Je remercie infiniment les éditions Hachette pour m'avoir permis de découvrir ce petit bijou en avant-première ! Dès que j'ai lu le résumé, j'ai su que ce livre était fait pour moi. Un mélange entre le couloir de la mort et la télé-réalité, ça ne pouvait que fonctionner ! J'aime tout ce qui touche aux sociétés remodelées, et par extension à toute forme de dystopie en général.
Cell.7 fait partie de ces ouvrages qui ont mis mes nerfs à rude épreuve !
Kerry Drewery nous plonge dans une société où le crime est sévèrement puni. Un meurtre, qu'il soit accidentel ou par préméditation, entraîne automatiquement un aller simple pour le couloir de la mort. Et pour éviter les encombrements, les prisonniers n'y restent que 7 jours. Il y a dix ans, le système judiciaire a été démantelé pour laisser place à Chacun Sa Voix, un principe qui consiste à laisser le choix final aux téléspectateurs du pays entier. Ceux-ci décident s'il faut condamner à mort ou relâcher le prisonnier à l'issue des 7 jours d'emprisonnement.
Nous suivons Martha, une adolescente accusée du meurtre d'une icône nationale : Jackson Paige. Martha assure sans sourciller qu'elle est coupable. Elle est prête à mourir pour ce crime. Seulement tout le monde n'en est pas persuadé, et le public dispose d'une semaine pour voter et décider de son sort. Que cache Martha, au juste ?
La particularité des dystopies, c'est que je finis toujours en colère et hors de moi. Cette histoire ne fait pas exception à la règle, bien au contraire. La vie dans
Cell.7, peut aisément s'appliquer à notre société actuelle ; la seule difference, c'est que tout est décuplé.
Comme dans une émission de télé-réalité, les gens doivent voter par SMS pour décider si le tueur doit être exécuté ou non. Les preuves et les mobiles ne pèsent pas bien lourd dans la balance. Ce qui compte, ce sont les fausses informations véhiculées par les émissions de télé et les soit disant « journalistes » et autres « professionnels » qui viennent donner leur avis d'expert.
Cette manipulation des masses est proprement honteuse. Elle dénonce très bien notre propre fonctionnement, celui des pots de vin, des machinations et de la corruption. Des actes qui pourrissent notre société, creusent un peu plus les différences et nourris les plus riches. Et c'est ce que j'aime en dystopie. L'auteur nous dévoile un monde qui ne prend presque plus la peine de cacher sa laideur.
On dit aux gens qu'ils ont voix au chapitre, qu'ils peuvent voter pour un accusé, mais chaque vote est payant. Qui a donc le monopole et les pleins pouvoirs ? Les riches, évidemment ! On prétend que la justice est plus rapide et efficace qu'à l'époque des tribunaux ? Mais on n'examine plus les preuves, on ne recherche plus la vérité, on se contente de voter machinalement en se basant sur les dires de journalistes véreux et pourris jusqu'à la moelle.
Imaginez donc mon état quand j'ai découvert les travers de cette société. Imaginez mon agacement, mon dégoût. On finit presque par en oublier que tout cela est fictif, car tout repose sur des éléments tangibles. Cela rend
Cell.7 assez effrayant, dans le fond. le manque d'humanité est partout, la disparité des classes sociales est plus forte et plus exacerbée que jamais... J'ai lu ce livre avec une énorme boule au fond de la gorge.
Kerry Drewery nous confronte à un système qui fait perdre foi en l'humanité, tout simplement. Heureusement, c'est au travers de personnages fabuleux qu'elle nous redonne un peu d'espoir. Martha est une héroïne extraordinaire, dont les convictions dépassent l'entendement. C'est le genre de personne prête à mourir pour défendre ses valeurs.
Les chapitres centrés sur les émissions de télé sont les plus insoutenables et permettent de voir l'étendue de la machination. C'est terrible de savoir les choses et de ne rien pouvoir faire pour enrayer la mécanique. J'ai eu envie d'entrer dans le livre pour distribuer des claques plus d'une fois.
L'intervention de l'ex juge Cicero est celle qui m'a le plus touchée, car elle démontre l'injustice dans toute sa splendeur. Cette illusion que les médias donnent la parole aux citoyens alors qu'en fait, ils ne font que travestir la vérité. On se dit que les vrais monstres ne sont pas forcément du bon côté des barreaux...
En résumé, ce n'est pas la dystopie la plus subtile que je connaisse, mais c'est une excellente dystopie. Psychologiquement très éprouvante, opressante, elle met notre patience à l'épreuve et nous immerge dans une société terrible, cruelle et sans pitié.
Cell.7 est un roman très juste, mené avec brio par une auteur talentueuse. le suspens était tel que je n'ai pas réussi à en sortir avant d'avoir lu la toute fin. Je me languis d'avoir la suite !
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