La Première Guerre mondiale s'enlise dans les tranchées et la baronne de Pomfrougnac a décidé d'honorer le soldat Carapat, à la suite d'un pseudo-concours organisé par « les marraines de France » (il va sans dire que le triomphe et la gloire doivent rejaillir sur la baronne) Ce soldat inconnu a été choisi par une voyante excentrique, Madame Zaza, et c'est cette dernière qui est chargée d'aller, sur le front, lui donner sa décoration. Pour cela, elle sera accompagnée de Louise, la dame de compagnie de la baronne, du lieutenant Trouffon, et du colosse au coeur tendre Shrapnel. Cet équipage hétéroclite et haut en couleur se lance dans un voyage picaresque vers le front et les personnages font des rencontres insolites, troupe de cirque, ferme collective avec un agriculteur philosophe lisant le « manifeste du parti communiste »… et on se rapproche peu à peu du théâtre des événements, les tranchées.
Le propos est clairement antimilitariste, le langage, très cru, permet une dénonciation de l'absurdité et de l'horreur de la guerre. le coup de crayon, épais, avec des personnages « taillés à la serpe », les couleurs tirant sur le rouge ou le sombre, tout cela contribue à nous plonger dans un univers brutal, grotesque parfois, où pourtant, la tendresse, le courage et l'humanité se font jour. Tous les personnages ne sortiront pas indemnes de l'aventure, mais tous évoluent, à l'image de Louise, qui d'effacée qu'elle était devant sa maîtresse la baronne, se métamorphose en une porte-parole de la paix et de la fraternité.
On ne peut s'empêcher de penser à « Voyage au bout de la nuit » en lisant cette bande-dessinée. Je songe même à utiliser une ou deux planches avec mes élèves pour évoquer les différents moyens de dénoncer la guerre. Je ne mets que 4 étoiles au lieu de 5 car j'ai un peu moins accroché aux dessins qu'au scénario, dont j'ai apprécié la grande originalité pour traiter un sujet que l'on pense toujours bien connaître.
Merci à Babelio et aux éditions Jungle RamDam pour m'avoir permis de découvrir cet album lors de la dernière masse critique « bandes dessinées ».
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La baronne de Pomfrougnac, pour redorer le blason de son association des marraines de soldats, décide de frapper un grand coup en glorifiant un soldat inconnu du front. Ce sera le soldat Carapat. Pour parvenir à son but, elle monte une expédition des plus insensées: elle-même, une voyante grotesque, une gueule cassée plus que cassée, Louise, une jeune femme très effacée aux ordres de la baronne et un lieutenant gratte-papier du ministère des armées. Tout ce petit monde part donc pour le front pour retrouver ce fameux soldat. Sauf que bien sûr le voyage ne va pas se passer totalement comme prévu.
Cette aventure est plutôt sympathique, assez pittoresque avec ses personnages hauts en couleur. Louise, par exemple, est une jeune femme plus qu'effacée au début du voyage. Mais au fil des rencontres qu'ils font, elle va progressivement s'affirmer, assumer ses opinions et finir torse nu, les seins à l'air pour crier son refus de cette guerre. de même, Shrapnel, la gueule cassée, est présenté au début comme une grosse brute ignare et sans cervelle. Puis, au fil du récit, on voit des sentiments naître en lui, notamment envers Louise qu'il prend sous son aile, et il finit par être très touchant à la fin.
Bref c'est une histoire très divertissante mais qui pose aussi de vraies questions: quelle crédibilité ont les gens qui nous gouvernent pour nous dicter nos actions depuis leurs bureaux bien protégés? Un homme a-t-il le droit de désobéir à un ordre? La vie d'un homme mérite-elle de s'éteindre pour une cause plus grande?
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Il y a du Fellini dans cette vision, enchanteresse mais désenchantée, et du George Grosz dans les cases de Marion Mousse, au trait épais, brutal et sensible, superbement animé par les couleurs d’Albertine Ralenti. Le résultat est déstabilisant, à la fois drôle et terrifiant, original mais suffisamment bien calibré pour être lisible par tous. Une bonne surprise.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Satire de la guerre, chronique humoristique ou balade onirique et drôle sur les champs de bataille, Va-t'en guerre est un peu tout cela à la fois. Une chose est toutefois certaine, le talent d'Aurélien Ducoudray et de Marion Mousse confèrent à leur titre une atmosphère particulière qui ne laissera pas indifférent.
Lire la critique sur le site : BDGest
Drôle et sensible, Va t’en guerre traite de façon originale de la Première Guerre mondiale. Une belle réussite.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Ce récit picaresque est ponctué de scènes saisissantes, le cheval de guerre courant apeuré dans la forêt, les visions guerrières dans la prunelle des yeux de Schrapnel ou l’assaut de l’église dans la fumée jaune du gaz moutarde. Certaines compositions de Marion Mousse rappellent les visions de cauchemar du peintre allemand Otto Dix (1891-1969), célèbre pour ses fulgurantes scènes de tranchées.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
On flirte totalement avec la réalité. Va-t-en guerre ! est signé par Aurélien Ducoudray qui se dit toujours inspiré par la période de la grande guerre. Marion Mousse est au dessin et on le suit depuis Louise et les loups puis GoSt 111 plus récemment. Un talent qui ne fait que grandir et ce périple au trait souligné, expressif est un plaisir. Un album qui a tout pour faire un gros boum.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Vous ne croyez pas qu'ils auraient pu nous donner autre chose qu'un corbillard ?!