Un roman de terroir de temps à autre, ça fait du bien. Surtout quand il est autobiographique comme celui-là. Avec cet ouvrage tiré des carnets d'une paysanne, on est certes loin des Carnets de Camus quant à la culture philosophique et la profondeur de l'expression mais il y a certainement autant de sincérité, de bon sens, d'authenticité dans cet ouvrage. Autant d'humanité surtout, plutôt que d'humanisme, dernière notion dont la connotation perd en désintéressement ce qu'elle gagne en valeur intellectuelle.
La Vallée des cyclamens nous fait prendre une bouffée d'air pur des montagnes sur le parcours de vie d'une paysanne des Bauges, entre les lacs savoyards, au milieu du XXème siècle.
Yvonne Dubois nous dit l'amour des siens en premier lieu. Un amour pudique qui s'exprime par des gestes attentionnés, de la compréhension silencieuse, de l'inquiétude plus que par des mots. Elle nous dit l'amour de ses montagnes, l'amour de ses animaux aussi, ce qui est plutôt rare à la campagne où ces derniers n'ont habituellement pas le beau rôle. Elle nous décrit une ambiance de solidarité avec les gens de la même condition, d'entraide avec les vieux gagnés par la crainte de tout quand le corps vieillissant leur a volé la belle assurance de leur jeunesse.
Point d'intrigue à suspens, d'histoire à rebondissements dans cet ouvrage. C'est la vie simple d'une femme qui exprime la difficulté de la vie paysanne sans oublier de dire qu'elle la préfère à la vie citadine.
Yvonne Dubois nous délivre un ouvrage vrai, stimulant, réconfortant en dépit des aléas de la vie, dans lequel on perçoit son engagement au service de sa communauté familiale et rurale.