Une nuit de lune rousse, Alix s'échappe par la fenêtre : elle va devenir une bête sauvage. Quelle ivresse de respirer la forêt, de bondir souplement à travers les herbes hautes, de laisser pousser sa fourrure et ses griffes ! Pourtant, la vie sauvage, c'est aussi dur, rugueux, féroce…
Le glissement vers l'état de bête sauvage offre une métaphore de ces colères enfantines intenses qui peuvent s'emparer complètement des petit.e.s mais dont ils finissent par s'extirper une fois le moment passé. Dans la lignée de
Max et les Maximonstres de
Maurice Sendak ou de N'aie pas peur, Teddy ! Je te protégerai des bêtes sauvages de Martha Alexander, ces pages renferment une poésie de la bourrasque colérique qui donnent envie de tout laisser bouler, de se mettre en marge du monde, de s'abandonner à la rage. Mais aussi de la fatigue et de la souffrance provoquées par cet état, de l'apaisement trouvé lorsque l'on parvient à le surmonter.
J'ai aimé la manière dont la métaphore se double de réflexions sur ce que la « nature » peut avoir de magnifique et d'implacable. Et je suis fan inconditionnelle des couleurs fauvistes et de l'univers si singulier de
Marine Schneider (extrait disponible, comme toujours, via le lien ci-dessous).
En revanche, le texte, bien que très bien écrit, nous a semblé trop bavard. La thématique de la grosse colère s'adresse sans doute en priorité aux enfants jeunes, peut-être 2 à 4 ans, mais je crains que ces derniers ne s'impatientent lors des descriptions de la faune et de la flore de la forêt, des spirales de pensée d'Alix, des scènes oniriques qui se succèdent. Nous aurions aimé plus de simplicité dans la poétique et l'arc narratif. Dommage.
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