Tour à tour restaurateur de tableaux et justicier sous la coupe de l'exécrable Helga 'belle comme un soleil d'hiver', nous suivons notre héros parmi les hauts gradés SS, restaurant à Zurich les oeuvres d'art spoliées, dans le Londres aristo d'après-guerre, combattant un conflit mondial islamiste, ..., entrecoupé d'une fin de vie de moine en Normandie.
On ne peut qu'admirer comme Willy Deweert domine son art, phrases bien tournées, ça avance vite, mais il est également à l'aise avec des citations et réflexions métaphysiques sur la foi, le rôle de Dieu dans la Shoah, la mort et dans lesquelles j'avoue m'être parfois perdu.
Attention le livre risque de choquer les fans de Rufin et qui sont dépourvus d'humour;-)
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Au cours du repas, répertoire classique : politique, criminalité, attentats, voyages, prix littéraires.
— Pour une fois, le jury du Goncourt ne s’est pas trompé. Rouge Brésil de Ruffin est un chef-d’œuvre, pérore Rachel.
Quelle femme assommante ! Le monologue étant le fait des imbéciles, pendant dix minutes, dans un silence narcotique, elle tient le crachoir nous abreuvant de commentaires insipides. « Génial, fabuleux, sublime ! » C’est à se demander si elle l’a lu. Vers quinze heures, je prie les convives de me pardonner de quitter la table, mais mon médecin m’a prescrit une sieste journalière.
La défaite de Stalingrad marqua profondément les esprits. Le moral commençait à flancher. Le danger se précisait. Plus moyen de fermer l’œil au cours de la nuit. Sirènes, courses aux abris, détonations de la flak, déflagrations. Les B17, Liberators et Lancasters déversaient des tonnes de bombes incendiaires sur les villes du Reich millénaire. Le 15 février 1943, un mois après le désastre de Stalingrad, un discours d’Hitler dessilla mes yeux : « Et maintenant, peuple, lève-toi, tempête, déchaîne-toi. » C’était exactement ce qui se passait, mais dans un sens inverse aux blatèrements du tyran. Je le vis tel qu’il était : menteur, manipulateur, mégalomane, un dément obsédé par sa propre gloire, indifférent aux souffrances de son peuple.
Même sous les bombes, je ne ressentais ni peur, ni haine à l’égard des Alliés. Ils étaient dans leur droit. Ni pitié non plus pour mes compatriotes ; n’avaient-ils pas élu, en connaissance de cause, un psychopathe à la tête de l’État ! Tout ce qui arrivait se trouvait en toutes lettres dans Mein Kampf. Ils n’avaient pas l’excuse de n’avoir pas su où la folie du « petit caporal » les mènerait. Ils payaient cash leur égarement et leur connivence avec l’insoutenable.
« Celui qui fait la loi procède avec une implacabilité terrible ; si c’est nécessaire, il piétinera la racaille avec des bottes de grenadier. »