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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Sous les pavés, les pages ».
Petit roman historique qui fait vrai ; très drôle, proche du vaudeville et souvent loufoque par ses personnages (vieux académiciens collabo sous la guerre, mécène inculte mais riche, pique-assiette littéraire, révolutionnaire vacillant et un génial Dalí !)
On y trouve beaucoup de contrastes pertinents sur la période : la jeunesse au sang versé dans les rues versus la bourgeoisie qui verse le champagne du côté des Tuileries; l'autogestion efficace du personnel versus l'anarchie du mois de mai (dans un pays où tous les commerces sont fermés, où l'essence manque et les touristes annulent les réservations).
Les parallèles entre les barricades de mai 68 et les barricades de la libération de Paris en 1944 sont très inspirants.
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Quand le monde feutré des palaces et des prix littéraires rencontre le tumulte et les revendications de mai 68 ! Une écriture légère et ironique qui n'épargne pas l'analyse des rapports de force de la société.
A la stupeur du directeur, les salarié.e.s déclarent le palace en auto-gestion - ce qui au final lui semble moins tragique que le sort de certains de ces collègues : certains salarié.e.s de palace se sont carrément déclaré.e.s en grève ! Heureusement (pour le directeur en tout cas) les salarié.e.s vont malgré tout tenir le déjeuner prévu pour la remise du prix littéraire.
Tout le roman se tient sur cette journée. Chacun y va de son point de vue sur le mouvement en cours et justifie (avec plus ou moins de bonne foi) sa position.
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Mai 68 :un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître; comme disait la chanson.
Mai 68 c'est une révolte, dans le quartier Latin mais pas que ( nous l'avons vécu en direct de notre balcon à République, les arbres et les voitures flambaient).
Mai 68 vu par Pauline Dreyfus c'est un mouvement social des personnels
dans les salons feutrés du Palace le Meurice mais qui ne vont pas jusqu'à annuler la remise d'un prix littéraire remis à Patrick Modiano , jeune écrivain d'une vingtaine d'année, pour son premier roman "La Place de l'Etoile".

Cette journée restera comme celles du 1er de l'an au Moyen-âge quand, pour 24h, les rôles et les rangs étaient inversés.

Une description du mouvement étudiant pour un avenir meilleur calqué aux personnels du Palace qui en ce jour des fous remet aussi en cause ses acquis et son destin.

Une lecture plaisante avec une pointe d'ironie mais aussi de bienveillance.
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Ce déjeuner est délicieux. Il en émane un charme très plaisant à l'évocation de mai 68 vu du palace parisien le Meurice où doit avoir lieu la remise du prix littéraire Roger-Nimier,l'un des rares prix de printemps, financé et organisé par la milliardaire Florence Gould, elle-même pensionnaire permanente du Meurice. Tout ça au cours d'un déjeuner prestigieux avec les membres du jury, Blondin, Jouhandeau, Morand, peu suspects de gauchisme, un aréopage très masculin, et quelques invités de passage dont Dali, son épouse Gala et son ocelot Babou. On attend le lauréat, un tout jeune auteur qu'on nobélisera cinquante ans plus tard.

Seul écueil, de taille, en ce joli mai Paris est en rade et le Meurice...plus ou moins en autogestion. Les clients, sultan de Zanzibar, maharadjah de Kapurthala, ne sont plus là. de toute façon ni trains ni avions ne condescendent à fonctionner. Rares sont les taxis. Et puis il y a plus de vingt ans que l'on ne croise plus au Meurice le maréchal von Choltitz se demandant Paris brûle-t-il? L'auteure explore pour nous les arcanes du palace en mode mineur. le directeur n'étant plus reconnu, plus grand-chose n'étant reconnu dans Paris, le maître d'hôtel en chef et le concierge assurent tant bien que mal un fantomatique service. L'un penchant pour ce magnifique élan populaire, l'autre le déplorant. Moi, moi qui vous parle, je n'étais plus étudiant, il n'y avait plus d'études que la SNCF de toute façon m'interdisait, comme la pénurie d'essence. Donc moi je ne penchais pas. Je ne penche toujours pas, enfin pas sur ce sujet.

La tendance du roman lorgne vers le burlesque avec des scènes surréalistes étonnantes bien que ces quelques semaines printanières autorisent pas mal de licences. Il était interdit d'interdire. On a surtout oublié d'interdire la bêtise, incommensurable et tellement partagée. Les directeurs de palaces se réunissent au Fontainebleau, luxueux bar du Meurice. Ils s'appellent par leur raison sociale, un, enfin plusieurs cocktails pour Ritz, pour Plaza, pour Bristol, pour Crillon. Charmeuse, un des quatre pékinois de la milliardaire, aura maille à partir avec Babou le félin du moustachu catalan perpignanocentré. de littérature pour ce prix Roger-Nimier il n'est guère question. Florence ne lit jamais. Morand est surtout assez satisfait des ennuis de De Gaulle, Morand qui fut loin d'être résistant. Blondin ne craint que le rationnement liquide.

Pas de belons au menu non plus. Mondanités et ragots, mais dans la soie. le lauréat, famélique et bégayant, est devenu depuis l'un des plus grands écrivains français, même s'il se voit parfois reprocher d'écrire toujours le même livre. Patrick! Pas tout à fait faux.

Ritz n'a encore rien dit. C'est tout de même une référence dans la profession. Ritz a un ascendant certain sur ses confrères, auréolé qu'il est par le génie maladif de Proust et le courage alcoolisé d'Hemingway. Même en tournant toutes le pages de leurs livres d'or, aucun de ses homologues ne peut se vanter d'un passé aussi chic. Son nom est l'antonomase des palaces. Fitzgerald n'a pas écrit Un diamant gros comme le Bristol ou comme le Plaza. Non, il a écrit Un diamant gros comme le Ritz. C'est à vous rendre jaloux quand on fait le même métier. Dans ce syndicat qui n'en est pas un il fait figure de chef.

Plongez dans le quotidien exceptionnel du célèbre établissement. Au menu du Déjeuner des barricades, à défaut du luxe étoilé des autres années, un millésime d'humour et de fantaisie de très bon aloi, orchestré par une Pauline Dreyfus très affutée en maîtresse de (grande) maison.
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▶️22 mai 1968 ; la France est à l'arrêt, les étudiants sont dans la rue, les pavés volent à St Germain des près, les grèves et les occupations d'usines paralysent le pays, plus d'essence et plus de transports en commun : le parlement est réuni pour voter une motion de censure contre le gouvernement de Georges Pompidou - bref, c'est la chienlit, comme disait le Général de Gaulle!...
▶️ Ce même jour, doit être remis à l'hôtel Meurice, le prix littéraire Roger NIMIER - prix crée, déjeuner orchestré et chèque remis par Florence Gould, riche veuve américaine qui se pique d'être l'amie et la mécène du monde des lettres..
▶️Dans le jury, la fine fleur des Hussards, ce mouvement littéraire crée dans les années 50 qui prône un style vif et enlevé, le sens de la formule, l'anticonformisme et l'impertinence - bref, tout ce qui s'oppose à l'existentialisme : dans le jury, donc, Paul Morand, Jacques Chardone, Marcel Jouhandeau, Blondin, Guimard et quelques autres, qui ont tous une haute opinion d'eux-mêmes et une condescendance affichée pour ne pas dire un certain mépris pour les jeunes en général et plus encore pour les manifestations et déprédations bruyantes de mai 68...
▶️Le lauréat du prix Roger Nimier 1968 est un tout jeune auteur, tout en longueur, très effaçé, Patrick Modiano, 22 ans, dont c'est le tout 1er roman, «Place de l'étoile », et qui n'en revient pas d'être là...
▶️Dans l'hôtel, quelques clients célèbres, Salvador Dali, fantasque comme on l'imagine, Jean-Paul Getti, milliardaire pingre et apeuré par les événements...
▶️Et le personnel de l'hôtel, qui pour pour être solidaire avec les grévistes et pour faire bonne mesure, vote l'autogestion et destitue le directeur...
▶️Une immersion dans une autre époque et la confrontation entre la jeunesse idéaliste de 68 et la vieille garde de la littérature d'alors, qui a oublié qu'elle a été jeune elle aussi, un jour... - le choc des valeurs et des cultures...
▶️De très belles pages également sur l'histoire de l'hôtel Meurice, qui servi notamment de QG aux SS durant la guerre...
▶️Des portraits savoureux et décapants - Florence Gould, Salvador Dali, Jean-Paul Getti, Paul Morand, qui tous n'entendent rien céder de leurs statuts et de leurs privilèges à cette nouvelle jeunesse désordonnée et envahissante....
▶️ Un roman drôle et caustique autant qu'une satire des vanités...Une écriture enlevée, digne des Hussards!, un livre alerte, érudit et réjouissant !!!...
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Un soir de mai 1968, étudiant à Paris, j'ai été invité à dîner par un officier de l'armée française dans un appartement proche de l'avenue de Breteuil. Je l'entends encore fustiger avec amertume et colère les jeunes qui déshonoraient le drapeau français sur fond de mascarade révolutionnaire. de l'horizon sonore nous arrivaient, atténués par de lourds rideaux de velours, les échos des grenades lacrymogènes qui éclataient autour des barricades du quartier latin, quartier où j'étais la veille et où je serai le lendemain.
C'est à une évocation bien plus contrastée que nous invite Pauline Dreyfus. Prisonniers du Meurice, palace de la rue de Rivoli, des écrivains et leur mécène remettent ce jour-là le prix Roger-Nimier à un jeune homme timide et inconnu, auteur de "La place de l'étoile". L'atmosphère très particulière du palace occupé par le personnel et déserté par un nombre croissant de clients nous est décrite avec un humour entraînant. le burlesque y côtoie des observations pertinentes et, dans un tourbillon ingénieux, le mélange du vaudeville et de portraits malicieux élève la farce au niveau d'une agréable pièce de théâtre. L'unité de temps, de lieu et d'action y concourent.
le tour de force de l'auteure, née plus d'un an après ce fameux dîner, réside également dans son aptitude à nous conter cette histoire comme si elle avait elle-même assisté à ce fameux dîner ; on peut établir un parallèle avec le lauréat du prix décerné ce jour-là qui, lui aussi, fait référence dans son roman à des événements antérieurs à sa propre naissance.
Sans se prendre au sérieux, mais en s'appuyant visiblement sur une enquête minutieuse, Pauline Dreyfus nous enchante et nous divertit en décrivant cette journée de fous où, du fait de la fièvre révolutionnaire contagieuse, les rôles s'intervertissent entre le directeur du Meurice et la gardienne du vestiaire, tandis que Dali pardonne à son ocelot d'avoir profité du grand désordre et des coupures d'électricité pour dévorer un des pékinois de la mécène américaine...
Désopilante détente garantie !
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Petit ouvrage bien sympathique qui relate une journée dans un hôtel de luxe au moment des événements de mai 68.
Mêlant adroitement la réalité historique à la fiction Pauline Dreyfus nous plonge rue de Rivoli dans un hôtel Meurice en plein délire .La remise du prix littéraire Roger-Nimier doit avoir lieu lors d'un diner mais le personnel a décidé d'appliquer l'autogestion on vole bien évidement de catastrophe en catastrophe . C'est amusant , sans prétention , jamais caricatural et surtout très bien écrit . Lecture agréable qui m'a mis de bonne humeur et rafraichi la tête entre deux lectures plus "noires" .
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La journée du 22 mai 1968 à Paris, hôtel Meurice. Ce jour-là, un déjeuner offert par Florence Gould, la milliardaire américaine, doit réunir des écrivains pour fêter Patrick Modiano qui vient de recevoir le prix Roger-Nimier. Vu les événements, l'hôtel est en pleine effervescence. Les employés ont voté pour l'autogestion. Toutefois le déjeuner sera maintenu à tout prix.
Ce roman est écrit de manière fort plaisante. Il fourmille d'anecdotes sur les célébrités de l'époque qui se retrouvent au Meurice. On espère toutefois que l'auteur s'est mieux informée qu'à la page 145 où elle fait participer Apollinaire à un dîner au même endroit en 1935, alors qu'il est mort en 1918. Les passages sur von Choltitz qui refusa de détruire Paris sont très réussis. L'atmosphère de mai 1968 est bien rendue. Un excellent divertissement qui procure une bonne soirée de lecture sans autre prétention.
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Mercredi 22 mai 1968, Paris. Alors que la France est paralysée par les manifestations et les grèves, le déjeuner que doit donner Florence Gould à l'hôtel Meurice pour la remise du prix Roger-Nimier parait bien compromis. En effet, la veille, le personnel de l'hôtel a, par motion, voté l'autogestion, reléguant le directeur dans son bureau, désoeuvré et incertain du futur cours des évènements. Mais autogestion ne veut pas dire grève et la vie de l'hôtel continue, chacun exerçant ses fonctions comme il lui sied, conscient malgré tout de l'importance de ses responsabilités. La tenue du déjeuner est donc votée par l'assemblée du personnel, comme une preuve de la capacité de l'équipe à s'autogérer et à maintenir le niveau du palace dans ces temps troublés. Mais d'autres difficultés doivent être résolues, comme celle de l'approvisionnement des victuailles pour composer un menu digne de ce nom ou comme le casse-tête de réunir auprès de la milliardaire et autour du lauréat du prix un nombre suffisant de convives, la plupart des invités habituels ayant renoncé à faire le déplacement ou étant dans l'impossibilité de le faire en raison des perturbations dans les transports. Heureusement, il reste quelques personnalités de marque dans l'hôtel, comme Salvador Dalí ou le milliardaire américain J. Paul Getty et s'il le faut, l'on conviera aussi les autres occupants de l'établissement, comptant sur leur bonne éducation et leur capacité à s'intégrer au groupe d'intellectuels réunis pour l'occasion.

Je ne connaissais pas Pauline Dreyfus et je la découvre avec ce roman plein de fantaisie, bourré d'humour et néanmoins très instructif puisqu'elle évoque, au delà des évènements de 68, la façon dont, en 1944, l'amiral Choltitz, logé au Meurice, désobéit à Hitler et épargna Paris en refusant d'ordonner son bombardement. Autre sujet de satisfaction avec ce livre, c'est que le lauréat du prix Roger-Nimier en 1968 était Patrick Modiano pour son roman La place de l'étoile, et qu'il est vraiment intéressant de retrouver le tout jeune auteur à l'élocution déjà hésitante comme l'un des personnages de cette histoire. Il n'est d'ailleurs pas le seul, puisque l'on côtoie aussi Paul Morand, Jacques de Lacretelle, Marcel Jouhandeau parmi les convives. Et puis, il y a aussi l'envers du décor, les employés du palace que l'on suit au cours de cette journée peu ordinaire, ceux que l'on ne voit jamais d'habitude, qui se doivent d'être transparents pour les occupants tout en assurant leurs fonctions, et qui réagissent, chacun à leur manière, à la nouvelle organisation du travail dans l'hôtel.

Bref, une réussite que ce roman que je recommande vivement !

Lien : http://ruedesiam.blogspot.co..
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Après « Ce sont des choses qui arrivent », j'ai eu un grand plaisir à retrouver cette auteure. Elle a un ton bien à elle pour évoquer les petits travers des « grandes » heures de gloire de la France, et même le tragique prend un air quelque peu ridicule. Nous sommes en Mais 1968, le 22 pour être précis. Tout Paris retentit de la révolte étudiante et subit les contraintes de la grève générale qui paralyse l'approvisionnement et les transports. Tout Paris, soit mais qu'en est-il des hôtels de luxe et du personnel peu formé pour exprimer des opinions personnelles et encore moins libertaires. Que pense donc, le personnel et les habitués du Meurice ? Son décor n'inspire pas la contestation Peu de problèmes résistent à l'alcool et à l'argent. C'est la morale de ce roman. Sans doute vous serez vite curieux de connaître le romancier récompensé, comme l'ex ministre de la culture Fleur Pellerin, les vieux compagnons de table de Florence ne l'ont pas lu et seraient bien en peine de parler de son livre. En mai 1968 le prix Roger Nimier a été attribué à Patrick Modiano, et ce prix lui a été remis par des écrivains proches de la collaboration. Pauline Dreyfus a un vrai talent pour faire revivre ces gens si riches et si oisifs, elle ne les charge pas mais rend bien leurs aspects superficiels. Et son talent ne s'arrête pas à « croquer » caprices des gens trop riches avec humour,(la scène du repas de l'ocelot de Salvador Dali est aussi cruelle que drôle !)
Lien : http://luocine.fr/?p=9072
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