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3,5

sur 397 notes
Alors de deux choses l'une, soit tu t'identifies à M.-A., personnage principal de « La condition pavillonnaire », et la dernière page tournée tu n'as plus qu'à te défenestrer pour cause de moral dans les chaussettes ; soit tu ne t'identifies pas et alors c'est le bouquin que tu as très envie de passer par la fenêtre.

Quelle que soit l'option retenue, cet ouvrage n'est pas du genre hilarant par conséquent.

De mon côté j'ai beau pavillonner depuis quelques années, « La condition pavillonnaire » m'est passée carrément au-dessus de la cafetière expresso nouvellement acquise à crédit chez Darty, dans le cas contraire d'ailleurs je ne serais plus là pour en parler (cf. premier postulat ci-avant).

Bref, nous voilà donc avec sur les bras une M.-A. Bovary façon vingtième siècle, insatisfaite chronique, pas très sympathique, un peu pathétique, moyennement épanouie dans sa vie domestique, et sûrement encore plein d'autres trucs en hic, excepté fantastique. Une vie gentiment étriquée narrée, de l'enfance à la sénilité, d'un trait factuel et sans âme censé illustrer – ai-je présumé dans ma grande indulgence – la routine conventionnelle de ce personnage ordinaire.

Or donc, le factuel dilué c'est peut-être un genre, mais quand la seule définition du mot automobile (voiture quoi) se répand en détails sur trois pages entières, on se demande quand même si Sophie Divry ne pousse pas le bouchon stylistique un peu trop loin. Ce doit sans doute être tendance, le réalisme à outrance – déjà repéré (entre autres) dans la fâcheuse liste des envies du sieur Delacourt (là je vais encore me faire plein de copines), et certains auteurs de talent tels que Maylis de Kerangal excellent dans l'art de cet étirement particulier des détails, mais ici pour moi ça ne fonctionne pas. Simplement j'ai trouvé ce roman littérairement inesthétique, et par-dessus tout hélas, effroyablement amer.

Ҩ

Quoi qu'il en soit, merci à Babelio et aux éditions J'ai Lu pour cet envoi dans le cadre de l'opération Masse Crit'hic de septembre.



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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M.A ... Tu nais dans les années 50, à Chambéry et passe les premières années de ta vie dans le petit village de Terneyre, dans l'Isère. Papa et maman s'occupent bien de toi, même si petite fille, tu t'ennuyais beaucoup. Fille unique, tu te fais quelques amies, tu connais ton premier flirt derrière le gymnase. Tu travailles bien à l'école, ce qui fait la fierté de tes parents. Ton bac en poche, tu vas étudier à l'université de Lyon. En économie. Là, tu t'installes dans un petit appartement. Tu ne te lasses pas de regarder les lumières de la ville, toi qui désirais tant quitter le cocon familial. Mais bien vite, là encore tu t'ennuies. Tu fais alors la connaissance de Chloé. Devenues inséparables, vous emménagez ensemble la deuxième année de vos études. Lors d'une soirée entre copains, tu fais la connaissance de François. C'était en 1974. Il t'apparaît comme l'homme que tu attendais. Une véritable idylle entre vous. Presque une évidence... S'ensuivent le travail, les déménagements, les enfants, les diners entre amis, les vacances...
M.A. ... Tu regardes toutes ces photos aimantées sur la porte du réfrigérateur, ces cartes postales de tes proches expédiées d'ici et d'ailleurs, comme autant de témoins de ta vie passée...

Une couverture, évidemment, peu encourageante... Avons-nous, à l'instar de ce poisson rouge, l'intention de tourner en rond dans notre vie ? Chercher une issue ? Un but quelconque ? Trouvons-nous réellement que la vie nous comble ? Sommes-nous satisfaits de notre vie, puisse-elle avoir été désirée ainsi ?
M.A. vit sa vie. Plus exactement semble la subir. Une vie régie par les habitudes, les coutumes. L'on fait des rencontres, amicales ou amoureuses. L'on se marie, fait des enfants, les regarde grandir, l'on déménage, l'on travaille, l'on connaît une relation extra-conjugale pour pimenter notre quotidien. A côté de François, un homme calme, rassurant, tiède, presque trop prévisible, M.A. est enfermée dans ce bocal. Elle s'ennuie. Profondément. Une Emma Bovary des temps modernes. L'auteur décrit minutieusement la vie de cette héroïne, à la loupe, passant des petits tracas du quotidien à la force qui semble l'animer. L'on se sent d'autant plus proche que Sophie Divry utilise la deuxième personne du singulier, procédé accrocheur. Elle nous livre un roman profond, sentimental et très sensible sur la condition féminine.

La condition pavillonnaire... la condition féminine ?
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Flippant! Carrément flippant! Et ça, sans crime, sans délits (ou des délits très mineurs), peu de morts, et toutes naturelles ou accidentelles, pas de fantômes, même pas dans les placards!
Le sujet en lui-même suffit à créer un malaise existentiel : c'est notre vie, banale, formatée par notre époque et nos héritages biologiques ou sociaux, cheminant sur des rails prédestinés, les choix n'étant que des changements d'aiguillage qui au final n'induisent que peu de variantes.

Pour illustrer l'ambiance, deux exemples :

cette vidéo qui a été partagée sur Facebook, un diaporama accéléré qui fait défiler les photos d'une vie, de la première beuverie, en passant par le mariage et les enfants pour se terminer sur la clôture du compte. Flippant
la chanson de Benabar, Quatre murs et un toit, dans laquelle se succèdent les générations, en quelques minutes. Flippant.

Ici, pas de vidéo, ni de musique, mais des chapitres, qui font défiler le temps, très vite aussi, inexorablement, sur trois ou quatre générations. La petite fille devient ado, étudiante, mère de famille, grand-mère…

Le titre déjà, était un avertissement : la condition pavillonnaire : il y a quelque chose d'enfermant, de carcéral dans ces termes qui évoquent les alignements uniformes des maisons faites en tikitaki de la chanson de Graeme Allwright, et soulignent la quasi-impossibilité d'y échapper.

La force de ce roman (?) réside d'une part dans l'écriture qui souligne le tourbillon, qui fait de notre existence une lutte permanente contre l'entropie : l'auteur conjugue indifféremment au passé, au présent , rarement au futur, celui-ci vient tout seul bien assez vite, et d'autre part dans la précision des observations : impossible de ne pas se reconnaître au cours des différentes étapes qui constituent une vie d'occidental moyen. D'autant que l'auteur souligne bien le décor social, au travers des modes vestimentaires ou des décos des fameux pavillons. Même l 'évolution économique est évoquée, avec la mutation du monde du travail que ce soit dans son accessibilité ou dans sa précarité grandissante.


Il faut un moral d'acier et une bonne dose d'optimisme, ou alors être un adepte du carpe diem, un taoïste convaincu que tout est dans l'instant présent pour ne pas en ressortir laminé, prêt à se jeter sur la première tablette de chocolat qui prend le risque de s'aventurer hors du placard, puisqu'après tout, les efforts sont vains, aboutissant à un résultat unique quel que soit le chemin.

La conséquence la plus immédiate va être le choix de ma lecture suivante : une fiction, une vraie, une pas possible, thriller ou science fiction, peu importe, pourvu qu'elle me procure des frissons qui ne seront pas les miens.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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"La condition pavillonnaire", comme on pourrait dire la condition carcérale, dissèque la condition féminine, et plus largement, la société française des années 1960 à nos jours. le "pavillon" est érigé en symbole d'une prison confortable dans laquelle on s'enferme volontairement en se persuadant que toutes les conditions sont réunies pour être heureux.

Ce roman raconte la vie de M.A. Marie-Ange ? Marie-Agnès ? Peu importe. Il faut entendre "Emma", car cette femme née dans les années 50 est une sorte de Mme Bovary moderne. La référence à Flaubert est explicite, avec toutefois quelques différences : M.A. travaille, n'a pas les rêves de grandeur d'Emma ni sa passion pour la littérature ; elle arrive malgré tout à survivre au départ de son amant, et aime ses enfants. Mais elles partagent une insatisfaction profonde, une quête inassouvie du bonheur auprès d'un conjoint choisi pour sa stabilité mais décevant par son manque d'imagination et de virilité.

Après une enfance plate et solitaire dans une bourgade de la région lyonnaise, M.A. a réalisé ses ambitions de jeunesse : un mari aimant, un bon métier, une maison, deux enfants... Pourtant la plénitude ne dure pas. Dans les gestes sans surprise et répétés du quotidien pointe un malaise, une soif d'aventure. L'insatisfaction la consume, la poussant à l'adultère, puis à d'autres passe-temps moins dangereux, tout en restant incapable, au fond, de partir ou de changer de vie.

Dans ce récit incisif et bien construit, qui bascule au milieu du livre, Sophie Divry s'adresse à M.A. à la deuxième personne du singulier. Tout en étant original, cela facilite l'identification du lectorat féminin. Néanmoins, messieurs, ne négligez pas ce livre, il vous apportera un éclairage assez cru sur la psychologie féminine.

L'auteur se distingue par une singulière observation du quotidien, faite de petits détails (la description d'un réfrigérateur ou d'un cycle de machine à laver) ou de distanciation (chronique sur le développement de l'automobile en France). Bien loin de Flaubert, la narration est plus proche d'Annie Ernaux dans "La place", avec l'évocation de l'ascension sociale dans une petite ville de province, la relation à son père dont M.A. a un peu honte, ou de Michel Houellebecq dans sa peinture désabusée du progrès et des rapports sociaux.

En dépit de quelques anachronismes (par exemple, en 1994 un plan social ne s'appelait pas encore "plan de sauvegarde de l'emploi", cette dénomination n'est apparue qu'en 2002), Sophie Divry, née en 1979, porte un regard d'une remarquable acuité sur une époque plus représentative de la génération de ses parents. En seulement 250 pages, le destin ordinaire de M.A. figure celui de millions de femmes avant elle, et, soyons réalistes, après elle.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Noir sur Blanc - NOTAB/LIA pour cette opération spéciale de masse critique. "La condition pavillonnaire" est une de mes meilleures lectures de cette année; décapante, certes, mais terriblement juste.
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M.A.,fille unique de gens modestes,née en 1954 dans un petit village de l'Isere, à l'adolescence ,va vite avoir honte de ses parents et vouloir échapper à ce milieu qu'elle trouve banal et ennuyeux. Le problème, est que, même après des études universitaires,travail,mariage et enfants,tous, ses propres choix,incapable de profiter de sa vie présente,apparemment parfaite(si ça existe ),la trouvant toujours aussi banale et ennuyeuse,elle va partir à la recherche du Nirvâna.....et va tout essayer,adultère,ésotérisme,maternité,humanitaire...mais rien n'y fera....
Tout m'a énervée chez cette femme "idiote", qui n'apprécie aucune de ses chances et méprise un mari pourtant pas plus mauvais qu'un autre, un homme gentil et fiable.
Un livre qui n'est pas mal écrit,mais je n'ai pas aimé le style narratif à la deuxième personne,qui donne l'impression de lire un essai sociologique plutôt qu'un roman,et trouvé beaucoup de longueurs dans les paragraphes descriptifs.
Pour être bref,ce genre de livre n'est malheureusement pas de mon goût,je me suis vraiment ennuyée....
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Il n'est pas facile d'écrire une critique à propos de cet ouvrage car il est singulier, original, ironique, grinçant, il dissèque, étudie,scrute notre condition de femme au scalpel et ce n'est pas rien! Il nous plonge dans la vie d'une certaine M- A, née dans les années 50,en Isère, à l'enfance "plate", heureuse, une enfant modèle quoi! , assez solitaire d'ailleurs!, de milieu modeste, un pére garagiste, une mére employée de mairie, dont la vie s'écoule d'une manière ...trés présivible: bac mention bien,à l'occasion M- A monte d'un cran, études d'économie, elle va devenir en quelques années , locataire,étudiante,stagiaire, employée......un parcours balisé...idéal sur le papier...banal, rencontre de François en 1974,mariage en 1978 oú celui- ci se voit confier une société d'assurances à Chambéry. le couple va s'installer et acquérir une maison à crédit dans une zone pavillonnaire. C'est l'heure des chambardements territoriaux , des zones périurbaines, des hypermarchés qui se multiplient. M- A trouve un emploi dans un magasin de meubles, donne naissance à Xavier puis Nathalie....une vie parfaite quoi! Son quotidien est rythmé par les courses, les lessives, les repas entre amis ritualisés à un degré imparable!" Tout est en ordre ", une vie sans imprévu,un enfermement trés ordonné comme un poisson qui tourne dans son bocal.....l'ordre, les listes, les habitudes font partie du quotidien....seules les vacances dans le Sud lui permettent de souffler....Puis," au fond de son âme, cependant , elle attendait un événement".toutes les étapes de sa vie sont conditionnées , l'insatisfaction est là, la lassitude, la morosité, M-A s'ennuie....Sophie Divry nous dresse un portrait quasiment " documentaire" à la deuxième personne du singulier semblable à une étude sociologique....
L'auteur écrit avec un scalpel, l'écriture est détachée, objective,minutieuse, neutre, d'une incroyable efficacité,, le banal étudié au plus prés,une madame Bovary insatisfaite, étouffée par sa condition de femme normale,le manque, avec sa vie stable, ses envies programmées, ses tâches répétitives, réveiller les enfants, leur donner à manger, se garer,entendre le ronron de la machine à laver, faire les courses, faire l'amour tel jour....
Alors elle multiplie les exutoires : l'adultère et sa fougue, l'humanitaire, le yoga, mais elle ne trouve pas ce qu'elle cherche, jamais,rien ne change, tout est gris....puis le vieillissement, l'horreur de se regarder dans une glace, le désespoir, les colères, une vie dans laquelle on se perd et on s'ennuie....
J'ai vraiment aimé ce livre, un roman triste, nostalgique,captivant, profond, trés sensible, on y ressent la douleur du temps qui passe, l'auteur interroge nos vies , le cycle complet de nos vies de femmes , notre conception du bonheur,de l'époque actuelle, avec recul, délicatesse, humour et fatalisme....on éprouve de la compassion et de l'empathie, ce roman ne redonne pas le moral mais la compassion de l'auteur se mesure quelque peu au regard qu'elle porte sur M- A et sur le destin des femmes, sur la condition féminine ......la fin est une douleur....
Merci infiniment à ma chère amie de Babelio : Marina , pour me l'avoir fait connaître ainsi qu'à mon amie BibliodOnee qui se reconnaîtra ! Que de précieux conseils!


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Tout d'abord un grand merci à ma collègue de m'avoir conseillé ce livre. J'ai lu 2 autres livres de cette autrice "Quand le diable sortit de la salle de bain" que je n'ai pas fini car je n'y comprenais pas grand chose, un peu fouilli à mon goût et le second "Fantastique histoire d'amour" son dernier roman qui m'avait beaucoup plu.
Je me suis donc lancée dans ce récit à la fois ordinaire de part la vie de cette femme et extra-ordinaire par la narration avec l'emploi du "tu" pour cette héroïne.
M.A., dans ma tête je l'appelais "Marie-Ange". Et c'est en lisant d'autres critiques que l'autrice la comparaît à Emma Bovary dans les années 50. J'avoue que je n'avais pas tilté mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier ce livre.
Ce roman raconte, donc, la vie d'une femme née dans les années 50, de son enfance à sa fin de vie. C'est une vie très ordinaire, qui se passe plutôt bien pour elle. J'ai retrouvé certaines phases de la vie de mes parents et de ma propre vie. C'en est d'ailleurs très touchant par moment. Des souvenirs qui remontent, certains plaisant, d'autres moins. Malgré beaucoup d'événements heureux, il y a un certain mal-être pour cette femme. Tout au long de cette lecture, on sentait une tristesse venir au loin, on ne savait pas vraiment s'il y aurait un événement majeur qui éclabousserait cette vie ordinaire mais plutôt heureuse. Un petit bémol tout de même, on aurait aimé à lire les pensées de son mari, François, savoir ce qu'il a pensé de sa vie. J'aimerai vous donner l'envie de lire ce roman car il m'a procuré du plaisir. Un portrait de femme bien croqué qui montre la condition féminine dans les années 50 à nos jours.
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Ce roman m'a furieusement fait penser à Arlington Park, de Rachel Cusk, et j'ai donc une folle envie de commencer cette chronique en recopiant ici la conclusion de mon avis sur le bouquin précité : « il ne sert à rien de rester assis à se lamenter sur son sort : soit on se contente de ce qu'on a et on arrête de se plaindre, soit on se révolte et on cherche le bonheur là où il se cache ». Evidemment, ici, M.A., notre « héroïne » qui bovaryse à tire-larigot sur son ennui sans fin et sans fond, n'est pas heureuse de ce qu'elle a, et, à part un bref amant et un encore plus bref bénévolat, n'est pas fichue de se bouger les fesses pour sortir de sa déprime. Au moins, le personnage de Flaubert a eu le courage de se suicider, tandis que M.A. n'a même pas l'idée de « suicider » son couple en demandant le divorce. A la décharge de cette pauvre fille, il y a des années d'inertie et d'engluement dans une vie étriquée. Curieux comme à l'adolescence on est pressé de quitter le cocon familial pour prendre sa liberté à l'Université, avant de reproduire exactement le même schéma qu'on s'était pourtant promis d'éviter à tout prix, et de s'enfermer dans le cocon conjugal avec boulot tranquille à défaut d'être exaltant, maison, enfants, courses du samedi et vacances de juillet. Evidemment, c'est douillet, un cocon, c'est confortable et c'est connu. Oui mais ça enferme et ça frustre. Et quand on s'en rend compte, la vie – l'idée qu'on se fait de la « vraie vie » – est passée pour ne plus revenir. Alors M.A. se lamente sur son sort et contemple les photos sur son frigo.
M.A. est la caricature de l'insatisfaite chronique, donc malheureuse. Alors bon, moi c'est le genre de personnage qui m'énerve prodigieusement, là où d'autres âmes plus indulgentes éprouvent compassion et sympathie. Tant pis pour moi. Mais comme si ça ne suffisait pas, le style d'écriture n'a pas non plus trouvé grâce à mes yeux. Outre les descriptions pathétiques et interminables, le procédé d'un narrateur qui tutoie M.A., efficace et accrocheur au début, finit, à force, par être ressenti comme agressif, culpabilisant, voire méprisant, dans la mesure où il semble faire de la situation de M.A. une généralité valable pour tout propriétaire de pavillon en France. Je reste sidérée par le commentaire de l'auteur « Ce livre s'adresse aux jeunes qui commencent leur vie, et aux parents qui veulent que tous leurs enfants soient des bourgeois. Il tend un miroir et il leur pose la question : est-ce cela une vie réussie ? Cet enfermement en soi-même et en son petit confort ? Mais il s'adresse à un grand public, puisqu'il s'adresse à tous ceux d'entre nous qui ont trouvé un jour leur existence absurde, et le paysage mental de la France dépourvu de charme ». Pour moi, il sous-entend que les propriétaires de pavillons sont des loosers repliés sur eux-mêmes et dans leur « petit confort », et sont forcément malheureux. C'est d'un goût douteux, et réducteur. Evidemment la vie de M.A. ne fait rêver personne. Mais on dirait que l'auteur ignore qu'il peut exister quelque part des Français (et des Belges) moyens qui sont assez sages pour se contenter de leur vie moyenne dans leur maison moyenne, et pour y trouver, si pas l'illusoire Grand Bonheur Perpétuel, des moments, petits et grands, qui les rendent heureux de temps en temps. Carpe diem.
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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La condition pavillonnaire est ennuyeuse, voilà la thèse de Sophie Divry... le problème, c'est que son livre pour la raconter l'a été tout autant à mes yeux !

L'histoire simple de cette Emma Bovary moderne me séduisait pourtant, moi qui échappe pour l'instant à cette condition pavillonnaire, ou même moi à qui échappe pour l'instant cette condition pavillonnaire (tant la situation n'est pas uniquement le fait d'un choix). Je me suis donc plongée dans ma lecture avec enthousiasme.

L'enthousiasme fut malheureusement de courte durée devant le tutoiement artificiel employé par l'auteure, ses descriptions interminables qui n'apportent rien ou ses allusions pompeuses. Autrement dit: Sophie, tu avais un quota de mots ou de pages à atteindre pour nous saouler comme ça avec tes longues tirades grotesques sur notre quotidien ? Je te donne un exemple : "tu veux faire des courses donc tu vas en voiture dans un centre rassemblant des boutiques puis tu choisis dans les rayons quelques vêtements qui te plaisent et ensuite tu vas les essayer dans un espace carré fermé par un rideau". Au secours ! En plus, des fois tu racontes n'importe quoi, notamment sur le travail et la vie en entreprise.

Certes, j'ai eu quelques bons moments au cours de ma lecture, comme l'amusement quand j'ai compris le rappel astucieux MA/Emma à Flaubert qui m'était tout d'abord passé complètement au-dessus, le plaisir sucré devant l'amour débutant parfumé à la guimauve de MA et son mari ou encore l'émotion sincère devant le déchirement étonnamment bien rendu d'une rupture.

Mais fondamentalement j'ai été agacée par le style et ennuyée par la narration, au point de ne pas pouvoir m'identifier à l'héroïne. Décidément, la condition pavillonnaire, ce n'est pas pour moi !
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J'ai adoré ce livre de Sophie Divry. Il n'est pas ordinaire. Ce n'est pas ce qu'on peut appeler un roman qui raconte la vie d'une femme. La femme n'est pas un personnage de roman. Et pourtant ce livre raconte la vie de MA. Mais qui est MA ?
Pour moi, MA, c'est moi, c'est ma maman, c'est ma soeur, c'est toutes les femmes...
D'abord, le narrateur nous parle, à nous, lectrice. L'empression qu'elle nous raconte notre propre histoire !!
A certains moments, j'ai vraiment eu l'impression que Sophie Divry avait écrit des pans de ma vie, de ma jeunesse. Cela devient plus inquiétant quand elle passe au delà de notre âge. On s'imagine alors notre vie dans le futur !!
Bref, j'ai vraiment aimé ce livre.
Je serais maintenant curieuse de livre des critiques masculines. Je serais curieuse aussi d'avoir entre les mains une version masculine de ce livre...
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