Voilà un très beau roman d'aventures en mer et sur terre qui ravira tout lecteur friand de récits maritimes, de romans historiques et de héros au charisme attachant. "Un parfum de trahison" est une aventure des frères Harry et James Ludlow, corsaires britanniques de leur état. Et bien que ce tome soit le petit dernier d'une série, il se lit isolément sans aucun souci. Une aventure des frères Ludlow, dis-je, qu'on pourrait tout aussi bien présentée comme une enquête des frères Ludlow car il s'agit bien ici de percer un mystère.
Corsaires, pirates, colonies... il s'agit bien évidemment de découvrir un trésor ! Toutefois, ne vous y trompez pas, point d'emplacement marqué d'une croix sur une carte récupérée dans la doublure de pourpoint d'un croquemitaine à jambe de bois, à main crochée et à perroquet épaulé, non, non. Nous sommes ici en présence de gentlemen et la complexité qui entoure la disparition de deux cent mille dollars en lingots d'or et d'argent à la Nouvelle-Orléans, alors sous domination espagnole - nous sommes en 1795 - mêle habilement politique, économie et conflits d'intérêts, en plus des habituelles ambitions individuelles.
Une complexité qui vaut à ce roman pourtant brillamment écrit une note assez moyenne au final. Le paradoxe est assez rare pour que je le signale : je me suis régalée avec ce roman d'aventures et, dans le même temps, j'ai eu l'impression de souvent me perdre dans le fouillis de considérations sorties tout droit du cerveau de l'auteur, exprimées par la bouche des personnages et pourtant assez floues voire impénétrables pour moi. Ce qui a donné qu'au final l'enquête en elle-même m'a laissée plutôt de marbre tandis que les nombreuses descriptions de batailles navales - parfaitement documentées - ont fait mes délices.
Vous l'aurez compris, pour pleinement apprécier ce roman, il vous faudra avant tout être amateur de récits en mer, avec tout le vocabulaire et l'atmosphère qui vont avec. Si vous êtes réticent à pénétrer ce domaine, je pense que toute la sympathie que vous inspireront les frères Ludlow ne suffira pas à vous passionner pour ce récit, bien qu'il soit riche en rebondissements. David Donachie est un auteur épris du domaine qu'il explore, sa documentation est très solide, sa passion communicative mais son style un rien trop individuel.
Avis aux moussaillons !
Challenge ABC 2014 - 2015
Challenge PAVES 2015 - 2016
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Dans cette quatrième aventure des frères Ludlow, nous retrouvons Harry capitaine du Bucephale, corsaire avec ses lettres de marques, son frère James de plus en plus amariné ainsi que leur fidèle serviteur aux talents multiples de l' autre côté de l' océan atlantique naviguant autour des Caraïbes, le long de la côte de Louisiane, remontant le Mississipi jusqu' à se retrouver amarré en bien mauvaise posture sous le feux des canons de la Nouvelle-Orléans.
L' histoire débute toutes voiles dehors par une fuite précipitée, des frégates française arrivent en vue de leur port de mouillage, la sortie est délicate de très nombreux navires encombrent la passe.
C'est un volume qui fait la part belle aux relations internationales, les échos de la si lointaine Révolution française et de la redoutée guillotine sont parvenus jusqu'aux Antilles, l' Espagne dont les caisses sont vides est en bien mauvaise posture, la Louisiane alors colonie espagnole rêve de se libérer de la tutelle hispanique quand aux tout nouveaux Etats-Unis il lorgne sur l'axe commerciale et le débouché que représente le Missipppi, se retrouve au milieu de cet imbroglio le Bucéphale, son équipage et les frères Ludlow.
C'est un plaisir de lire une telle aventure, l' écriture est enlevée, rythmée, très descriptive (parfois un peu trop) même si cela nous permet de mieux comprendre les tenants et aboutissant des manoeuvres de chacun. Fidèle à leur habitude les frères Ludlow se trouve en bien mauvaise posture, cette fois ils vont surpassées en audace pour s'en sortir indemne. le résultat est à la hauteur des méandres de l' intrigue.
Certains passages à terre sont un peu long, y aura-t-il une suite, je l'espère la fin demeure ouverte à toutes les spéculations.
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La marine française construisait des vaisseaux supérieurs à ceux des Anglais, les Espagnols embarquaient en général davantage de canons sur les bâtiments de ligne. Mais il manquait à ces deux nations une pratique incessante de la mer qui, parce qu'elle démontrait sa capacité à transformer tous ceux qui étaient à bord en un seul corps, propulsait la marine britannique au rang des meilleurs outils.
Rompu par une longue habitude à jauger hommes et situations, il s'interrogea immédiatement sur ce que pouvaient valoir son capitaine et son équipage : plus que bien d'autres, il savait pertinemment que posséder le plus beau, le mieux armé des bâtiments de guerre ne représente qu'une partie de l'équation. La victoire repose davantage sur la compétence et la volonté d'un officier, lequel doit pouvoir compter sur un équipage soudé et bien entraîné.
Matthew leva les sourcils en découvrant la passe complètement bouchée.
- Avez-vous l'intention de passer par là ?
Harry lui cria littéralement à la figure :
- Sauf si tu peux nous trouver des ailes, Matthew, je te saurais gré de te contenter de faire ce que je dis !
Et pourtant, même lorsqu'il s'agissait de gens qui avaient sa confiance et son estime, il était capable de faire preuve de dissimulation, de ne pas leur révéler ce qu'ils n'avaient pas absolument besoin de savoir.
Tout autant que Harry il savait à quel point un ouragan peut se montrer traître. Un commencement d'accalmie pouvait aussi bien être le prélude à un renforcement du vent et marquer le sommet de sa violence.