Mon premier contact avec cet auteur se fit avec les 3 premiers tome de Thomas Covenant, qui m'avait laissé sur un sentiment mitigé de satisfaction et de frustration sans pouvoir expliquer pourquoi. L'écriture de l'auteur me semblait trop alambiqué... Avec ce premier tome, j'ai l'impression de lire un auteur à l'écriture plus fluide, plus claire. Je redécouvre avec plaisir le côté malsain de ces personnages, la manière qu'il a de bouleverser les codes, créer des événements inattendus et proposer des personnages très loin des archétypes. L'histoire tourne autour de trois protagonistes, et plus spécialement autour de l'un d'eux, présentés comme la crapule de service. L'auteur met en place son univers, fouille ses personnages, leur permet d'évoluer. Et puis il opère des renversements fulgurants, et comme il l'explique très bien dans la postface, les rôles sont inversés. Là où l'on attendait une crapule, on découvre finalement une victime, là où l'on attendait une victime l'on trouve un ange salvateur et là, et le héros se trouve finalement être la crapule....!! le tout dans une ambiance malsaine, sordide, confinée ( cela m'a rappelé l'atmosphère de certains films huis clos tels que Alien, Pandorum, Abyss et tant d'autres...), dont l'auteur réussit sans difficultés à créer, et avec brio. L'on sent les parois moites du vaisseau, le froid intense de l'espace telle une prison. le côté malsain est tellement poussé loin, notamment à travers la "relation" entre Morn et Angus qu'on se pose véritablement des questions quant à la santé mentale de Donaldson, sujet d'ailleurs qu'il aborde dans la postface ( qu'il faut lire absolument car elle donne des pistes de compréhension pour la suite et l'auteur explique de manière remarquable son processus d'écriture, et cela demeure passionnant en soi).
Bref Donaldson a ici posé les bases de son histoire, qui ne demande qu'à être développée.... En route donc pour le volume 2...
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"la véritable histoire" est un huis clos entre 3 personnages : le méchant pirate, écoeurant à souhait, la femme esclave-insoumise-brisée et le corsaire aux buts pas très nets.
Le tout se déroule sur fond d'espace insondable et glauque à souhait.
Le huis clos est construit comme le Boléro de Ravel : A chaque étape, on reprend son soufle, l'histoire se répète en s'enrichissant et en déroutant un peu, un tout petit peu le lecteur jusqu'à l'apothéose finale.
Le pitch se veut une certaine réinterprétation du Nibelungen (version Wagner). La postface est d'ailleurs à lire, car elle en présente un résumé enfin compréhensible et légèrement décalé.
Un remarquable roman. Je suis régulièrement revenu en arrière, après une des respiration, pour retrouver les prémisses que j'avais négligées dans une première lecture.
La construction de l'intensité dramatique et l'étoffage des protagonistes par couches successives est sans failles.
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Il avait la possibilité et l'avait pleinement utilisée de faire obéir
Morn à tout ce que concoctaient sa concupiscence ou sa haine. Comme un pochard ou un clochard, il avait cru que cela suffisait. Mais ça ne suffisait pas, oh non, ça ne suffirait jamais, plus maintenant. Il s'était abusé, berné, aveuglé
Morn avait appris de lui à coopérer à sa propre dégradation. Elle avait appris de lui à agir comme s'il lui était nécessaire. Mais quoiqu'il ait fait, cependant, il n'était
jamais parvenu à se faire désirer d'elle.
Il ressentit la tentation de faire couler le sang, simplement pour démontrer son pouvoir, mais il eut peur de jouir immédiatement, s'il le faisait. Rappelle-toi bien
ça, quand tu auras envie de me tordre le cou. C'est moi qui vais te briser. Je vais te briser à un tel point que ça va finir par te plaire, que tu vas en redemander. Et alors, je te briserai encore plus. Je vais te briser jusqu'à ce que tu n'aies plus que moi, comme seule raison de
vivre.