La bibliothèque où j'ai mes habitudes a eu la bonne initiative de mettre en évidence quelques auteurs locaux, dont
Patrick Dupuis, qui vit à Louvain-la-Neuve, en Belgique. Il est né en 1950, la veille de la Saint Nicolas, et a publié deux romans, « Le conseiller » (1993) et « Le maître immobile » (1996), avant de se tourner vers les nouvelles, à partir de 2003. En 2012, il publie son troisième recueil, «
Passés imparfaits », et j'espère que ce ne sera pas le dernier !
«
Passés imparfaits », ce sont des nouvelles comme je les aime. Celles-ci sont courtes (21 textes en un peu moins de 100 pages). Cela rend encore plus difficile l'exercice d'installer, sur si peu d'espace, une ambiance, des personnages, une situation. Et
Patrick Dupuis s'en acquitte fort bien, ce qui lui a valu de recevoir pour ce recueil le prix Place aux nouvelle 2013 décerné dans la belle cité médiévale de Lauzerte dans le Tarn-et-Garonne.
La langue est douce et fluide. C'est le style des conteurs, l'ambiance des récits au coin du feu. Pour moi, un moment de calme dans le train, agréable transition entre la maison et le bureau.
21 tableaux de relations qui se brisent ou qui peinent désespérement à s'établir: un couple divorce mais la femme voudrait lui donner une seconde chance, en vain; un SDF amoureux d'une métisse, qu'il n'osera jamais aborder; une jeune ado qui écrit des lettres caricaturale à un garçon qui la snobe; un plan cul, juste un plan cul; un homme qui se croit dragué par une femme âgée, alors qu'il lui fait juste penser à son fils. Et je vous laisse découvrir les autres !
Pour la plupart, il s'agit de relations en un homme et une femme, mais quelques textes sortent de ce moule. Je citerai par exemple l'histoire d'un homme qui se voit obligé de rompre la relation qui le lie à… sa maison.
De la façon dont je l'ai écrit, vous pourriez peut-être croire que l'ambiance de ces récits est triste, ou grise. Mais ce n'est pas l'impression que j'ai ressentie. Certains textes sont drôles (les lettres d'ado de « Mylena »), certains sont cyniques (« Dors, ma chérie, dors »), et la majorité des autres dégagent une ambiance de douceur, de tendresse ou peut-être de mélancolie, mais sans devenir tristes ni pathétiques.
Je vous recommande donc chaleureusement de découvrir cet auteur belge, en vous conseillant, pour mieux l'apprécier, de déguster «
Passés imparfaits » à petites gorgées car, si tous les textes sont assez différents, lus d'affilée, ils pourraient donner l'impression fausse d'être trop semblables.