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3,48

sur 1463 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À la faveur de la sortie de son dernier livre que tout le monde semble déjà beaucoup apprécier, j'ai enfin réagi sur le fait qu'à sa sortie en poche j'avais lu «  baise moi ». Je me revois sidérée et effrayée par ce que je lisais, ayant a l'époque pourtant lu quelques pieuvres de Bataille, mais là autre chose était agissant qui me mettait mal à l'aise. Peut-être une telle absence de fioritures dans l'écriture, un livre tellement ancré dans le réel, trop près de nous. Il me reste un souvenir de malaise et de violence dont je ne savais que faire.
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J'avais envie de commencer ma chronique avec "un bonheur de retrouver Despentes" mais non, lire Despentes c'est pas un bonheur c'est une révolte ! C'est mon esprit, et mes idées qui travaillent à plein régime pour essayer de suivre le rythme et son "premier né", ce premier roman, n'a pas échappé à la règle.

On revient au Sujet avec un grand S : les femmes. Virginie Despentes a décidé que dans cette fiction la femme allait être follement libre, forte, agressive, et comme elle le souhaite ! Comme d'habitude, son style d'écriture m'a happé du début à la fin, je trouve l'écriture de cette autrice si atypique et dans le bon sens du terme.

Cette histoire est dure, je tiens à le préciser : on y parle de viol, un viol qui va complètement changer la vie de deux jeunes femmes, Nadine et Manu, un viol qui va fatalement les changer.
Mais on parle aussi de mort, et de violence.

Bref, tous les fameux "trigger warnings" sont au rouge sur ce roman qui remet les pendules à l'heure. Les femmes décrites dans ce roman sont complètement résignées par un monde dans lequel elles n'ont pas trouvé leurs places. Ces femmes sont malheureuses mais elles n'ont rien à perdre et cette histoire parle de leur révolte !

J'ai effectivement vu à travers l'histoire violente décrite, une façon d'exprimer cette révolte, certe violente, mais qui a le mérite de secouer pour de bon, et de nous ouvrir les yeux. Puisque, si une femme révoltée peut en arriver à cette extrême... N'y a-t-il pas un problème ? Un élément déclencheur ?

La narratrice du livre audio était tout à fait captivante. Son timbre de voix légèrement grave et nuancé convenait parfaitement bien autant aux scènes légères voire drôles qu'aux moments difficiles et violents. Merci encore à NetGalley pour cette opportunité de découvrir ce roman en livre audio 🤩
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*Baise-moi* était pour moi un film, que j'ai détesté. Réalisé avec des moyens amateurs, la mise en scène approximative ne laissait pas de place pour expliquer les actes ignobles des deux personnages.
Ensuite, j'ai lu et aimé Virginie Despentes et l'ai entendue dire qu'après *Baise-moi*, elle s'était calmée, ce qui m'a attiré étant donné le ton direct de ses écrits.
C'est avec plaisir et une certaine perversion que j'ai découvert la colère originelle de cette écrivain. Rien ne se justifie autrement que par la colère irrationnelle misanthrope des deux amies fraîchement rencontrées. Si je comprends qu'on puisse s'outrer de ces comportements outranciers, la parenté avec des écrits aussi bruts que ceux d'Hubert Selby Jr. (*La Geôle* et son sadisme sans limite) ou de Charles Bukowski (cité dans le livre), ou simplement le style très spontané sont tout-de-même assez clairs. Il s'agit d'une fiction support à l'exutoire pur d'une personne très en colère contre le monde.
C'est très poussé. le viol, le cul à outrance sont déjà une certaine entrée en matière, mais qui déjà pose un point de vue singulier sur ces questions. Ensuite, on tue tous les cons, ce qui n'est pas une leçon de tolérance. Puis on tue même un enfant gratuitement, pour la seule fierté de l'avoir fait. L'identification, si tant est qu'on puisse en avoir au début, s'évapore à mesure que le personnage double s'enfonce de plus en plus dans l'extrême non-pensée de ses actes. Elles visent finalement le suicide, seule échappatoire possible au bout de leur démarche.
Je ne pense en aucun cas que le lecteur est censé approuver ces actes. Au travers d'un livre court, Despentes dépeint toutes les raisons de conchier une société jusqu'à s'en extraire, les violences décrites étant des réalités. Puis à travers le choix de s'extraire, cette colère prendra des proportions qui dépassent l'entendement. Si cette violence n'est aucunement justifiable, elle est là pour résonner avec les violences sociales, tout aussi absurdes, brutales et gratuites. La violence des protagonistes n'est que la conséquence de leur vécu avant extraction du monde. La récolte de ce qui a été semé.
Autre intérêt, la question de l'alter ego. La proposition ici, selon moi, est qu'il ne vaut mieux pas le rencontrer. Nadine et Manu forment, comme le dit un personnage, une personne à deux têtes; et à la lecture, les deux se confondent parfois. Par là, il y a l'idée que les passages à l'acte ultra-violents ne sont rendus possibles que par cette rencontre improbable d'une personne avec son alter ego et propose donc un constat macabre sur notre époque. Être seul et souffrir en silence de la violence sociale, ou partager la folie destructrice avec le miroir de soi-même.
L'exutoire a fonctionné sur moi. L'échappée de Nadine et Manu, dont les seuls plaisirs sont l'alcool, le sexe et le meurtre gratuit a déteint sur moi, lecteur. L'extrême de cette évasion de fiction offre un souffle appréciable, une certaine expiation par procuration, pour peu que l'on partage certaines colères.
Dans un style totalement différent, c'est ce qu'a proposé Ana Gavalda dans *L'Echappée Belle*. A choisir, je trouve le colossal crachat de venin plus efficace.
Voilà quelqu'un qui, à 23 ans, s'est opéré une énorme catharsis par les armes de la fiction et, qu'on l'apprécie ou pas, a grandement réussi à la communiquer.
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Critiquer un roman polémique, des années après sa parution, c'est s'exposer à répéter ce que tout le monde a déjà raconté mille fois. À l'inverse, cela permet aussi de donner son avis à tête reposée, et de s'intéresser au texte lui-même plutôt qu'au panache de fumée soulevé par la controverse.

Donc « Baise-moi », oui, c'est un livre coup de poing, un livre brutal, parfois racoleur. Oui, si on plisse les yeux et qu'on regarde les choses sous un certain angle, on peut considérer que c'est un livre féministe, mais il l'est principalement parce qu'on n'a pas tellement l'habitude de voir des personnages féminins tenir les premiers rôles d'un road-movie de flingage.

Pour le reste, le roman brosse un portrait de la violence quotidienne infligée aux femmes et à la manière dont la société normalise celle-ci. Mais il ne s'agit pas d'un plaidoyer ni d'un livre à thèse : les faits sont juxtaposés, et le lecteur est laissé libre de tirer les conclusions qu'il souhaite. Des femmes qui ont connu la violence infligent la violence à leur tour, mais elles ne le font pas par conviction politique, ou pour exercer une vengeance délibérée. Elles le font, tout simplement.

C'est d'ailleurs ça qui caractérise ce roman plus que quoi que ce soit d'autre : « Baise-moi » est un roman viscéral, où les personnages agissent mais ne se posent pas énormément de questions. Il y a une certaine pureté dans la manière dont l'autrice évite de prêter à ses personnages des intentions idéologiques. Elles se situent dans l'action, tout le temps, agissent par pulsion et les rares fois où l'une des deux fait mine de réfléchir à ce qu'elle est en train de faire, l'autre se moque d'elle immédiatement, comme si elle s'était trompée de roman. On peut être tenté d'y voir un message aux lecteurs.

C'est donc le contraire d'un roman cérébral, et l'inverse également d'un roman moral. S'il est facile de s'horrifier du déferlement de violence qui sert de trame principale à l'histoire, ce n'est pas ainsi que les protagonistes le vivent. Elles tuent parce qu'elles en ont envie, et que cela soit considéré comme bien ou pas bien par d'autres, elles s'en balancent. C'est peut-être cette absence totale de toute forme de pensée morale qui est ici la plus déconcertante, comme si ces deux femmes venaient d'une autre planète où ces normes n'existent pas (et d'une certaine manière, c'est le cas).

C'est le point faible du livre, d'ailleurs : la simplicité de son propos, qui lui confère tellement de puissance, finit par engendrer quelques frustrations. Au final, on n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent au niveau de la substance, et après quelques jours, il ne reste presque plus rien en mémoire. C'est comme un coup de colère, qui semble irréel une fois qu'on est parvenu à se calmer.

Virginie Despentes est une styliste extraordinaire. Ses dialogues confèrent à son histoire un vernis, non pas de réalisme, parce qu'ils ne singent pas la réalité, mais de vécu, ce qui est bien plus précieux. Faussement simple, la structure de son histoire est en réalité complexe et sous contrôle de bout en bout, l'autrice jouant avec la temporalité du récit avec une grande dextérité. Qu'on ne s'y trompe pas : elle sait parfaitement ce qu'elle fait, et la maîtrise formelle est par moment éblouissante.

Même si Virginie Despentes a écrit de meilleurs romans, « Baise-moi » n'est pas la pire introduction à son univers. C'est un livre à la forte personnalité, presque élémentaire mais bien exécuté, qui déplaira à certains mais laissera une trace sanglante dans la mémoire des autres.
Lien : https://julienhirtauteur.com..
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Premier roman de Despentes et pourtant j'en ai lu d'autre avant celui-ci. J'aime son style, la brutalité des mots qui résonnent en écho amer.
La vie est dure, surtout pour ceux qui évoluent en marge - il prend les tripes ce roman.


Freedom is just another word for nothing left to lose. (J.Joplin)
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Baise-moi, un titre aussi racoleur, que provocateur. Ayant entamée la série Vernon Subutex depuis un petit moment, j'avais décidée de me plonger un peu dans les autres livres de Virginie Despentes appréciant son style irrévérencieux.

Quid de son titre particulier qui doit être bien marrant à lire dans les transports en commun en rentrant du boulot, il faut avouer que le contenu du livre est aussi trash que le résumé semble l'indiquer.

Ici la vacuité des choses semble être l'un des pilliers du livre. Qu'il s'agisse de Nadine ou de Manu, les deux femmes n'ont rien à perdre et se lancent dans des tueries impitoyable, en sachant très bien quel sera le dénouement.

A aucun moment Despentes ne cherchera à trouver de circonstances atténuante à nos deux protagonistes. Antipathiques au possible, porté sur le sexe, la drogue et la violence, les femmes sont dépeintes aussi négativement que les hommes.

Cet espèce de non-sens quant à la violence répété pourra en rebuter plus d'un. le livre nous emmène dans une course poursuite effréné en France, dont on sait pertinemment qu'elle se finira mal. du moins c'est le sentiment que j'ai ressentie en le lisant. Aussi, c'est ce dénouement que j'attendais. Il y'a presque comme une envie de les voir subir le courroux de la justice. Juste pour voir. Quelque part il y'aurait un côté jouissif à les voir payer. Ce qui met aussi le lecteur en position sadique.

D'ailleurs, bien que je n'aime pas particulièrement les comparaisons, je lui ai trouvé un petit côté Thelma et Louise. Qu'on appréciera ou pas.

La fin m'a laissé une certaine amertume mais dans le bon sens du terme. Même si on imaginait peut-être pas tout à fait cela, l'émotion finale laisse une drôle d'impression et d'un autre côté, vu le comportement détestable des personnages il est difficile d'avoir la moindre empathie.

J'ai personnellement beaucoup aimée, bien que je comprenne tout à fait les avis contraire qui ont trouvé la violence gratuite trop dérangeante. Mais, j'ai été séduite par cet aspect sans but qui se démarque justement d'un surplus d'explications qu'on cherche systématiquement à donner pour justifier les actes malsains, alors que ses mêmes actions atroce échappent parfois à toute logique, même dans la vrai vie.

A essayer si vous aimez Despentes, ou tout simplement si vous aimez les lectures trash pour vous rappeler que vous vivez dans un monde de merde rempli de tarés.
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Le roman d'une humeur - ici la rage - accouchant d'un objet qui suinte la provocation, laquelle a d'ailleurs trop bien fonctionné sur la Critique à sa sortie. En réalité, rien de bien méchant pour qui aura rencontré Sade, Bataille, Baudelaire, Artaud, Apollinaire, etc. le premier est d'ailleurs convoqué lors d'une scène de meurtre scatophile aux côtés de Dostoïevski. Comme chez Sade, l'horreur est lumineuse et la violence bouffonne des personnages sert ici un propos plus anarchiste que nihiliste : il s'agit de subvertir, d'inverser les valeurs établies d'une société patriarcale gangrenée par le capitalisme et non de les annihiler, celles-ci exerçant une certaine fascination sur les deux filles. le féminisme en prend aussi pour son grade, du moins le féminisme bourgeois à la Badinter : celui qui exclut de la féminité les individus qui sortent du cadre imposé. Entre deux castrations symboliques, on peut distinguer les prémisses un peu grossières d'un féminisme intersectionnel (la seule femme épargnée est arabe), plus que jamais pertinent.
Le tout forme un récit hyper structuré, très scolaire (parties, chapitres répartis selon les points de vue) - qui contraste avec le carcan duquel les personnages veulent s'arracher - et régulièrement ponctué de Courtney Love pour soigner l'emballage punk.
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Trash, violent, cru, sans compromis !
Du Virginie Despente
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Du Virginie Despentes.
Un peu plus virulent et trash que vernon subutex.
Pas un chef d oeuvre mais a lire
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assez bon suspense qui vous prend aux tripes
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