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EAN : 9782130729846
128 pages
Presses Universitaires de France (13/04/2016)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Shakespeare est-il l'auteur de son oeuvre ? Était-il anglican ou crypto-catholique ? Royaliste, révolutionnaire ou simplement loyaliste ? Bisexuel, homosexuel ou hétérosexuel ? Misogyne ou féministe avant l'heure ? A quoi ressemblait-il réellement ? En partant d'idées reçues aussi naïves que répandues, Jean-Michel Déprats, le plus grand traducteur en français du dramaturge élisabéthain, tente d'affronter toutes ces questions. Dans ce tour d'horizon dense, mais à la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Volume un peu déroutant pour un Que sais-je ?, dans le sens où il ne se coule pas vraiment, voire pas du tout, dans le moule auquel nous a habitué la collection. On s'attendrait en effet à un ouvrage qui traite essentiellement des textes de Shakespeare. Je ne sais pas en quoi consistait la commande qu'on a passée à Jean-Michel Déprats, mais force est de constater qu'il a orienté son travail hors des sentiers battus, ce qui comporte à la fois des qualités non négligeables, mais aussi, forcément, des défauts.

Je dois dire que je me suis procuré ce livre les yeux fermés, tellement l'auteur m'avait paru passionnant, à la fois érudit et pédagogue sur le sujet, lors d'une émission de la marche de l'histoire sur la problématique de la traduction des textes de Shakespeare. Car Jean-Michel Déprats est traducteur, et, lorsqu'il traduit Shakespeare, il le traduit en ne perdant jamais de vue qu'il s'agit, pour l'essentiel, de théâtre. Il a donc toujours en vue la question de la mise en scène. Par conséquent, dans cet essai sur Shakespeare, il a opté pour un travail orienté en partie sur la traduction, la scène et la réception des pièces de Shakespeare en France.

Les premiers chapitres, soit la moitié de l'essai, se concentre sur des thèmes qu'on pourrait qualifier de conventionnels concernant Shakespeare : la biographie, très brièvement, le contexte historique, la scène élisabéthaine, les thématiques et motifs de l'oeuvre. On y trouve l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur Shakespeare ; c'est intéressant, clair, concis. Peut-être un peu trop concis, pour tout dire. Car un Que-sais-je ?, ma foi, c'est assez court, et lorsqu'on a un auteur de la qualité de Jean-Michel Déprats sous la main, on aimerait en savoir un peu plus. Or, le reste de l'ouvrage va ensuite être consacré à la langue et aux problèmes liés à la traduction. C'est là que l'ouvrage devient original, et, il faut bien l'avouer, particulièrement accrocheur. J'ai la sensation que l'auteur s'est appuyé sur son métier de traducteur pour concocter un livre qui, pour être destiné au grand public, n'en diffère pas moins de la littérature destinée aux étudiants qui pullule sur le sujet. Un choix judicieux et quelque peu audacieux. J'ajouterai juste un petit bémol : il n'est pas très aisé de comprendre le passage sur la versification, vu trop rapidement, alors que, dans La marche de l'Histoire, l'auteur s'était au contraire montré très précis et très clair à ce propos.

En revanche, je me suis montrée moins convainque par les chapitres suivants. Voulant aborder les thèmes des mises en scène françaises contemporaines - il aurait évidemment été impossible d'embrasser le sujet en s'appuyant sur les mises en scène du monde entier - et des rapports entre la France et Shakespeare au fil des siècles, l'auteur s'est sans doute montré un peu trop ambitieux dans le cadre d'un ouvrage aussi court. Aussi la question des choix de mises en scène relève-t-elle un peu du catalogage, de même que la suite se révèle bien moins passionnante que la thématique de la langue et de la traduction.

Par conséquent, je crois que l'ouvrage aurait peut-être dû, sans perdre de vue la question de la mise en scène, ô combien importante lorsqu'il s'agit de théâtre, laisser de côté la longue liste des mises en scène françaises et l'historique de la réception des pièces de Shakespeare en France, pour se consacrer davantage à ce qui constitue tout le reste de l'ouvrage. Je salue néanmoins l'effort de Jean-Michel Déprats, qui a tout de même tenté d'offrir au lectorat autre chose que ce qu'il a l'habitude de lire sur Shakespeare et qui signe un livre d'une qualité plus que correcte.
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Sonnet 59
If there be nothing new, but that which is
Hath been before, how are our brains beguil'd,
Which labouring for invention bear amiss
The second burthen of a former child.
Oh that record could with a backward look,
Even of five hundred courses of the sun,
Show me your image in some antique book,
Since mind at first in character was done,
That I might see what the old world could say
To this composed wonder of your frame;
Whether we are mended, or where better they,
Or whether revolution be the same.
Oh sure I am the wits of former days,
To subjects worse have given admiring praise.



Si rien n'est nouveau, et si ce qui est,
a été avant, nous nous leurrons
en trimant pour créer des nouveautés -
secondes naissances d'anciens rejetons.
D'aussi loin que cinq cent années solaires,
que d'un regard en arrière, les récits
montrent ton portrait dans des livres séculaires,
puisque l'esprit fut d'abord dans l'écrit !
Je verrais ce qu'a dit le monde ancien
en te voyant, si belle apparition;
étaient-ils mieux, sommes-nous devenu bien,
sommes-nous les mêmes malgré l'évolution ?
Je suis sûr qu'aux jours anciens, les lettrés
tressèrent à de pires sujets des lauriers.




































J'étais complètement défoncé,
ce type, Asmodée, que j'avais rencontré dans ce rade,
il m'avait donné cette dope…il m'avait dit,
‘prends là, tu oublieras toutes tes vanités',
je les ai oubliées,
je me suis oublié moi-aussi,
je n'avais plus mon anneau de pouvoirs
je n'avais plus mon anneau de pouvoirs
il l'avait pris,
il a pris mon corps, ma place,
et même ma mère,
il a couché avec elle,
Bethsabée, la plus belle des femmes de mon père,
je suis devenu le premier,
l'unique incestueux par procuration non consentie;
Je me suis retrouvé dans un trip infernal
sans plus aucune mémoire,
un ictus qu'il a déclenché…
en jetant mon anneau de pouvoirs dans la mer,
salopard…
je parcourais toute la ville
‘je suis le roi', c'est ce que je répétais
tous se moquaient de moi,
rejeté, moqué,
j'ai même supplié pour une croute de pain,
on me la jetait par terre dans les ordures,
alors je suis parti,
j'ai marché, longtemps,
je suis arrivé à Machkémam,
et j'ai été cuisinier,
moi, roi, cuisinier…
Naama m'a pourtant aimé,
mais le roi -qui était son père -
n'a pas aimé qu'elle m'aime, moi, le cuisinier,
lui aussi nous a chassé,
dans le désert,
sans rien qu'un morceau de pain,
une cruche d'eau,
et toi mon amour;
nous avons marché,
longtemps
et nous sommes arrivés dans un port,
nous avions faim,
j'ai péché un poisson,
Naama a trouvé mon anneau dans son estomac,
je l'ai reconnu, je l'ai remis à mon doigt, mémoire et pouvoirs me sont revenus
et j'ai chassé Asmodée, saloperie…
et je suis redevenu qui j'étais.



Ce poème est une divagation autour de Qohélet 1.12 ‘Moi, Qohélet, j'ai été roi sur Israël, à Jérusalem'
Mon Histoire est tirée du midrach et de la aggada du Talmud de Babylone réécrite au 17° siècle par un cabaliste Rabbi Naphtali ben Jacob Elhanan Bacharach.
Le thème de l'anneau qui restaure la mémoire se retrouve aussi dans un targoum du Cantique des Cantiques. On le trouve aussi en Inde dans la tragédie Abhijnana Shakuntala du poète Kalidasa (4-5°s) et dans les contes arabes sur Salomon (Soliman) qui aurait perdu son trône au profit d'un mauvais esprit Sakhr pendant 40 jours qui jette également l'anneau à la mer et Salomon le retrouve dans le poisson.

effleurements livresques, épanchements maltés http://holophernes.over-blog.com © Mermed
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les correspondances rigoureuses entre l'homme et l'univers dont les chapelets d'images tissent la trame étaient aussi l'un des fondements de l'idéologie de l'époque. Ainsi, la nature déchaînée ou le corps social enfiévré renvoient aux conflits internes de l'individu, en constituent le symptôme et la métaphore. À son tour, l'exploration de l'âme divisée, de ses contradictions psychiques, emprunte aux aventures des grands voyageurs et aux découvertes de l'époque son vocabulaire et ses images.
Ce n'est pas ce que cette vision a d'idéologique qui nous intéresse aujourd'hui. c'est, outre la qualité poétique d'un réseau luxuriant de métaphores, la richesse de texture d'un univers qui ne sépare pas l'homme de la société qui l'entoure ni du cosmos qui les englobe tous deux. De fait, les êtres imaginés par Shakespeare ne sont jamais retranchés de l'existence commune ; ils ne sont ni étrangers aux problèmes de leur temps ni soustraits à l'influence de la nature et du cosmos.
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Les bouleversements et les intempéries ne sont que le reflet des états d'âme. Tempêtes et tremblements de terre traduisent les passions tempétueuses des hommes comme dans Hamlet, dans Lear... ou dans La Tempête. L'homme lui-même, le microcosme, est comparé au corps politique. Ainsi, les différentes fonctions du corps sont analogues aux différentes fonctions dans l’État, d'où la nécessité de l'unité des classes nécessaires les unes aux autres, comme le démontre la fable du ventre que raconte Ménénius aux plébéiens révoltés dans la première scène de Coriolan. La raison est à l'esprit ce que le roi est à l’État ; les passions inférieures occupent la même place que la populace. Le débat dans l'âme humaine (par exemple dans Jules César) correspond au débat entre le roi et son conseil. Ainsi, le triomphe du sentiment sur la raison, déjà usurpation, peut être présenté à l'aide de diverses analogies.
Ces correspondances, prises au pied de la lettre, ont une grande force morale. Elles fonctionnent aussi sur le plan de la métaphore : l'écrivain dispose d'un système d'images immédiatement signifiant pour ses contemporains, bien que plus strictement poétique pour nous.
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Shakespeare se joue sur toutes les scènes du monde, en Italie comme en Allemagne, au Japon, en Inde, en Chine, dans toutes les langues, dans tous les festivals. C'est l'auteur dramatique le plus connu, le plus lu ; le plus commenté. Shakespeare, c'est le grand théâtre du monde par l'universalité de ses sujets, l'ouverture de champ de son œuvre, sa richesse thématique, son ambiguïté ou son relativisme critique, par sa réflexion constante sur le théâtre et la théâtralité, par la luxuriance de son verbe, qui appelle mais défie la traduction. Shakespeare fascine encore par ses intuitions sur la politique et sur la violence, par les aperçus vertigineux qu'il offre sur le refoulé et les zones sombres de ses personnages. Son œuvre embrasse tout, dans une langue éclatante et obscure, creusée d'abîmes et constellée de métaphores inédites et somptueuses.
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Le théâtre shakespearien est un grand théâtre réaliste : il met en scène l'histoire, les rapports des groupes sociaux, le pouvoir et ses représentants. À ce titre, il a toujours intéressé les tenants d'un théâtre politique. Mais sa singularité est de s'intéresser dans le même temps à la vie intérieure des individus, d'embrasser dans le même mouvement l'historique et l'humain, le public et le privé. Cette confrontation perpétuelle de l'individu et de la société, c'est, toujours selon Peter Brook, dans la liberté de mouvement de la scène élisabéthaine qu'elle a trouvé les conditions de son déploiement. Tout autant qu'à l'outil théâtral dont disposait Shakespeare, cette dialectique de l'intérieur et de l'extérieur renvoie à la vision du monde des élisabéthains, qui ne concevaient pas de rupture entière entre l'être et ce qu'il fait, entre l'homme apparent et l'homme intérieur.
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Malgré la périphrase bien connue désignant l'anglais comme "la langue de Shakespeare", Shakespeare n'écrit pas en anglais, mais dans un idiolecte poétique différant tout autant de l'anglais d'aujourd'hui par son obscurité, sa liberté créatrice, son lexique et sa syntaxe, que de la langue de ses contemporains. S'il a largement contribué à l'évolution et à l'enrichissement de sa langue maternelle, celle que son œuvre déploie peut être considérée, quoique creusée dans l'anglais, comme étrangère, tout à la fois proche et lointaine, morte et vivante, d'autant plus fertile qu'elle résiste à la compréhension, à la prononciation, à la traduction et empêche toute fixation du son et du sens.
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Vidéo de Jean-Michel Déprats
Rencontre autour de Shakespeare avec Jean-Michel Déprats et Anne-Marie Miller-Blaise. Rencontre animée par Véronique Béghain.
Retrouvez le livre : "Oeuvres complètes. Volume 8, Sonnets : et autres poèmes" https://www.mollat.com/livres/2502572/william-shakespeare-oeuvres-completes-volume-8-sonnets-et-autres-poemes
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