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EAN : 9782925118121
Hannenorak (15/11/2022)
4/5   14 notes
Résumé :
Tout est prêt pour la tournée. On est en 1972, et la troupe des Poules des prairies est sur son départ : deux semaines de danse en Europe, festivals et événements culturels autochtones au menu. Mais voilà que l’ensemble des danseurs est victime d’une indigestion. Et c’est John Greyeyes, un cowboy solitaire qui n’a pas dansé depuis des lustres, qu’on catapulte à la direction d’une toute nouvelle bande de danseurs substituts.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
1972. Originaire d'un réserve amérindienne de la province canadienne de la Saskatchewan, la troupe des Poules des prairies, oest censée se rendre en Europe ( Suède, Allemagne, Italie ) pour une tournée de festivals mais à la veille du départ, les danseurs autochtones sont tous malades à cause d'une intoxication alimentaire. En catastrophe, des danseurs de remplacement sont recrutés. Ce sont leurs quinze jours d'aventures européennes que l'on suit.

En réunissant un groupe improbable de personnages qui ne se connaissent pas, aux objectifs, perspectives et modes de vie très différents, Dawn Dumont a composé un irrésistible casting au potentiel comique forcément réjouissant. Soit John, un cow-boy solitaire, célibataire endurci trentenaire très convoité par les femmes de sa réserve, dix ans qu'il n'a pas dansé ( il a cessé après l'enterrement de sa kukum Yellow Belly qui l'a initié à la danse et aux pow-wow ). Soit Desiree, beauté de 19 ans qui flirte avec tout ce qui est de sexe masculin et attire toutes les attentions. Soit Edna, sa tante chaperon, vieille fille bigote qui fait le voyage dans l'espoir de rencontrer le pape pour un miracle sur sa hanche arthritique. Soit Nadine, la romantique fondatrice de la troupe de danse, elle cherche désespérément l'amour. Soit Lucas Pretends Eagle, jeune homme incontrôlable mais excellent danseur.

«  - C'est quoi une poule des prairies ?
Un oiseau. Une espèce de petite dinde obèse.
C'est gracieux ?
Ça vole pas, mais ça se déhanche en masse. »

L'autrice leur a contacté une intrigue pétaradante remplie de rebondissements inattendues et rocambolesques, portés par des dialogues enlevés et mis en valeur par une écriture d'une grande spontanéité. Grâce à la choralité des chapitres, le lecteur a une vision panoramique de leur évolution dans un monde qu'ils ne connaissent pas, avec un accès direct à leur psyché dont les secrets et mystères sont progressivement révélés. On se rend compte ainsi que leur identité est bien plus complexe que celle initialement perçue.

C'est sans doute le roman le plus joyeux que j'ai lu ces derniers temps, et ça fait un bien fou ! D'autant qu'il y a du fond. En arrière-plan, des sujets sérieux sont soulevés, restituant le contexte des années 1970, toujours d'actualité aujourd'hui, notamment l'acculturation à l'oeuvre dans les réserves et le rôle des pensionnats amérindiens dans ce drame. Ou encore, le rôle invisibilisé des soldats autochtones durant la Deuxième guerre mondiale.

« On est encore en train de faire l'inventaire de ce qu'on a perdu » dit un des personnages. « Le simple fait de naître autochtone est un acte politique » insiste un autre. Lorsque ces Amérindiens dansent en Europe, ils revendiquent leur culture, s'approprient une identité qui a été niée par les gouvernements nord-américains, et leur danse est un acte de résistance, même inconscient. Chacun est conscient des stéréotypes de l'Indien qu'ils représentent et entend en jouer ou les briser.

Oui, on rit beaucoup dans cette critique sociale nuancée, de nombreuses scènes sont cocasses comme celle où la troupe découvre des Allemand grimés en Indiens, persuadés, jusqu'à l'arrogance, d'être plus Indiens que les « vrais » grâce à leurs tenues ridicules et leur maquillage outrancier qui craquèle au fil des heures.

Un vrai roman plaisir qui émeut, fait rire et réfléchir !
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« - C'est quoi une poule des prairies?
- Un oiseau. Une espèce de petite dinde obèse.
- C'est gracieux?
- Ça vole pas, mais ça se déhanche en masse. »
Juin 1972 : la saison des festivals de musique autochtone bat son plein. La troupe des Poules des prairies s'apprête à s'envoler vers l'Europe dans une tournée qui l'amènera à Stockhölm, Hambourg et Rome. Sauf que la directrice, Nadine, et ses danseurs se relèvent péniblement d'une attaque carabinée de gastro. Impossible de prendre l'avion. Un plan B est vite mis sur pied par le chef de la réserve de Fineday en Saskastchewan. On improvise une nouvelle troupe composée d'un rancher Cri, John, d'une fille à papa, Desiree accompagnée de son chaperon de tante, Edna et d'un danseur étoile Hunkpapa, Lucas Pretends Eagle, venu des États-Unis. L'odyssée des remplaçants sera semée d'embûches, de rencontres dérangeantes et de révélations inattendues.
J'ai adoré cette histoire formidablement racontée par Dawn Dumont, parcourue de dialogues piquants et d'un humour ravageur. Ce dernier point donne le ton au roman qui n'est pas sans profondeur, il faut le dire. le propos de la cause amérindienne et des autochtones du monde entier est toujours aussi sensible et ce roman l'appréhende avec une façade de légèreté sous-tendue par une vérité implacable. Un beau tour de force! Prochaine lecture : On pleure pas au bingo.
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Quand Nadine a pensé la tournée des Poules des prairies, elle avait pour vocation de faire rayonner sa culture au delà des frontières du continent américain. Les danses traditionnelles portées par de grands danseurs autochtones du Canada à la hauteur de ses exigences devaient ainsi se rendre en Suède, en Allemagne, puis en Italie.

Son sens de l'organisation avait tout prévu sauf l'épidémie de gastro qui les terrassa tous.
Tout aurait pu s'arrêter là mais la portée politique de l'événement n'avait pas échappée à Amos. Et le voici qui monte une nouvelle troupe faite de bric et de broc, à commencer par son frère, John, qui aurait préféré rester dans son ranch avec ses chers chevaux. Il y a aussi la ténébreuse Desiree, fille de chef, envoyée supposément loin des tentations charnelles sous la surveillance de sa bigote de tante Edna, et puis le mystérieux Lucas un hunkpapa talentueux venu en renfort des États-Unis.

Tiens donc... On s'attendrait presque à un roman léger, bourré d'humour qui nous raconterait comment l'aventure humaine renforce les liens et qu'avec de bons amis on peut tout affronter. Mais c'est pas Disney ici, c'est Dumont ! Alors il s'agira surtout d'aborder les trajectoires individuelles, de confronter les êtres à la place qu'ils occupent dans le monde. "Le simple fait de naître autochtone est un acte politique", s'entendra dire John en Suède. C'est vrai. Mais vivre ne se limite pas à incarner sa culture. Après les avoir parés de leurs regalias, l'autrice dépouille ses personnages de tous leurs apparats. On revient à l'humain, dans la grandeur de son insignifiance. Les masques tombent, les secrets enfouis frémissent, le passé et le futur se toisent pour savoir qui aura le plus de poids.

Cette tournée aurait pu n'être qu'une aventure avec un début et une fin. Mais c'est une branche de vie. On perçoit son tronc, ses racines. On remarque surtout ses bourgeons. Peut-être qu'on s'octroie même le droit d'imaginer de futurs fruits.
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Lu en anglais.
J'ai adoré ce livre qui pour moi a été idéal à lire pendant le temps des Fêtes. Il est très drôle — j'adore le sens de l'humour de l'auteure —, mais il touche également à des sujets très sérieux. Maintenant, je veux lire les trois autres livres de Dawn Dumont et j'espère qu'elle en écrira bien d'autres.
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Nous retrouvons encore une fois l'humour de l'autrice dans ces péripéties parfois aussi absurdes qu'improbables. J'avoue avoir préféré le contexte plus terre à terre d' On ne pleure pas au bingo ou La course de rose, mais la lecture reste agréable avec une plume qui est maîtrisée.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Or, tout le monde s'est rendu compte que Carol n'était pas une excellente compteuse. Comme l'aurait dit la mère de John, elle était lente comme de la mélasse en hiver. Ou, comme il l'aurait dit lui-même, elle était lente en ostie.
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- Célibataire, pas d'enfants, j'imagine qu'on pourrait dire que le monde t'appartient : t'as l'avenir devant toi, tu peux faire ce que tu veux.
Toutes des phrases que John avait entendues dans sa jeunesse et qu'il n'avait jamais trouvées particulièrement réconfortantes. Ça ressemblait plus à des défis impossibles à relever.
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Le simple fait de naître autochtone est un acte politique.
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[...] celle dont on disait qu'elle était un beau brin de fille aussi utile qu'un cendrier sur une moto [...]
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L'amour qui déplaçait les montagnes, ça n'existait pas. Elle avait déjà vu son frère déplacer des meubles dans la maison, à la demande de sa femme, mais il s'était plaint du début à la fin.
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