Beaucoup de choses décalées dans cette BD. Faut-il y voir l'influence de
Géluck auteur du scénario ?
La couverture étant le premier contact avec le lecteur, elle indique clairement les intentions des concepteurs. La ligne claire est le choix effectué sans concession et même avec une volonté de l'appliquer dans sa plus stricte acception.
Le cadre avec le titre évoque la série de Jo et Zette (sans oublier Jocko). le dessin de la barbe rappelle divers personnages dessinés par
Hergé et même plus précisément Tintin.
Lorsque l'on ouvre l'album la présentation avec les personnages répétés dans les cases claires d'un damier, cela en deux couleurs de nuances voisines, sans oublier le cadre "ce livre appartient à" rappelle sans aucune hésitation les illustrés des débuts de la BD ligne claire. On dépasse même le stade de l'inspiration, on est totalement dans une copie.
En continuant, on découvre les premières pages et notamment la nature du papier. Légèrement pelucheux il fait penser à un papier à dessin. Quant à la teinte légèrement jaunâtre, veut-elle évoquer les premiers papiers utilisés ou évoquer un jaunissement dû à l'âge pour plonger le lecteur dans une certaine nostalgie, dans l'illusion d'avoir entre les mains un ancien ouvrage ?
Une différence cependant par rapport à Tintin porte sur le nombre de lignes de cases. Chez Tintin ce sont quatre lignes alors qu'ici cela se limite à trois lignes... comme dans les ouvrages plus anciens de Quick et Flupke.
Durant l'histoire, la recherche des détails dans les dessins, le soucis de cohérence sont constamment présents.
Pour le choix des personnages, si la plupart des personnages pourraient se trouver dans les albums d'
Hergé, le héros, Scott, se présente plutôt comme un contre héros, le négatif de Tintin. Il est aussi lourdau d'esprit que Tintin peut être subtile. Gaffeur à souhait il pourrait faire penser aux Dupont Dupond mais il a pour lui, l'intention persistante de vouloir bien faire.
Autre point commun, la présence d'un animal. Il est arrivé à Milou de donner un coup de main à son maître pour le sortir d'un mauvais pas. Ici l'oiseau de Scott va être celui qui va le sauver après que son maître ait réussi à accumuler maladresse, gaffes et manque de chance pour se trouver dans un situation inextricable.
Il me reste une interrogation concernant le choix du nom du héros. Si je pense que pour Leblanc il doit y avoir une référence à Adèle Blanc sec, pour le prénom l'interrogation perdure. J'ai pensé au personnage de l'inspecteur Sweeney dans les romans de
John-Erich Nielsen. Il est toujours affublé d'un club de golf qui ne cesse de l'encombrer. La situation de cet inspecteur apparaît totalement absurde... tout comme Scott se promenant avec sa cage à oiseau.
Le scénario colle aussi très bien à l'esprit des albums de Tintin. On se trouve dans les années soixante. de l'aventure avec des rebondissements, des bons et des méchants, des rebondissements et un happy end. S'il est construit sans surprise, il offre une histoire agréable à lire.
Je pense que cette BD ne laissera pas indifférent : on y sera allergique ou fan. J'appartiens au deuxième groupe. Ce fut un grand plaisir que de découvrir ces traits fouillés sans fioriture, de chercher les clins d'oeil à d'anciens ouvrages.
Si je suis loin d'être un fan de l'oeuvre de
Proust, je dois reconnaître que j'aime bien ses madeleines et ici j'en ai dégusté 48 pages au fil de ces 48 pages.