou rebelles radicaux ont trouvé refuge outre-atlantique en en attendant l'heure de la revanche !
Louis XVI le Bien aimé meurt le 30 mars 1815, et la guerre de succession couve entre les deux fils du roi, l'un soutenu par le Premier Ministre Robespierre l'autre soutenu par le Premier Général Bonaparte, et c'est dans ce contexte qu'on suit les investigations du capitaine Thierry de Chambreuil, un Jack Bauer en dentelle qui avec son bras végétal fait équipe avec Thalie la dryade androgyne, les complots de son adversaire Nicolas de Favras qui lui fait équipe avec Tekoa le shaman huron (rebelles ou terroristes ?), et les mésaventures de la pauvresse Julie qui livrée à un nouveau Geoffrey Lannister remonte bien malgré elle la piste de leurs alliés traîtres au Royaume de France (remember "Les Mystères de Paris") !

Et bien, c'était vraiment pas mal du tout ! L'univers uchronique est bien bien troussé, les bonnes idées ne manquent pas et sont bien mises en scènes avec une intrigue qui suit tous les cades du roman feuilleton de cape et épée. Mieux encore tout cela dispose de suffisamment de marche de manoeuvre pour transformer un stand-alone en véritable serial (ou carrément en véritable feuilleton), et je serai ravi de retrouver ce monde imaginaire et ses personnages hauts en couleur…
Après je veux être force de proposition concernant l'avenir : il m'a semblé qu'on s'est un peu emmêlé les pinceaux entre Louis-Charles le Souffreteux et Louis Joseph le Batailleur (erreur de l'auteur ?) et entre Lisythéa et Lysithéa (erreur de l'éditeur ?), l'évolution de cette France uchronique m'a semblé être trop poussée pour ne pas avoir cédé quelques facilités, et malgré une structure en POVs la narration à la première personne de Thierry de Chambreuil vampirise le dramatis personae qui ne laisse plus guère de place aux personnages secondaires (d'autant plus qu'on cède à la tentation de placer moult célébrités dans un camp ou dans un autre, avec quelques « incohérences » car par exemple je vois mal Lafayette fidèle d'entre les fidèles de la famille royale passer à l'ennemi ou l'incorruptible Robespierre rallier la monarchie et s'adonner aux vils des games of thrones aristocratiques). C'est aussi dommage qu'avec un tel univers le récit reste quasiment cantonné à Paris et ses proches environs mêmes si ces derniers sont bien reconstitués… Pour finir l'illustration de couverture d'Axelle Bouet est d'autant plus réussie qu'elle est fidèle au récit, mais 15 euros pour un format assez proche du livre de poche ce n'est quand même pas donné d'autant plus que le récit fait moins de 300 pages : j'imagine bien les exigences et les contingences d'une Small Press, mais à ce compte-là une police d'écriture plus élevée et une mise en place plus aérée auraient pas été de refus ^^
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Nous sommes en 1815, 35 ans après l'arrivée des Dryades sur Terre. Bien que peu nombreuses, celles-ci ont chamboulé l'histoire en s'alliant au roi de France Louis XVI. Elles ont nourri et soigné le pays, apportés des armes végétales aux troupes françaises ce qui a permis au pays de vaincre ses adversaires (dont l'Angleterre) et de s'imposer toute puissante en Europe. Les croyants se sont détournés de l'Église Catholique pour révérer les Dryades dans une foi beaucoup moins coercitive. La révolution n'a pas eu lieu, Robespierre et Danton sont députés, Bonaparte sert le Roi à la tête de ses armées. le seul opposant à ce régime et aux dryades est Lafayette, allié aux Hurons en Nouvelle France.

Quand l'histoire commence, le roi vient de mourir, laissant 2 héritiers potentiels au trône, le choix se fera par l'Assemblée. Si ce conflit de pouvoir s'immiscera dans le récit, le récit se concentre sur un autre point, la disparition d'une « extension » de Cérès, l'ambassadeur des Dryades. L'enquête est confiée à un mousquetaire noir, Thierry de Chambreuil, au bras de bois et de sève, qui se fera aider de Dame Thalie, dryade de son état. Une quête qui les mènera face au Furet (brigand et assassin sadique), au Vicomte de Favras (bras droit de Lafayette), à Nashoba (shaman huron), mais aussi à des ennemis ancestraux des Dryades.

Philippe Deniel (nouvelliste émérite des Prix Mille Saisons, éditions le Grimoire) se replonge dans un monde qu'il avait esquissé dans la nouvelle « Nouveaux Alliés » (in La Cour des Miracles), reprenant également son personnage principal de Chambreuil. Cependant, il n'est nul besoin d'avoir lu cette nouvelle pour suivre cette histoire qui se déroule des années plus tard.

Le récit est prenant et l'histoire bien que se complexifiant demeure claire. Seule la mort de Monsieur de Réal m'a posé problème, car elle passe si inaperçue au début que lorsqu'elle est évoquée par la suite, j'ai dû retourner plusieurs pages en arrière pour retrouver ce mort (non nommé alors). Ce sera mon seul bémol (avec quelques coquilles) de ce roman.

J'ai vraiment apprécié cet univers alternatif de 1815 où l'on retrouve de grandes figures de notre histoire dans des rôles quelque peu différents. Loin de l'héroïc fantasy, ce récit de cape et d'épée à la noblesse et la courtoisie que l'on idéalise de cette époque.

L'apport d'une tradition indienne, même seulement effleurée, est un plus du récit. Mais c'est l'univers des dryades qui apporte une richesse incontestable au roman. Elles ne sont pas des créatures de fééries, mais un peuple végétal extraterrestre. L'intelligence de leur structure sociale, de leur mode de vie et de leur communication, mais aussi de leurs aptitudes nous éloigne des sentiers battus. Philippe Deniel a su créer un peuple original et passionnant sur lequel nous en découvrons un peu plus à chaque page.

Dame Thalie en est une digne représentante, mais nous découvrirons quelques autres personnalités de ce peuple, loin d'être aussi monobloc qu'il pourrait le sembler. Personnellement, je les trouve même inquiétants.

Le panel de personnages apporte un ensemble d'individus plus que correct. du perfide Furet que l'on aime détester, à Danton plus ambiguë, en passant par la forte Marie ou au personnage principal de Chambreuil, c'est autant d'individualités qui interagissent dans ce plan complexe.

Histoire intéressante, univers enthousiasmant, écriture agréable et personnages ensorcelants, que demander d'autres ?

Quant à l'épilogue, pas spécialement utile à mon sens, à le mérite de nous dire qu'une suite est envisageable, voire envisagée…

À découvrir aux éditions Pulp Factory
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Voici une aventure de capes et d'épées fichtrement bien racontée.
C'est une uchronie façon "Les lames du Cardinal" de Pevel.
La lecture est fluide, le déroulement de l'intrigue est classique (on n'est jamais perdu, on comprend vite qui va vivre, qui va mourir, qui va trahir) mais efficace.
Les personnages fictifs sont attachants et le traitement des figures historiques (Danton, Robespierre, Napoléon) est plein de surprise. On se laisse facilement entraîner dans cette histoire d'extraterrestres végétaux mêlés aux intrigues de la cour de France.
Petit souci : les problèmes de typo. Des "s" oubliés, des pronoms doublés, des coquilles diverses... Qui se multiplient au fur et à mesure que défilent les pages. Sur les derniers chapitres, on arrive à presque une coquille par page. A force, ça m'a fait sortir de la lecture... Dommage.

Roman de science fiction , La vindicte du corbeau lorgne également du coté de la politique-fiction. En 1780, les Dryades, une race extra terrestre, font alliance avec Louis XVI transformant ainsi le royaume de France en super-puissance. Fini (entre autres) les inégalités et la famine. Sur le plan militaire, la France envahit même l'Angleterre. Point de révolution en 1789. le couple royal sera aimé de son peuple jusqu'à la mort de Louis XVI en 1815. Une seule ombre au tableau : le traître Lafayette, exilé outre-Atlantique, espère grâce à la magie ancestrale des Hurons renverser ce bel équilibre. C'est sans compter sur le mousquetaire noire Thierry de Chambreuil assisté de la Dryade Dame Thalie pour défendre les intérêts du Royaume.
Un bon livre.

Ici, on a affaire à une uchronie originale puisque foin de révolution, foin de république. Louis XVI reste au pouvoir grâce au pacte qu'il a signé avec les Dryades et ça nous permet de voir évoluer des personnages historiques (Robespierre, Danton et Bonaparte ) dans un autre contexte, une monarchie parlementaire de bon aloi . C'est assez jouissif.
L'histoire est complexe mais on ne s'y perd pas, le fil conducteur est solide comme son personnage principal, le mousquetaire noir, Thierry de Chambreuil un bio-cyborg un poil ronchon qui ne lâche pas le morceau. Les Dryades que Philippe Deniel a imaginé sont loin de la mythologie grecque, elles sont clairement SF et sont les vedettes assez fascinantes de ce roman. Une belle idée. Tout comme l'irruption de shamans et de guerriers Hurons en plein Paris.
Comme tout bon roman de cape et d'épée, La Vindicte du Corbeau comporte de nombreuses scènes d'action et des morceaux de bravoure avec un crescendo vers l'affrontement final. Un fait curieux, le méchant en chef, Lafayette n'apparaît que furtivement et comme la fin est ouverte, il est permis de penser qu'il se réserve pour une hypothétique suite.
Pour son premier roman, Philippe Deniel, talentueux nouvelliste, a choisi l'originalité et il s'en tire avec brio en réussissant à bien nous divertir avec cette belle uchronie SF.

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