A cause de cette satanée pandémie de Covid 19, les grandes évocations des batailles napoléoniennes prévues en 2020 ne pourront avoir lieu. Heureusement, un léger assouplissement des mesures est permis en ce mois de juin. Eddy Meuleman, qu'on surnomme « Doc Percy » parce qu'il a créé « l'ambulance 1809 de la garde impériale », un groupe qui permet de comprendre comment on soignait les blessés de la Grande Armée, en profite pour organiser un bivouac. Il rassemblera, pendant quelques jours, des reconstituteurs enthousiastes, triés sur le volet. Hélas, pendant la nuit, un crime atroce est commis.
Quelques semaines plus tard, l'enquête semble toujours au point mort. Stanislas Barberian passe ses congés avec Martine, qui a prévu la rénovation de son appartement. Notre bibliophile n'est pas très heureux de poncer, décaper, peindre à longueur de journée. Aussi accueille-t-il avec soulagement la proposition de sa compagne. Celle-ci a sympathisé avec Lilette Vanyperzele, la mère de la victime. La dame ayant entendu chanter les louanges du détective amateur, lui demande de mettre son talent d'enquêteur à son service et de débusquer le monstre qui l'a privée de son fils unique.
Mourir noyé dans les eaux glacées d'un cours d'eau, comme dans « Morts sur la Sambre », c'est une fin que personne ne voudrait connaître. Pourtant, je peux vous assurer que c'est un enchantement par rapport à ce qui attend le malheureux au début de «
Waterloo, mortelle plaine » !
Les romans de
Francis Groff s'ouvrent sur un crime auquel, bon gré, mal gré, notre ami Stanislas Barberian se trouve mêlé. Au fil du temps, l'auteur se montre de plus en plus sadique, car les façons de tuer deviennent de plus en plus cruelles.
Ce qui ne m'empêche pas d'attendre avec impatience les nouvelles aventures du libraire. J'ai adoré déambuler à Namur, dans «
Vade retro Félicien », car c'est une ville chère à mon coeur. Et, dans ce nouvel opus, j'ai été comblée. En effet, certains passages se déroulent chez moi. Pour interroger un témoin, Stanislas arpente MON abbaye de Villers-la-Ville, et il n'oublie pas de commenter telle sculpture, telle architecture, en nous offrant d'intéressantes précisions historiques.
J'imagine le titanesque travail de recherche auquel a dû se livrer l'auteur pour brosser le cadre historique, le décor, l'atmosphère des reconstitutions de la célèbre bataille de Waterloo. J'ai eu la chance d'assister à l'une d'elles et l'auteur en rend l'ambiance avec tant de précision, mêlée à tant de verve, que j'ai eu l'impression de remonter le temps et de revivre ce moment mémorable.
Ce qui m'a aussi fait grand plaisir, c'est de constater que, cette fois, Martine n'est pas cantonnée à un rôle de potiche. Elle prend une part importante à l'enquête de son « Grand ». Si Stanislas sait réfléchir, déduire, assembler patiemment les pièces du puzzle, Martine est très observatrice. Elle est capable de reconnaître des personnes dont, le temps ayant fait son oeuvre, la physionomie a bien changé. C'est grâce à elle que l'enquête peut avancer.
J'ai aimé croiser des écrivains que j'apprécie, tels
Victor Hugo ou
Baudelaire.
J'ai eu la surprise de voir évoquer des personnalités de ma jeunesse : Marc Aryan, dont nous chantions les succès, ou Arlette Vincent, présentatrice vedette du « Jardin extraordinaire ».
En revanche, les descriptions des opérations au début du XIXe siècle ont de quoi faire peur. « A elles seules, les blessures et les maladies auraient occasionné deux fois plus de morts que le feu de l'ennemi. » Je préfère avoir affaire à nos chirurgiens actuels, même si l'un de ceux qui opéraient sur le champ de bataille s'était forgé une belle réputation en pratiquant une amputation en seulement neuf secondes !
Pas plus que Stanislas et sa compagne, je ne fréquente la côte belge, pour les mêmes raisons qu'eux. Voici un point commun de plus entre nous !
Tout ceci explique pourquoi j'ai, une fois de plus, été séduite par cette nouvelle aventure.
Et l'enquête ? me direz-vous. Eh bien, pour la découvrir, plongez-vous vite dans ce roman. L'histoire est prenante, palpitante, pleine de rebondissements. Elle propose des pistes et une solution imprévues et surprenantes.
Évidemment, j'ai adoré.