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EAN : 9782330086312
128 pages
Actes Sud (01/11/2017)
4/5   4 notes
Résumé :
À Vienne, la valse a un nom : Strauss ! De Johann père à Johann fils en passant par Josef ou Eduard, c'est aussi l'histoire d'une famille où tout n'a pas été bleu comme le Danube et où le chic et la chance ont parfois croisé le douloureux et le sordide sans se calquer, loin s'en faut, sur le célèbre rythme à trois temps. En parcourant l'histoire du XIXe siècle (Johann Strauss père naît en 1804, Johann Strauss fils meurt en 1899), c'est une sorte de roman de Vienne, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La valse a-t-elle trop duré ? Régné trop longtemps ? Un peu - beaucoup... trop... de plaisir dans l'ivresse d'une Vienne qui se mentait à elle-même : la Sécession n'allait pas tarder à mettre fin à cette fête permanente, faite d'illusions, de faux-semblants, et faire craquer ce moule juste avant le cataclysme de 1914 ; et pourtant, la défaite de Sadowa aurait dû constituer une alerte. Mais les Viennois regardaient ailleurs. Ils pensaient que les réjouissances et festivités - "les plaisirs et les jours" dureraient toujours.
Aujourd'hui, on regarde tout cela avec plus qu'un brin de nostalgie, et les airs de valse résonnent à nos oreilles comme des souvenirs évanouis, et elle revient la Belle danseuse au bois dormant pour un éphémère Concert du Nouvel An censé inaugurer une année de bonheur et de prospérité, alors que le monde tout autour bouge, craque et devient de plus en plus menaçant. Tout comme sous les Strauss, Vienne retient l'attention pendant un moment.
Puis, tout nous revient, dès le lendemain, et la dure réalité.
Alors, entrons dans la danse, et oublions ce qui ne va pas, pour nous enivrer de belle musique et de bon vin en nous imaginant pénétrer dans la salle du Musikverein.

J'aime beaucoup moi aussi ce bel air de fête, et je m'y abandonne, comme tout un chacun. Et rituellement, je communie lors de cette grand' messe qui nous réunit nombreux, pour ne pas dire tous, autour du petit écran qui, avec le temps, devient bien plus grand. Alors que préférez-vous : le Beau Danube qui n'est pas très bleu, la Marche de Radetzky, la si jolie valse de l'Empereur, ou quelle autre encore, toutes, c'est vrai, nous entraînant, toutes nous appelant à virevolter enlacés corps à corps dans le bal le mieux costumé au monde.

Les Strauss père et fils, avec et après Lanner, ont fait danser tout Vienne et tout le (beau) monde, tout le "gratin" mondain et international a adopté la valse, devenue symbole et synonyme de fête sur tous les continents.
Le père a réussi, y compris à cocufier sa femme, et à faire de nombreux enfants aussi bien avec sa maîtresse qu'avec son épouse. Si l'on gratte un peu le vernis, apparaît bientôt une réalité dérangeante. Mais la légende perdure, elle est tenace, car l'oeuvre des Strauss est sans doute plus belle que leur vie. le fils, poussé par sa première compagne Henrietta, composera La Chauve-Souris, puis se remariera très vite après la disparition de son épouse, mais, malheureux comme les pierres, et empêché par l'Église catholique de divorcer pour pouvoir convoler en troisièmes noces avec Adèle, il passera au protestantisme.
La musique des Strauss demeure et elle accomplit le miracle d'avoir réuni dans une même vénération Johannes Brahms et Richard Wagner, dont les partisans respectifs se déchiraient par ailleurs à belles dents. Qui n'aime pas la valse ? Impossible d'échapper à tant de beauté légère et à tant de grâce.
Champagne !
Et bravo à Alain Duault pour ce très beau livre.
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Je m'étais promis de lire cette biographie de la Strauss company lors d'une fin d'année, un peu avant le concert du nouvel an à Vienne. Promesse tenue !! (après plusieurs années d'échec quand même).

J'adore cette musique entrainante qu'est la valse, mais je ne connaissais absolument rien de leur vie. Johann père, Johann fils, Josef, je les mélangeais tous et je ne savais pas qui avait composé quoi.
Alain Duault remédie à ce manque avec grand brio. Je découvre au passage un véritable auteur qui sais faire passer l'émotion qu'il ressent grâce à la musique. A travers ses mots, la valse devient une danse charnelle, presque érotique, qui pour la première fois fait enfin parler les corps. Homme et femmes se touchent, s'envolent dans des tournis insensés ; les couples doivent faire leur place sur la piste. Terminé les lignes ordonnées des menuets et autres danses calibrées comme les jardins de Versailles où c'est à peine si les mains s'effleuraient.
Grâce à Johann Strauss père, puis Johann fils et ses frères Josef et Eduard, la joie de la danse envahit l'Europe au grand dam des bien-pensants qui voient dans la valse « une indécente et abominable façon de faire tourner les femmes ». C'est fou ce que cela rappelle l'impact du rock dans les années 1950. Personnellement, c'est à travers le rock que mon corps préfère s'exprimer, court-circuitant mon esprit qui prend des vacances. Je comprends tout à fait ce sentiment qui a fait vibrer d'abord les Viennois.
Johann Strauss fils a aussi écrit des opérettes – la plus célèbre étant la Chauve-Souris. Je l'ignorais même si je connaissais l'air de l'ouverture.

Mais les relations familiales n'auront pas été de tout repos. Johann père menait une double vie et considérera d'emblée son fils Johann comme un concurrent. Ce dernier devra faire son Oedipe pour exister. Johann fils est probablement le plus talentueux de la fratrie ; et Eduard en éprouvera toujours une certaine amertume haineuse. Apparemment, à la mort de son frère Johann il brûla ses compositions non encore publiées. Quant à Josef, il aurait préféré être ingénieur mais il se tuera quasiment aux tâches de composition et de chef de l'orchestre familial que Johann fils dirigeait comme une entreprise.

Alain Duault ne manque pas de doubler les biographies de la vie politique du 19ème siècle. La découverte de la valse par la diplomatie européenne au congrès de Vienne donne une dimension festive à cet événement historique. Lors des révolutions de 1848, Johann père le conservateur et Johann fils le républicain s'opposent. le père écrira à cette occasion son oeuvre la plus célèbre : la Marche de Radetzky. Johann fils est aussi le porte-étendard de luxe de la diplomatie autrichienne qui recherche l'alliance de la France pour réduire la menace de la Prusse de Bismarck. A l'occasion de l'exposition universelle de Paris de 1867 nait (renait en fait) le Beau Danube Bleu. La valse « symphonique » est née.

La longue chronologie des Strauss et leur temps balaie le 19ème siècle sur près d'un tiers du livre. Elle n'est pas essentielle pour une première lecture. Je la considère plutôt comme une référence sur laquelle revenir si nécessaire.

Cette biographie excellente sera bonifiée par une écoute parallèle des oeuvres des Strauss. Pour ma part, j'ai hâte d'être au 1er janvier pour le concert du nouvel an.
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Une dynastie, les Strauss ? C'est plus compliqué que ça, mais cette famille de musiciens a fait danser Vienne et l'Europe entière durant tout le XIXe siècle, c'est certain. Alain Duault dresse le portrait de ces deux Johann, père et fils, qui ont consacré leur vie à la musique et fait de la valse une danse universelle. Il nous raconte des anecdotes marquantes, assorties d'une solide discographie.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tout va changer avec le fameux congrès de Vienne, du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815, qui va réunir les pays vainqueurs de Napoléon, ainsi que les autres États européens qui vont devoir rédiger et signer les conditions d'une paix durable et donc déterminer les frontières censées garantir un nouvel ordre pacifique... C'est donc une énorme manifestation, qui attire des centaines de diplomates et leurs suites, pour lesquelles on organise mille et un divertissements, dont, bien sûr (on est à Vienne !), des bals. On se souvient de la réponse du prince de Ligne qu'on interrogeait sur ce congrès censé forger cette Sainte-Alliance politique réunie contre Napoléon : "Comment va le congrès ? Le congrès ne va pas, il danse !..."
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Un jour pourtant qu'il passe en coup de vent à la maison familiale, Strauss surprend son fils en train de travailler son violon : hors de lui, il hurle, l'insulte, le frappe, Anna (la mère) doit s'interposer. C'est une sorte d'hystérie qui semble le prendre, ou un pressentiment négatif, à l'idée que son fils puisse marcher sur ses brisées. Il ordonne d'ailleurs aussitôt à son impresario d'avertir toutes les grandes salles de bal de Vienne que si, un jour, ils accueillaient son fils, lui ne remettrait plus les pieds dans la salle ainsi souillée !
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Au milieu des années 1840, la révolution gronde à Vienne comme à travers toute l'Europe, le mot de "liberté" est devenu l'étendard sous lequel ouvriers, paysans, étudiants, commerçants, bourgeois, tous se liguent contre les institutions qu'ils jugent moyenâgeuses... A Vienne, la marmite chauffe, les balles sifflent, les émeutes, les barricades, les incendies, les pillages, tout l'attirail habituel des révolutions se met en branle. Metternich, le prince honni, doit s'enfuir, caché dans une corbeille à linge, et se réfugie en Angleterre.
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Surtout, il y a la jeune fille de dix-neuf ans qui s'apprête à devenir la reine Victoria : elle est folle de danse et, au grand bal de la cour, à Buckingham Palace, elle valse avec un bonheur qui rayonne sur la musique que Johann, son violon calé sous la joue et le manche pointé victorieusement vers le ciel, ne semble jouer que pour elle.
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Présentation de Don Giovanni par Alain Duault.
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