TOUT FINIT PAR ARRIVER !
Préparant ce qui va arriver dans désormais 47 jours (si Dieu le veut ! Il a intérêt sinon on s'expliquera le JJD...), je constitue des piles en prévision ("Un bon feu brûle avec de bonnes bûches" Marie-Jeanne, femme de schlitteur-Saint Dié des Vosges 1889)...
J'aime
Rabelais. je cherche donc un ou deux ouvrages à lire. Je tombe donc sur les songes drolatiques de
Pantagruel. Je regarde, sur le Net, ce que cela contient...et là coup d'arrêt...
Eté 1966 : je m'essaye au
Pantagruel. En ces temps anciens, on ne traduit pas le vieux français.On le lit avec un glossaire. Pénible, dur, rebutant.
Je m'escrime...Je finis mécontent, insatisfait, dépité...A n'y rien comprendre..."Cette obscure clarté qui tombe des étoiles" comme l'écrivait
Corneille.
Je ne tire plaisir que de la couverture avec ces monstres cocasses issus d'un imaginaire débridé.
Ce livre de poche restera très longtemps dans ma bibliothèque de l'époque.
Ces drôleries (pas "celles qu'on buvait du côté de Saïgon"*) totalement inspirées du monde monstrueux de Bosch et de Bruegel l'ancien témoignent d'un monde où la raison n'a pas encore délimitée ce qui tient de l'homme-machine et ce qui tient de la folie pathologique.
Pas de limites précises entre le naturel et le surnaturel, le joyeux et le morbide, le vivant et le mort...Une sorte de rêve en formation ("Traumwerk"), de respiration fantasmatique, de rire face au Désastre..La Renaissance, moment béni notamment jusqu'aux guerres françaises de religion.
Le talent de
François Desprez** , dessinateur de ces personnages, éclate à la face du lecteur.
On est bien dans l'univers "grotesque" du grand Alcofribas Nasier bien que ces gravures renvoient au Cinquième Livre ouvrage dû à un Pseudo-
Rabelais.
Cet opuscule ravira celles et ceux qui aiment cette période. Il contient outre les dessins une préface de
Michel Jeanneret (1940-2019), historien de la littérature, spécialiste de la Renaissance dans les lettres françaises et une postface de
Fréderic Elsig (1972-...) historien de la peinture de la Renaissance. Ces deux textes démontrent à l'envi que la véritable érudition peut être parfaitement accessible au lecteur lambda dès lors qu'elle le souhaite ("La suprême noblesse de l'érudition est la transmission à tous celles et ceux que cela attire"-G. Bialot).
A lire car "Le rire est le propre de l'homme".
* Bernard Blier (Les Tontons Flingueurs)
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François Desprez, probablement né dans les années 1530 et mort entre 15801 et 15872, est un artisan « boursier », marchand et éditeur d'estampes, graveur et illustrateur parisien de la seconde moitié du xvie siècle.