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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous apprenons beaucoup sur les tics et tocs des écrivains et artistes dans ce Grand Hôtel Meurice lors de la remise du Prix Nimier à Modiano en mai 1968. Que des grands noms autour de la table. J'ai aimé certains passages mais cela ne m'intéresse pas trop de savoir que Machin est homo ou que celui là boit trop etc. … J'ai bien aimé l'humanité et le professionnalisme du personnel. Tout y est bien français : le palace, l'argent, la littérature, l'histoire, la politique et la bouffe sans quoi rien ne pourrait être.
C'est léger, drôle et très bien écrit mais je m'y suis un peu ennuyée.
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Nous sommes le 22 mai 68 au Meurice, le célèbre palace parisien de la rue de Rivoli. le pays est paralysé par une grève générale et le gouvernement est au bord de la démission, l'interdiction faite à Cohn-Bendit de rentrer en France risque de mettre le feu aux poudres, une motion de censure va sans doute être votée. La France compte un million de grévistes et le palace n'échappe pas à la fièvre qui embrase le pays : depuis la veille il est occupé par le personnel qui a proclamé l'autogestion, cependant les employés ne sont pas en grève, ils continuent d'assurer leur service auprès de leurs clients prestigieux et souvent excentriques, ils restent respectueux voire obséquieux envers eux, prêts à satisfaire tous leurs caprices. Pauline Dreyfus brosse une jolie galerie de portraits d'employés avec Roland, le maître d'hôtel et représentant syndical, Lucien le concierge, Denise la dame-vestiaire sans oublier le directeur déchu qui rase les murs.

Le palace accueille des célébrités qui font sa renommée, ce sont des têtes couronnées, des stars de cinéma, des ministres, des ambassadeurs, des rois en exil... le 22 mai Salvador Dali y occupe une suite avec son animal de compagnie, le léopard Babou... Florence Gould, une milliardaire américaine vit ici à l'année depuis douze ans avec ses quatre pékinois. Aux employés qui l'ont surnommée "Mme Racine" elle distribue largement ses billets de 50 francs. Pour se distraire, elle organise des déjeuners mensuels, les Meuriciades, qui réunissent une quarantaine de personnes, des écrivains, des critiques, des femmes du monde... Ces déjeuners sont prisés par le Tout Paris littéraire. Ce jour là, le déjeuner est donné en l'honneur du lauréat du prix littéraire Roger-Nimier car Florence Gould est une mécène qui délivre au lauréat un gros chèque...

La situation est inédite et assez ubuesque puisque le maintien du déjeuner doit être voté en assemblée générale. Finalement le déjeuner est maintenu et réunit quelques mondains nantis qui commentent la situation politique en attendant l'arrivée du lauréat. Sont présents Salvador Dali et sa femme Gala, le milliardaire J. Paul Getty et un inconnu, Aristide Aubuisson, notaire à Montargis rongé par le cancer. le lauréat n'est autre que Patrick Modiano récompensé pour son premier roman "La place de l'étoile". C'est un jeune romancier de 22 ans, grand, beau et timide. Un taiseux qui bafouille lorsqu'il doit parler en public. Ce déjeuner, semblable à aucun autre, sera dénommé le Déjeuner des barricades.

Pour Modiano la situation fait écho à la période de l'occupation qui l'obsède. En effet, en 1944 le Meurice a été le siège de la Kommandantur et le logement de fonction du général von Choltitz qui a refusé d'obéir aux ordres d'Hitler en mettant le feu à Paris. La situation lui évoque donc le Paris de l'Occupation et de la Libération.

Cette fiction basée sur des fait réels propose un thème original et attirant pour qui aime les livres et suit les prix littéraires.
Pauline Dreyfus y décrit avec une belle ironie le monde des écrivains et la haute opinion qu'ils ont d'eux mêmes, elle se moque gentiment de son milieu. Elle relate avec humour les relations entre les employés et la direction et va même jusqu'à décrire, au milieu de tout ce monde, un inspecteur des Renseignements Généraux venu vérifier si les riches clients n'étaient pas molestés par les employés révolutionnaires.
J'ai trouvé ce roman qui relate une "journée de fous" extrêmement plaisant. C'est une sorte de vaudeville qui ne tombe jamais dans le burlesque, il est très bien écrit, très précis et documenté. Il m'a fait passer un excellent moment, glissé entre deux lectures plus exigeantes.



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« Sous les pavés, les pages ».
Petit roman historique qui fait vrai ; très drôle, proche du vaudeville et souvent loufoque par ses personnages (vieux académiciens collabo sous la guerre, mécène inculte mais riche, pique-assiette littéraire, révolutionnaire vacillant et un génial Dalí !)
On y trouve beaucoup de contrastes pertinents sur la période : la jeunesse au sang versé dans les rues versus la bourgeoisie qui verse le champagne du côté des Tuileries; l'autogestion efficace du personnel versus l'anarchie du mois de mai (dans un pays où tous les commerces sont fermés, où l'essence manque et les touristes annulent les réservations).
Les parallèles entre les barricades de mai 68 et les barricades de la libération de Paris en 1944 sont très inspirants.
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Quand le monde feutré des palaces et des prix littéraires rencontre le tumulte et les revendications de mai 68 ! Une écriture légère et ironique qui n'épargne pas l'analyse des rapports de force de la société.
A la stupeur du directeur, les salarié.e.s déclarent le palace en auto-gestion - ce qui au final lui semble moins tragique que le sort de certains de ces collègues : certains salarié.e.s de palace se sont carrément déclaré.e.s en grève ! Heureusement (pour le directeur en tout cas) les salarié.e.s vont malgré tout tenir le déjeuner prévu pour la remise du prix littéraire.
Tout le roman se tient sur cette journée. Chacun y va de son point de vue sur le mouvement en cours et justifie (avec plus ou moins de bonne foi) sa position.
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Un soir de mai 1968, étudiant à Paris, j'ai été invité à dîner par un officier de l'armée française dans un appartement proche de l'avenue de Breteuil. Je l'entends encore fustiger avec amertume et colère les jeunes qui déshonoraient le drapeau français sur fond de mascarade révolutionnaire. de l'horizon sonore nous arrivaient, atténués par de lourds rideaux de velours, les échos des grenades lacrymogènes qui éclataient autour des barricades du quartier latin, quartier où j'étais la veille et où je serai le lendemain.
C'est à une évocation bien plus contrastée que nous invite Pauline Dreyfus. Prisonniers du Meurice, palace de la rue de Rivoli, des écrivains et leur mécène remettent ce jour-là le prix Roger-Nimier à un jeune homme timide et inconnu, auteur de "La place de l'étoile". L'atmosphère très particulière du palace occupé par le personnel et déserté par un nombre croissant de clients nous est décrite avec un humour entraînant. le burlesque y côtoie des observations pertinentes et, dans un tourbillon ingénieux, le mélange du vaudeville et de portraits malicieux élève la farce au niveau d'une agréable pièce de théâtre. L'unité de temps, de lieu et d'action y concourent.
le tour de force de l'auteure, née plus d'un an après ce fameux dîner, réside également dans son aptitude à nous conter cette histoire comme si elle avait elle-même assisté à ce fameux dîner ; on peut établir un parallèle avec le lauréat du prix décerné ce jour-là qui, lui aussi, fait référence dans son roman à des événements antérieurs à sa propre naissance.
Sans se prendre au sérieux, mais en s'appuyant visiblement sur une enquête minutieuse, Pauline Dreyfus nous enchante et nous divertit en décrivant cette journée de fous où, du fait de la fièvre révolutionnaire contagieuse, les rôles s'intervertissent entre le directeur du Meurice et la gardienne du vestiaire, tandis que Dali pardonne à son ocelot d'avoir profité du grand désordre et des coupures d'électricité pour dévorer un des pékinois de la mécène américaine...
Désopilante détente garantie !
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La journée du 22 mai 1968 à Paris, hôtel Meurice. Ce jour-là, un déjeuner offert par Florence Gould, la milliardaire américaine, doit réunir des écrivains pour fêter Patrick Modiano qui vient de recevoir le prix Roger-Nimier. Vu les événements, l'hôtel est en pleine effervescence. Les employés ont voté pour l'autogestion. Toutefois le déjeuner sera maintenu à tout prix.
Ce roman est écrit de manière fort plaisante. Il fourmille d'anecdotes sur les célébrités de l'époque qui se retrouvent au Meurice. On espère toutefois que l'auteur s'est mieux informée qu'à la page 145 où elle fait participer Apollinaire à un dîner au même endroit en 1935, alors qu'il est mort en 1918. Les passages sur von Choltitz qui refusa de détruire Paris sont très réussis. L'atmosphère de mai 1968 est bien rendue. Un excellent divertissement qui procure une bonne soirée de lecture sans autre prétention.
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▶️22 mai 1968 ; la France est à l'arrêt, les étudiants sont dans la rue, les pavés volent à St Germain des près, les grèves et les occupations d'usines paralysent le pays, plus d'essence et plus de transports en commun : le parlement est réuni pour voter une motion de censure contre le gouvernement de Georges Pompidou - bref, c'est la chienlit, comme disait le Général de Gaulle!...
▶️ Ce même jour, doit être remis à l'hôtel Meurice, le prix littéraire Roger NIMIER - prix crée, déjeuner orchestré et chèque remis par Florence Gould, riche veuve américaine qui se pique d'être l'amie et la mécène du monde des lettres..
▶️Dans le jury, la fine fleur des Hussards, ce mouvement littéraire crée dans les années 50 qui prône un style vif et enlevé, le sens de la formule, l'anticonformisme et l'impertinence - bref, tout ce qui s'oppose à l'existentialisme : dans le jury, donc, Paul Morand, Jacques Chardone, Marcel Jouhandeau, Blondin, Guimard et quelques autres, qui ont tous une haute opinion d'eux-mêmes et une condescendance affichée pour ne pas dire un certain mépris pour les jeunes en général et plus encore pour les manifestations et déprédations bruyantes de mai 68...
▶️Le lauréat du prix Roger Nimier 1968 est un tout jeune auteur, tout en longueur, très effaçé, Patrick Modiano, 22 ans, dont c'est le tout 1er roman, «Place de l'étoile », et qui n'en revient pas d'être là...
▶️Dans l'hôtel, quelques clients célèbres, Salvador Dali, fantasque comme on l'imagine, Jean-Paul Getti, milliardaire pingre et apeuré par les événements...
▶️Et le personnel de l'hôtel, qui pour pour être solidaire avec les grévistes et pour faire bonne mesure, vote l'autogestion et destitue le directeur...
▶️Une immersion dans une autre époque et la confrontation entre la jeunesse idéaliste de 68 et la vieille garde de la littérature d'alors, qui a oublié qu'elle a été jeune elle aussi, un jour... - le choc des valeurs et des cultures...
▶️De très belles pages également sur l'histoire de l'hôtel Meurice, qui servi notamment de QG aux SS durant la guerre...
▶️Des portraits savoureux et décapants - Florence Gould, Salvador Dali, Jean-Paul Getti, Paul Morand, qui tous n'entendent rien céder de leurs statuts et de leurs privilèges à cette nouvelle jeunesse désordonnée et envahissante....
▶️ Un roman drôle et caustique autant qu'une satire des vanités...Une écriture enlevée, digne des Hussards!, un livre alerte, érudit et réjouissant !!!...
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Petit ouvrage bien sympathique qui relate une journée dans un hôtel de luxe au moment des événements de mai 68.
Mêlant adroitement la réalité historique à la fiction Pauline Dreyfus nous plonge rue de Rivoli dans un hôtel Meurice en plein délire .La remise du prix littéraire Roger-Nimier doit avoir lieu lors d'un diner mais le personnel a décidé d'appliquer l'autogestion on vole bien évidement de catastrophe en catastrophe . C'est amusant , sans prétention , jamais caricatural et surtout très bien écrit . Lecture agréable qui m'a mis de bonne humeur et rafraichi la tête entre deux lectures plus "noires" .
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Unité de temps, de lieu et d'action : le théâtre (c'est le mot qui convient) de ce roman qui brode autour de la réalité historique est l'hôtel Meurice et l'auteure relate ce qui aurait pu s'y passer tout au long de la journée du 22 mai 1968, en pleine grève générale. La date n'est pas anodine : c'est ce jour-là, en effet, qu'est mise aux voix, au parlement, la motion de censure déposée par l'opposition de gauche. Et c'est le même jour que doit être décerné le prix littéraire Roger-Nimier dont le lauréat est un tout jeune écrivain qui lui aussi brode beaucoup autour de son propre vécu : Patrick Modiano. La remise du prix – et du chèque correspondant, qui sera le bienvenu pour un Modiano complètement dans la dèche – a lieu au cours d'un déjeuner au Meurice car Florence Gould, la richissime Américaine qui signe le chèque, y demeure et tient salon à l'année. Or le palace fonctionne en autogestion depuis la veille, le pays est paralysé et personne ne sait le matin si le déjeuner aura bien lieu : l'approvisionnement comme les transports en France et dans Paris sont "compliqués". Il aura lieu, le personnel l'a voté en assemblée générale.
Parmi les savoureux portraits agrémentant le récit de cette journée hors du commun, je retiendrai pour des raisons qui me sont propres celui de ce notaire de Montargis en retraite qui, se sachant condamné par un cancer, a décidé de s'offrir un petit séjour dans un palace parisien. Invité au déjeuner du prix Roger-Nimier, il est un des seuls à avoir lu le livre de Modiano, "La Place de l'Étoile", et il s'est dit qu'il pourrait lui raconter, à toutes fins utiles, l'histoire de ces juifs qu'il a connus à Paris dans sa jeunesse, les Bruder, dont la fille Dora avait un jour disparu...
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Une vision originale sur mai 68 au travers de ce huis clos dans un palace parisien. On y croise une variété de personnages réels ( S. Dali notamment) et des personnages de fiction.
L'atmosphère qui régnait à cette époque est bien reconstituée (grèves, autogestion, mise à pied des directions, pas de portable mais un transistor pour suivre l'actualité, ...) et la tenue de ce repas "prix littéraire" apporte un petit côté cocasse à ce roman.
Un petit roman sans trop de prétentions mais agréable à lire.
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