Sujet de philo : peut-on être et avoir été ? Dans ce court récit,
André-Joseph Dubois couche les réflexions d'un homme sans identité, tiraillé entre ses origines et son statut actuel.
Suite à une dépression, un professeur de lettres se met à tenir un journal où passé et présent se mélangent. Il relate son enfance au pied d'un terril, là-haut en Wallonie, au sein d'une famille ouvrière, et comment il a pu quitter son milieu grâce à ses brillantes études littéraires. Mais malgré ses efforts, son milieu continue de lui coller au corps ; peut-on vraiment se réinventer ?
Evidemment, Bourdieu est cité en exergue de ce roman écrit en 1981. Mais le coeur du livre est la langue française, et Dubois démontre combien sa maîtrise, pour le narrateur, devient un marqueur social et le symbole de son ascension -surtout, oublier le patois familial et effacer son accent. Mais ce qu'il relate du présent dans son beau langage est vide de sens et d'émotion, comme s'il était étranger à sa propre vie, trop occupé à trainer le boulet de son passé -ou de la culpabilité de sa réussite ?
Dans ce roman, il est donc question de névrose de classe, mais je n'adhère plus à cette vision trop sombre du positionnement face à l'héritage culturel. Ce que j'ai le plus apprécié est la façon dont la langue française est valorisée dans sa forme la plus pure, surtout à une époque où nos Présidents de la République se piquent de parler "peuple" ("On se demande c'est à quoi ça leur a servi").
Pour les amoureux de la belle langue...