AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 2148 notes
5
116 avis
4
97 avis
3
33 avis
2
4 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Ce roman comme les quatre précédents m'a été prêté par une amie, que je remercie car je l'ai beaucoup aimé. Dieu sait pourtant que le sujet n'est pas gai. Il porte sur ces ”gueules cassées” de la Grande Guerre. Et pourtant étonnamment malgré l'enfermement pendant toute la durée de cette guerre, les interventions multiples, le héros Adrien Fournier ne se révolte pas contre l'injustice de son sort. Il a été défiguré par une “marmite” lors d'une reconnaissance de terrain sans avoir connu une seule journée de combat. Je dis l'injustice de son sort car les blessures de la face dont tant d'hommes (et sans doute comme dans ce roman quelques femmes) m'ont toujours parues effroyables, les coupant de l'humanité. Je sais que la raréfaction des hommes a permis à certains de se marier. Mais je doute tout de même que leur vie ait été facile. C'est pourquoi ce roman qui met en scène plusieurs de ces blessés toujours positifs, toujours dignes m'a interpellée. Si l'auteur n'avait pas dit avoir été en contact avec des ”gueules cassées”, je n'aurais pas trouvé ce livre crédible. Mais il faut croire que j'étais dans l'erreur dans ma vision des choses.
Commenter  J’apprécie          211
Les "gueules cassées".
Nous connaissons tous ce qui se cache derrière cette expression. Nous avons vu des images difficilement soutenables dans des livres d'histoire.
Mais, a-t-on pensé à ces hommes, à leurs souffrances physiques et psychologiques, à la façon dont ils ont pu vivre après la guerre ?

Dans La chambre des officiers, Marc Dugain nous invite à la réflexion.
À travers le personnage d'Adrien, directement inspiré de son grand-père, et les autres protagonistes, il nous fait revivre le chemin de croix de ces soldats.
La blessure, l'arrivée à l'hôpital, le refus ou l'acceptation, l'envie de se battre ou de baisser les bras, le retour à la vie "normale" : chaque cheminement est unique mais de nombreuses difficultés sont communes.
Comment accepter son nouveau visage qui n'en est plus un ? Comment admettre l'idée que l'on ne retrouvera plus jamais son apparence ? Comment supporter le regard des autres ?
Comment imaginer reprendre ou trouver un travail, se présenter devant des gens, alors que l'on est soi-même horrifié par le reflet que renvoie le miroir ?
Comment imaginer se marier, avoir des enfants ? Peut-on espérer qu'une femme voudra de vous ?
Où trouver la force de vivre malgré tout, de refuser de rester caché pour le restant de ses jours ?

Dans un premier temps auprès du personnel de l'hôpital, admirable et dévoué. Auprès de médecins qui font naître un espoir fou, celui de reconstruire votre gueule cassée.
Alors les blessés, confiants, subissent des opérations à la chaîne, avec à chaque fois le rêve insensé de retrouver son visage d'avant. Jusqu'à la déception finale et l'obligation de finir par accepter ce qui était au départ inacceptable : il est des destructions irréversibles, et ce visage qui leur fait horreur est le leur jusqu'à la fin de leurs jours.

Grâce à Adrien et ses camarades d'infortune, nous comprenons mieux ce qu'ont vécu ces hommes partis la fleur au fusil et revenus la gueule cassée.
Nous pouvons imaginer leur parcours et nous représenter leurs souffrances.
Par-delà les années, nous ressentons de l'empathie pour eux.
Une blessure grave au visage n'est pas une blessure comme les autres. Outre les problèmes fonctionnels qu'elle engendre (comment parler quand on a eu la mâchoire et le palais fracassés ?), elle change complètement la perception que les autres ont de vous, et votre propre perception.
Un visage ne peut pas se cacher, c'est là tout le problème.
On peut camoufler un bras blessé, on peut dissimuler une jambe manquante par le port d'une prothèse, mais le visage est la première partie de soi que l'on montre, il est l'élément majeur sur lequel se fonde la première impression que les autres ont de vous.
Comment des hommes jeunes, ainsi atteints, ont-ils poursuivi leur vie après la guerre ?

Ce premier roman de Marc Dugain est bouleversant et mérite complètement les nombreux prix qui lui ont été attribués.
Fin et délicat, profondément humain, il est d'une grande force et contient la juste dose d'humour nécessaire pour rendre le récit supportable.
La solidarité entre les blessés est très émouvante mais également infiniment triste car elle révèle chez eux une terrible angoisse : pareillement atteints, ils se comprennent parfaitement, mais les personnes extérieures vont-elles pouvoir en faire autant ?

La chambre des officiers est un roman magnifique. Un formidable hommage au grand-père de l'auteur et à toutes les gueules cassées.
À l'heure où notre pays traverse une crise profonde, au moment où notre société est menacée par certains qui voudraient détruire notre civilisation, nous devons plus que jamais nous sentir reconnaissants envers ces soldats qui se sont battus pour la France et ont payé un prix si fort.
Plus d'un siècle plus tard, honorons leur mémoire en résistant à notre tour.
Commenter  J’apprécie          428
Coup de coeur !

Je viens de lire en 2 temps, ce court roman évoquant les "gueules cassées", soldats et officiers de la guerre 14-18, défigurés.
Ça m'a chamboulée.

On suit Adrien Fournier, grand-père de Marc Dugain, depuis la mobilisation, son accident, ses années d'hôpital...jusqu'à la 2nde guerre mondiale.

Beaucoup d'émotion, bien sûr, mais je n'y ai pas trouvé de pathos. de l'amitié, de l'amour, de la fierté, beaucoup d'énergie.

Je découvre l'écriture fluide de Dugain, belle rencontre aussi avec un écrivain, que je ne connaissais que de nom.
Commenter  J’apprécie          110
Défiguré mais vivant!

La vie d'Adrien Fournier jeune diplômé, “ beau” et destiné à une grande carrière bascula à son arrivée au front dès le début de la guerre. Lorsqu'il rentrera cinq ans plus tard, une fois le combat terminé, il ne sera plus le même homme.
J'ai beaucoup aimé ce roman même si j'ai pensé au début qu'il allait m'ennuyer. C'est le courage d'Adrien et de ses amis qui m'a le plus marqué. Leur capacité à rire, à créer des amitiés et à se reconstruire après un si gros traumatisme était impressionnante. Ce livre qui aurait pu être horrible se termine finalement avec beaucoup d'espoir. La vie peut reprendre le dessus. Adrien a pu travailler, fonder une famille malgré tout ce qui lui est arrivé et même être heureux, faire la fête, aimer, être aimé!
Ce roman est particulièrement intéressant car il décrit une autre réalité de la guerre. Il est différent des autres livres qui parlent de ce sujet et rare dans son genre. Il ne raconte pas, en effet, la vie des soldats au combat ou dans les tranchées, mais le quotidien d'hommes blessés à l'hôpital. On réalise les dégâts causés par la guerre et finalement une autre forme d'héroïsme.
"Mais surtout, nous éprouvions ce sentiment d'extrême liberté qui est l'apanage de ceux qui sont débarrassés de leur image et qui ont retiré, du voisinage de la souffrance, cette distance avec ce qui rend l'homme si petit et si étriqué" p159
Commenter  J’apprécie          40
Un Roman inhabituel.

Critique littéraire sur le roman « La Chambre Des Officiers » , Par Marc Dugain, mon
avis sur cette histoire époustouflante.

Tout d'abord, le narrateur du livre est le personnage principale, Adrien, un ingénieur
qui va être appelé a la guerre. Dès quelques premiers jours, un éclat d'obus lui
défigure totalement le visage.
Pendant tout le roman nous allons suivre Adrien et ses camarades les gueules
cassés de l'hôpital de Val de Grâce pour qu'ils se reconstruisent, apprendre a
s'accepter malgré un tel accident, affronter le regard des autres..

Il passera les 4 années de la Guerre 1914-1918 dans une salle réservé aux officiers,
sans miroirs évidement.
Je trouve que c'est une belle histoire. En plus d'être divertissante et intéressante
culturellement, Les personnages sont attachants et forts mentalement pour subir ce
que Adrien a vécu. J'ai bien aimé lire ce Livre qui dépassait mes attentes.

Ce livre nous montre clairement les héros cachés de la Guerre et que être défiguré
peut aussi être un combat difficile. On nous montre comment vivais les Gueules
Cassés et c'est super intéressant ! En plus d'être enrichissant en lecture, ils nous
apprends pleins de choses sur l'Histoire .Mais ce livre est aussi une magnifique leçon
de vie et d'humanité.

Citations du Roman :
Les gens défigurés ont ceci de particulier qu'on les remarques,
qu'on ne voit qu'eux, et que, dans le même temps on ne les voit pas.
Commenter  J’apprécie          20
Adrien est un héros de la 1ère guerre mondiale, une guerre à laquelle il n'a pourtant pas participé.

Défiguré par un obus en 1914, avant même le début des hostilités, il passe les années qui suivent confiné dans une grande salle d'hôpital.
Cette “chambre des officier”, qu'Adrien est d'abord seul à occuper, se remplit rapidement d'autres officiers gravement atteints au visage eux aussi.

C'est là que commence son véritable combat.

Les interventions chirurgicales aux résultats aléatoires et les séances de rééducation douloureuses se succèdent, destinées à réapprendre à parler et à manger à ces gueules cassées.

Ne plus avoir de visage, c'est perdre son identité.
Avoir un visage monstrueux qui inspire peur, dégoût ou pitié, c'est perdre son humanité.

Il y a un "avant" et un "après" l'irréparable blessure.
La plupart de ces hommes ne pourra jamais renouer avec le passé. Leurs proches ne parviennent pas à les retrouver derrière leur atroce apparence. Eux-mêmes, souvent, ne se reconnaissent plus.

Ces bannis vont se comprendre, s'épauler et se lier d'amitié.
Affronter seul leur destinée absurde et le regard des autres est impossible. Mais ensemble, dans la fraternité, ils vont refuser de s'apitoyer sur eux-mêmes et se battre pour recouvrer leur dignité.

Adrien, avec ses amis, fait le choix de continuer à vivre, et c'est le courage qu'il met à surmonter son handicap qui fait de lui un héros.
Commenter  J’apprécie          340
Sans résumer ce roman, je vous dirais simplement qu'il faut absolument le lire : court, il vous permettra d'imaginer, de ressentir, de partager les souffrances qu'ont pu éprouver les "gueules cassées".
Car il s'agit bien de ça, ces soldats défigurés pendant la première guerre mondiale et que la médecine, encore balbutiante à l'époque, tentait de soigner et de "réparer".
Impossible toutefois d'effacer le regard des autres et c'est un message d'espoir et de courage que véhiculent les trois personnages principaux, liés par un pacte de "non suicide".
Je regrette simplement la longueur de ce roman : j'aurais aimé rester plus longtemps avec eux.
Commenter  J’apprécie          165
14-18 ne fut pas la der des Ders, mais la guerre des guerres. Ce fut la grande guerre mondiale, non seulement pour les soldats français mais pour les peuples tout entier : la grande guerre de la fin des illusions, qui révéla que le progrès, véritable religion nouvelle, était aussi le progrès des catastrophes. La grande guerre de la mobilisation totale, de tous et toutes, au front comme à l'arrière, et jusqu'aux femmes, telle Marguerite, qui paieront aussi le prix de cet engrenage collectif, de cette course aveugle... vers quoi ?
Si Marc Dugain a tant marqué avec ce roman c'est bien sûr parce qu'il choisit un contre-champ intéressant pour parler des ravages de cet événement. Qu'il livre sans complaisance mais sans fausse pudeur non plus, une photographie troublante des corps et des chagrins, des membres et des destins, brisés par les combats oui, mais pas n'importe lesquels : ceux d'une guerre menée avec des moyens industriels et pour que perdurent, d'ailleurs, la possibilité même d'accroître les fortunes gagnées de la même manière. Si Marc Dugain touche si juste c'est qu'on sent bien que son message est ambitieux : témoigner oui, mais non seulement, non « simplement » d'une ignoble blessure dans l'histoire humaine, d'une parenthèse meurtrière... La logique destructrice à l'oeuvre ne rattrapera-t-elle pas nos héros 20 ans plus tard dans un nouveau conflit démentiel ? Témoigner, donc, que la marche de l'histoire, que le pas pressé des hommes s'est engagé sur le rythme fou et destructeur de ce qui fait nos vies, notre monde, le sens possible d'y être ; que ce nom de progrès est une usurpation, dont l'(anti)chambre révèle le prix, la note à payer. Toute la médecine et toute la science n'y pourront rien ; aucune opération miracle ne viendra réparer les dégâts causés : les cicatrices resteront là, béantes, saurons-nous les regarder, les comprendre ? Saurons-nous, comme nos héros, saisir que seuls les liens d'amitié et l'amour, s'il en reste, s'il sait dépasser les apparence., peuvent nous sauver ; que seule l'humanité est un projet ?
Commenter  J’apprécie          150
Dans les premiers jours de 1914, Adrien, jeune lieutenant du génie est fauché par un éclat d'obus. Défiguré, il est transporté au Val de Grâce où il passera le reste de la guerre dans la chambre des officiers. Au fil des amitiés qui s'y noueront, lui et ses camarades, malgré la privation brutale d'une part de leur identité, révèleront toute leur humanité.
Marc Dugain nous conte le destin de trois rescapés de la Grande Guerre. Rescapés mais défigurés. La vie de trois hommes et d'une femme qui doivent affronter une société qui à la fois les honore et les repousse.
C'est touchant, merveilleusement bien écrit.
Un portrait merveilleux de ces gueules cassées a qui les honneurs de la France ont surement manqué. Un magnifique hommage que leur rend là notre auteur.

Lien : https://collectifpolar.com/
Commenter  J’apprécie          70
Très bon premier roman. Qui a de la gueule, cassée, ce qui est intéressant du point de vue historique, mais cela ne suffirait pas si le récit n'était pas maîtrisé.
Marc Dugain utilise un "je" dangereux, mais ses phrases sonnent justes et le récit est prenant de bout en bout. Il évite bien des écueils malgré l'enfermement du héros dans cette chambre de douleurs. Ici point de jérémiades ou de crispations égoïstes sur un avenir incertain dans un monde de l'entre-soi.
Il s'agit davantage d'une histoire d'amitié et de solidarité. Des victimes de la Grande Guerre, des blessés de guerre que l'on répare avec la médecine peu efficace de l'époque et, comme des prisonniers, craignent le regard de la société à leur sortie.
Sur le même thème, je comparerais ce récit avec celui de Philippe Lançon, "Le lambeau", que j'avais moins apprécié. Je compare peut-être ce qui n'est pas comparable, un roman et une biographie, mais c'est subjectif, c'est une question d'empathie pour le personnage du roman qui finalement évolue et trouve une espérance dans un groupe au lieu de se morfondre dans ses souvenirs.
Commenter  J’apprécie          603




Lecteurs (5416) Voir plus



Quiz Voir plus

La chambre des officiers, de Marc Dugain

Quel est le nom du personnage principal de l'histoire ?

Alain Fournier
Julien Fournier
Adrien Fournier

10 questions
1889 lecteurs ont répondu
Thème : La chambre des officiers de Marc DugainCréer un quiz sur ce livre

{* *}