AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,56

sur 805 notes
Marc Dugain écrit toujours à l'encre "incisive"; sur fond de magouilles politiques ; qui plus est, aux States, où tous les excès sont du domaine du possible.
J'avoue avoir "décroché" à plusieurs reprises, mais si son roman, bâti à partir d'une histoire familiale qui aurait des rapports précis avec le clan Kennedy, peut être un ouvrage de fiction, je ne peux m'empêcher de croire qu'il n'est pas si loin que ça de la réalité.
Commenter  J’apprécie          50
Ils vont tuer Robert Kennedy de Marc Dugain est un grand roman de l'année 2017. le terme le plus important dans cette première phrase est peut-être celui de "roman" car en effet, ce n'est pas une thèse universitaire, ni le résultat d'une enquête d'investigation ni un essai purement politique. Notre génération le sait bien, le complot est un des maux de la raison de ce siècle. Si le rôle d'internet est évident en la matière, il est loin d'être le seul, en témoigne ce roman qui est un génie de l'ambiguïté. Un universitaire, qui porte le même nom que l'auteur, et qui pourtant n'est absolument pas lui (c'est à s'y méprendre cependant) en histoire contemporaine se découvre dès son enfance et son adolescence une volonté de comprendre la mort violente de sa mère, qui s'est suicidée, et de son père, mort dans un accident de voiture. Petit, il est élevé par sa grand-mère Maine au Canada où il découvre les joies des années 60-70. Peu à peu, le personnage découvre un éventuel lien entre la mort de ses parents et la mort des deux frères Kennedy, assassinés respectivement à Dallas et à Los Angeles. L'auteur lie d'une manière très adroite les deux tableaux : celui d'une enquête personnelle et fantasmée, et celle plus historique sur les assassinats des immigrés irlandais catholiques des frères Kennedy.

La trame la plus historique et "réelle" du roman est la narration romancée de la vie de "Jack et Bobby" Kennedy, des enfants d'une très riche famille irlandaise dont le patriarche entretient des liens très dangereux avec la Mafia, à qui il achète des voix pour l'élection de son deuxième fils, John. Au delà de cet aspect sulfureux, l'auteur nous apprend de nombreuses choses sur les deux frères, en les salissant un peu, ce qui finalement à terme les grandit tout à fait. Il est d'abord incroyable de se rendre compte de la malédiction familiale selon laquelle les enfants Kennedy meurent tous d'une mort violente, fracassante et imprévue. du mandat de John Kennedy, le lecteur retient une politique pacifiste, saine et sociale brisée par une prétendue alliance entre la CIA présidée par John Edgar Hoover, les anti-castristes, l'industrie d'armement et la Mafia trahie par la mise en place d'une commission sénatoriale d'enquête menée par les deux frères, alors même que leur élection dépendait en partie de l'aide des "syndicats". John Fitzgerald Kennedy, gravement malade, enchaînait compulsivement les copulations avec de nombreuses jeunes demoiselles, amenées par des rabatteurs et avec qui il entretient des liaisons d'une dangerosité étonnante. L'auteur reprend des thèses conspirationnistes selon lesquelles le Président n'a pas été assassiné par Lee Harvey Oswald, un pauvre leurre, mais par une alliance de ses ennemis au sein de l'Etat profond, le tout avec la complicité du vice-président texan, démocrate que de nom, Johnson. S'ensuit l'inexorable ascension de Robert Kennedy, le petit frère de John, pétri d'un complexe d'infériorité et rongé par la culpabilité, qui pourtant réussit l'exploit d'être investi aux primaires grâce à son discours pacifiste, tolérant, antiségrégationniste et social. Qu'importe, là encore, l'auteur point des incohérences dans son assassinat, le tout sous une forme assez confuse mélangeant la présence d'une jeune femme mystérieuse, trop de balles pour un même chargeur ou encore l'éventuelle présence d'un deuxième tireur. le deuxième tableau de ce roman est plus romancé et mélange là encore de nombreuses paranoïas de la part du narrateur, intimement persuadé de l'assassinat de sa mère par la CIA, de l'engagement de son père au sein des services secrets britanniques après sa résistance communiste pendant l'occupation allemande en France et des sombres histoires de projets secrets de contrôle de la population par l'hypnose et le LSD. C'est d'ailleurs une thèse inédite qu'avance Marc Dugain, en vertu de laquelle la CIA aurait inondé les jeunes hippies révoltés de drogues pour les empêcher de renverser le pouvoir en place. Confondre toxicomanie et lâcheté semble sinon un peu facile, du moins peut-être trop optimiste.

Il est donc évident que ce livre tourne autour de la théorie du complot de manière générale. D'ailleurs, la fin du roman révèle au grand jour la volonté de l'auteur de maintenir une ambiguïté sur le sérieux de ses allégations, en montrant que l'objectif du narrateur est plutôt de donner un sens à sa vie, d'adjoindre sa petite histoire à la grande Histoire en enquêtant de manière bien peu universitaire sur les liens de son histoire avec l'assassinat des Kennedy. S'il est évident que la CIA n'a jamais été une association d'enfants de choeur pendant la Guerre Froide et en Amérique Latine notamment, il est un peu hasardeux de lui mettre sur le dos les assassinats de nombreux hommes politiques à cette époque, parce que si ceux-là arrangeait bien cette Amérique Profonde, que l'auteur souille d'ailleurs à chaque page, le rapport cause-conséquence n'est pas évident. Si haïr sa propre mère et vouloir sa mort revient automatiquement à la tuer, alors les assassinats et complots seraient nombreux. Si la CIA détestait sans doute Kennedy, entre cela et le tuer, il y a un pas que Marc Dugain franchit sans hésitation. le problème des théories du complot est qu'elles sont purement platoniciennes et ultra-rationalistes, en ce sens qu'elles se passent de la confirmation de l'expérience et du réelle pour exister. Il est certes impossible de prouver qu'une théorie du complot est fausse, y compris les plus extravagantes, mais il est également impossible de prouver leur validité, comme toutes les connaissances qui se passent du monde matériel pour contaminer les esprits. Ces monstres de la Raison poussent les personnes les plus sensibles à se convaincre de théories fumeuses et abstraites, qui ne peuvent tenir d'un point de vue de l'expérience sensible malgré leur cohérence abstraite et théorique. L'empilement de petits faits, tous équivoques et contradictoires pris séparément, forment ensemble s'ils sont bien agencés et entremêlés une arme pour convaincre, laissant une impression générale de malaise et d'étonnement. Marc Dugain a su utiliser ces techniques pour laisser à l'auteur de roman passionné la capacité de s'imaginer cette alter-réalité. Cependant, si ce roman n'avait pas été un roman, il aurait sans doute été plus discutable, et les récents positionnements de l'auteur laissent à penser qu'il n'est pas loin de penser tout ce qu'il a écrit sur l'assassinat des deux frères. La traduction romanesque de cette idée n'est donc pas à condamner politiquement, d'autant plus en prenant en compte les nombreux éléments de doute parsemés consciencieusement par prudence. Il convient également de citer l'avertissement de l'auteur : Trump risque lui aussi d'y rester, pour des raisons différentes, avant la fin de son mandat. Quelles seront donc les limites à cette paranoïa ultra-rationaliste et platonicienne si caractéristique de notre époque à la Matrix ?

Du point de vue du style, le roman est simple et bien mené. L'impression laissée par la lecture est majoritairement positive puisque claire, concise et fluide. le roman ne laisse évidemment pas pantois et ne nous époustoufle pas par ses figures de style, mais cela est la façon d'écrire de notre époque. le roman n'est jamais ennuyeux, il se lit plutôt rapidement et les chapitres sont bien structurés et équilibrés. La forme se laisse plutôt facilement transcender par le fond, ce qui vaudra alors, mon petit point en moins. Entre le monde sensible réelle et l'arrière monde nietzschéen, des distorsions se font toujours possibles, qu'elles prennent la forme de religion ou de théories conspirationnistes : réfléchir dans l'unique monde des idées conduit parfois à de dangereux totalitarismes, mais par la même à de jolis romans.
Commenter  J’apprécie          50
Ils vont tuer Robert Kennedy
Marc Dugain
roman 2017 Gallimard 400p


Si ce livre n'avait pas été retenu pour le prix des lecteurs du Festival des Ecrivains du Sud, sans doute ne l'aurais-je pas lu, et ç'aurait été dommage, car c'est un livre intéressant à plusieurs égards.

Marc Dugain en fait un roman, mêlant la grande Histoire, les années soixante aux Etats-Unis, la période Kennedy, et la petite, celle d'un historien, Mark 0' Dugain, narrateur à la 1ère personne, spécialisé dans l'histoire contemporaine américaine, et notamment celle des années 60, et il a l'intime conviction que la mort de ses parents a à voir avec l'assassinat des frères Kennedy, ce qui fait qu'à l'Université on lui reproche de substituer à la rigueur historique une intuition sentimentale. Les deux récits ont leur intérêt. Et l'entrelacement des deux renforce cet intérêt.

le premier nous fait entrer dans le monde des espions, et nous dégoûterait un peu plus des dessous sordides de la politique. On approche la CIA, et le redoutable Hoover, l'homme aux fiches compromettantes, qui a la haine du communisme et des Kennedy qui se moquent de lui, les mafieux blancs, l'industrie militaire, les Texans, les anti-castristes ; on apprend le plan effrayant MK Ultra, inspiré des recherches nazies, qui consiste à prendre le contrôle mental d'un individu fragile par le biais de l'hypnose, et ainsi un esprit subversif pourrait perdre son ambition. La vie d'un homme n'a aucun prix en comparaison des affaires politiques.
Le père de Jack et De Robert est un affairiste véreux, mafieux antisémite et pro-nazi. Il est l'Irlandais catholique contre le protestant britannique. Sa fortune immense repose sur des fonds salissimes. Son ambition est que ses fils accèdent au pouvoir, et il est prêt à tout pour que cette ambition se concrétise. Il achète des voix à la Mafia pour l'élection de Jack.
Jack est d'une intelligence supérieure, il réussit tout ce à quoi il touche, et il brigue la Présidence parce que l'atteindre peut lui donner du fil à retordre. Il est charismatique. Robert se sent coupable de cette fortune exorbitante et imméritée. Il est dépeint comme un adolescent attardé, idéaliste, catholique, dépressif, voire une chochotte, un futur pédé, choking la tribu Kennedy. C'est un utopiste.Il reprend à son compte la phrase de G.B.Shaw : Vous voyez le monde tel qu'il est, et vous dites : Pourquoi ? Moi, je vois un autre monde, et je me dis : Pourquoi pas ? Il a de l'empathie pour les êtres humains, bien qu'il rechigne un peu à côtoyer les pauvres. Il est hostile à la guerre du Viêt Nam. Il comprend les idées de la contre-culture, le partage, la communauté, le retour à la nature, le voyage psychédélique. Quand son frère est président, il est nommé, tout jeune, 35 ans, ministre de la Justice, et il a la charge de la vie de son frère. Jack et Robert s'entendent très bien. Jack étant tué, il s'estime coupable de n'avoir pas su le protéger. L'assassinat de Jack serait, et Robert en prend conscience immédiatement, un coup d'Etat qui ne se revendiquerait pas, auquel aurait participé l'armée, Jack étant dangereux pour ses prises de position ambiguës sur Cuba, et sa politique progressiste. C'est à cause de cela que Bobby se présentera à la présidence, contre le Républicain Nixon, de piètres réputation et moralité, et contre le démocrate Eugen Mc Carthy, et surtout parce qu'il veut changer de politique. Il est en faveur des minorités, Il est du côté des Noirs. Martin Luther King vient d'être assassiné, et même si RFK gardait ses distances avec le prix Nobel de la Paix, il n'est pas insensible à ses propositions., notamment les droits civiques pour ces minorités. Il n'est pas indifférent aux Juifs. Les Etats-Unis comme les Britanniques nouent des liens, chacun le sait, avec Israël, bien que durant la guerre les Alliés ne se soient pas beaucoup souciés du sort des Juifs. Mais Robert sait que candidat à la Présidence, il court -tragiquement et presque de façon christique- à la mort. Romain Gary, fasciné par Robert, le sait aussi.
Jack est priapique, comme tous les Kennedy, Robert un peu moins, ou il se refrène, père de 11 enfants, et substitut de Jack, selon les lois non écrites de la tribu, auprès de Jackie auprès de qui il peut se confier. A-t-il aussi pris la place de son frère auprès de Marylin Monroe, d'une intelligence incroyable, qu'il aurait fait tuer parce qu'elle menaçait de révéler des secrets sur la Baie des Cochons ?
John est surtout atteint de la maladie d'Addison, qui le conduit inéluctablement vers la mort. Marie Meyer, utilise le LSD pour atténuer ses souffrances, et prône, en accord avec lui, son utilisation pour la création d'un monde de paix.

le second récit nous fait saisir les dommages collatéraux de la grande politique. le lecteur entre dans une enquête personnelle. le père de Mark O'Dugain a un passé de résistant. Il serait responsable d'assassinats dans la Résistance à Bordeaux. de communiste il serait devenu un agent qui infiltre les communistes. ll soigne en France, en qualité de psychiatre, les déportés survivants, et met au point la technique de l'hypnose, et est reconnu pour la qualité de ses résultats. Accusé de viol par hypnose , il est obligé de s'enfuir au Canada, aidé par les services de renseignement britanniques, dont il a été un agent. Il est contacté par la CIA pour participer aux expériences du plan MK Ultra. Il refuse. du coup la mère de Mark meurt prétendument suicidée quand il a 13 ans, et son père meurt également par suicide un an plus tard. le jeune Mark souffre d'absences chroniques, après lesquelles il revient au monde réel. Mais est-ce si sûr ? Ne l'arrange-t-il pas selon ses envies ?

Alors on peut douter du tableau historique, très documenté, qu'O'Dugain dresse, ou que Dugain dresse. Cependant on garde en tête toute l'argumentation, et on n'est pas loin d'être convaincue. En outre, les deux pénètrent dans la contemporanéité, en parlant du mensonge éhonté de la famille Bush -l'aîné était à Dallas le jour du meurtre de JFK- pour envahir l'Irak, en écoutant les intérêts d'un complexe militaro-industriel, ce qui a eu pour conséquences la création de forces nihilistes terroristes, et la fusion du monde Internet avec le monde du renseignement, permettant aux Etats-Unis de tout savoir sur tout le monde . Ils parlent bien sûr de Trump, atteint du symptôme qui veut qu'il soit incapable de baiser avec une femme qui a enfanté, et dont les Russes auraient acheté l'élection. Finalement les gens qui seraient à l'origine de l'assassinat des Kennedy auraient amené Trump au pouvoir. Il y a là de quoi trembler. le livre est de fait un thriller. Ils livrent en passant une remarque sur le smartphone auquel est accro une génération pressée de savoir mais non de penser.

C'est un livre qui secoue l'esprit de certitude, comme celui de la masse populaire qui veut une réponse tout de suite, et qui empêche de mollir, le pire est toujours à venir, en nous obligeant à creuser les choses. Pourquoi le monde va-t-il mal, et pourquoi les gens tuent-ils ? Par insatisfaction et ennui. Alors ils détruisent. Ca les divertit. Mais en même temps, le livre se lit bien, et même agréablement. de plus, Marc Dugain est un expert en comparaisons. En voici une : La vérité avance à l'allure d'un archimandrite perclus de rhumatismes.
Commenter  J’apprécie          50
Lecture fastidieuse, on revient sans cesse sur les mêmes choses, le lien entre les assassinats des Kennedy et la famille du narrateur est surfait. Vraiment le sentiment de tourner en rond.
Commenter  J’apprécie          51
Deux intrigues, deux recherches de la vérité, cette vérité qui "avance en crabe avec parfois de curieux déhanchements". D'un côté, une analyse sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, 35ème président des Etats-Unis et le parcours de son frère, Robert Kennedy, "Bobby", après ce drame. de l'autre, une investigation effectuée par le narrateur, professeur canadien d'histoire contemporaine, sur le rôle joué par son père - psychiatre pratiquant l'hypnose sur des patients revenus des camps nazis - dans la mort des politiciens précités. Deux enquêtes, "telles deux droites non parallèles en géométrie", qui sont "vouées à se rejoindre".

La lecture de ce roman vaut le coup pour les nombreux éléments d'information sur la période qui s'écoule de la mort de John Kennedy, le 22 novembre 1963, à celle de son frère, le 5 juin 1968. On (re)découvre une Amérique tiraillée entre envies de révoltes nourries de ségrégation raciale, et pacifisme du mouvement hippie, un pays tourmenté par de nombreux conflits qui hanteront les décennies suivantes : guerre du Vietnam, question cubaine, chasse aux communistes, bras de fer avec l'URSS, etc. Voilà le tableau au sein duquel est dépeint Bobby Kennedy, personnage souvent laissé dans l'ombre, rare membre de la famille échappant au credo paternel selon lequel la sexualité est distincte de l'amour, et qui se retrouve en première ligne d'un échiquier politique après l'assassinat de son frère qui l'a plongé dans une profonde dépression.

Malheureusement, l'intrigue fictive autour des parents du narrateur ne fait pas le poids face aux thèses très intéressantes sur les assassinats des frères Kennedy, dont les versions officielles présentent le curieux point commun de contenir de nombreuses incohérences. C'est le travers des histoires qui reposent sur des ressorts psychiatriques : le lecteur est peu enclin à tomber dans les filets jetés par l'auteur dont il connaît la possibilité de brouiller la réalité avec les produits de l'imagination.

Bref, avis en demi-teinte pour ce roman de la rentrée littéraire 2017.
Lien : https://chezlaurette.wixsite..
Commenter  J’apprécie          51
Avis de Scarlett (Chroniqueuse sur le blog Léa Touch Book) :

Je vais commencer par la fin et vous dire dès à présent que c'est un très très bon roman et je me suis régalée à lire ce livre.

Nous sommes dans le début des années 80 et M. O'Dugain travaille sur sa thèse : Robert Kennedy est mort assassiné et il est persuadé que sa famille est liée à cette histoire, que le destin brisé de ses parents a croisé à un moment la trajectoire tragique de ce fils Kennedy. Et donc nous lecteurs, suivons à la fois l'enquête que mène O'Dugain sur sa famille en parallèle avec l'histoire de Robert Kennedy et de son illustre famille.

L'histoire foisonne de personnages, on y croise bien évidemment le narrateur, professeur d'histoire qui donc passera toute une vie à la recherche d'une collusion entre l'assassinat de R.Kennedy et les morts suspectes de ses parents. C'est un homme qui souffre parfois « d'absences », qui a des tendances paranoïaques mais qui obstinément poursuit sa thèse et sa quête. Il est aussi question des parents d'O'Dugain, sa mère irlandaise, son père illustre psychiatre spécialiste de l'hypnose, assez énigmatique et qui travaillait pour les services secrets britanniques.

Bien évidemment on approche R.K un homme dont la vie sera essentiellement définie par l'appartenance à une illustre famille, par le fait d'être le fils de Joe et le frère de J.F, qui ira jusqu'au bout de cette destinée écrite dans l'encre des tragédies grecques. Robert, rongé de culpabilité depuis la mort de J.F.K , personnage humain, fragilisé , moins adulé que son illustre frère qui décide de partir dans une croisade perdue d'avance afin de donner une chance aux laissés-pour-compte du rêve américain. Il est aussi question de J.F.K le charismatique, le fataliste désabusé, l'obsédé sexuel aussi, immortalisé par sa mort violente et dramatique.

Dans ce roman on lit une histoire et on rencontre l'Histoire. On côtoie Dulles, Hoover, Jackie K , et Robert K bien sur qui marche volontairement vers un dénouement tragique, comme celui de toute sa famille d'ailleurs , cette famille qui allie le bling-bling et la politique, le glamour et la mafia, le sordide et la tragédie.

Dans ce roman on s'instruit avec régal sur la baie des cochons, Mosanto durant la guerre du Vietnam, les lobbies des pétrodollars, le maccarthisme, les politiques au service des intérêts financiers aux USA ou ailleurs, la contre-culture des années 60 aux USA, Gottlieb, la CIA et l'hypnose…
C'est addictif comme un très bon polar qui nous livrerait, et pourquoi pas, les clés d'une énigme qui fit couler beaucoup d'encre et de sang dans une Amérique politico-financière des années 60 pas très éloignée de celle d'aujourd'hui.

L'écriture de Marc Dugain est dense et riche dans la forme et le fond. On apprend en savourant un très bon roman. le fond, l'histoire est addictive avec du suspense, des personnages mythiques et fascinants. Et la forme nous livre parfois des phrases philosophiques, d'autres engagées dans un style fluide .Le tout nous confirme sans conteste le talent de Monsieur Dugain.
Alors n'hésitez pas, vous allez assurément passer un excellent moment de lecture.
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
Commenter  J’apprécie          50
Un grand merci à Masse critique et aux éditions Gallimard pour m'avoir permis de découvrir ce livre en avant-première.
Le livre s'articule sur 2 enquêtes qui alternent de chapitre en chapitre ; celle de Bobby Kennedy sur l'assassinat de son frère jusqu'à sa propre mort et celle du narrateur sur le passé de ses parents et les circonstances mystérieuses de leurs morts respectives.
A travers la première Marc Dugain décrit les luttes de pouvoir aux plus hauts sommets de l'état américain, dans les années 50 et 60, entre la CIA, le FBI, la mafia, le lobby militaro-industriel, les pétroliers, les familles patriciennes WASP, les milliardaires catholiques ; luttes dans lesquelles interviennent selon leurs intérêts Cuba et l'URSS (puis la Russie). C'est très intéressant et révélateur. J'ai vérifié, à mon niveau, un certain nombre des faits énoncés et ils sont rigoureusement exacts.
Dans la seconde enquête, ce sont, en ce qui concerne le père, en France et au Canada, les magouilles des services secrets britanniques, de certains acteurs de la collaboration ou de la résistance (et parfois des deux) pour effacer les traces des actes pendant la guerre de 39-45 de gros bonnets de l'après-guerre afin de se maintenir dans les arcanes de ce même pouvoir. Des pseudos résistants craignant de voir émerger leur passé de véritables collabos parfois même décorés de la francisque. Concernant la mère du narrateur ce sont ses activités clandestines pro-IRA lors des « troubles » en Irlande qui sont l'objet d'une surveillance des services britanniques et canadiens. Cette partie étant de la fiction, aucune vérification n'est possible si ce n'est sur les programmes de manipulation des hommes par la CIA.
Le narrateur, le Professeur O'Dugain, est-il atteint de psychose paranoïaque, un adepte forcené de la théorie du complot et des conspirations ou un enseignant d'histoire contemporaine épris de vérité, sain d'esprit, désabusé, désenchanté, désespéré, cynique quelques fois, menant ses recherches avec plus d'intuition que de rigueur ? À chacun de se faire son opinion ! Les faits, encore une fois exacts, énoncés tout au long du livre amèneront chacun à en tirer ses propres conclusions.
Marc Dugain livre une nouvelle fois un livre très riche sur son sujet de prédilection : Les États-Unis d'Amérique et la face cachée du rêve américain.
Commenter  J’apprécie          50
Coup de coeur ♥️ ♥️♥️♥️
On connaît la fascination de Dugain pour les Kennedy !

L'auteur croise deux récits : celui de l'assassinat de Bob Kennedy, précédé de celui de son frère et le récit plus intime de la mort violente et mystérieuse de ses parents qu'il croit liée à celle de RFK.

Nous y retrouvons Hoover, la CIA, la mafia, Hoffa, Marylin, Martin Luther King, Jackie, Johnson, la guerre du Vietnam… il y est aussi question du MI6, de Résistance bordelaise, Paris, de communisme, de la Baie des Cochons, de dépression, de vie conjugale, d'hypnose, de LSD, de racisme...

Il y a tant à dire sur ce livre, super bien écrit, mi-fiction mi-récit historique, un thriller politique captivant

Lien : https://www.plkdenoetique.co..
Commenter  J’apprécie          40
Ils vont tuer Robert Kennedy est un thriller politique à tendance documentaire qui nous entraîne dans les coulisses de la mort de cet homme politique. L'auteur prend le prétexte d'un récit où Mark O'Dugain, historien, est persuadé que le décès de ses parents est lié au meurtre de Robert Kennedy.
Durant tout le récit on navigue entre les années 60 aux USA et l'enquête de Mark qui a lieu des décennies plus tard.
C'est un récit qui tient en haleine et qui nous fait entre voir la face sombre des USA avec les meurtres des Kennedy, de Monroe. Meurtres orchestrés par le FBI? Les coupables sont-ils juste des leurres pour servir les intérêts militaro-industriels? Bref ce récit pose de nombreuses questions sur la géopolitique pendant la guerre froide. En refermant ce livre je me suis même interrogée si ce Mark O'Dugain n'était pas juste un doux fou à force de voir des complots partout et de ne pas croire à la thèse officielle sur la mort de ses parents.

J'ai regretté la quasi absence de dialogues pour le côté rythme mais il n'en demeure pas moins que c'est un récit qui interroge l'Histoire telle qu'elle est racontée par les « vainqueurs ».

J'avais déjà aimé une Execution ordinaire qui nous parle de la tragédie du sous-marin le Koursk et j'ai tout autant apprécié celui-ci notamment pour sa partie géopolitique. de plus c'est bien écrit, l'alternance romanesque et réalité est bien construite.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai été passionnée par cette enquête( comme à chaque fois que çà parle de Kennedy), je n'ai certes pas appris beaucoup de choses ayant déjà lu pas mal sur le sujet mais j'ai aimé cette façon d'aborder l'histoire avec un grand H.
On suit un peu en parallèle l'enquête de cet homme qui cherche à comprendre la mort de ses parents et le lien qu'ils peuvent avoir avec le frère du président, c'était parfois un peu ténu comme lien mais c'est surtout cette partie histoire vraie qui m'a plu.
Je continuerai avec plaisir la découverte de cet auteur qui a un regard bien cynique sur notre société actuelle et sur son histoire.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (1593) Voir plus



Quiz Voir plus

La chambre des officiers, de Marc Dugain

Quel est le nom du personnage principal de l'histoire ?

Alain Fournier
Julien Fournier
Adrien Fournier

10 questions
1892 lecteurs ont répondu
Thème : La chambre des officiers de Marc DugainCréer un quiz sur ce livre

{* *}