J'ai parlé récemment d'une biographie de l'homme qui, à la mort d'Ivan le Terrible, parvint à devenir tsar en se faisant passer pour son fils Dimitri (mort assassiné dix ans auparavant) ayant miraculeusement survécu. Je ne l'avais pas précisé, mais il existe une minuscule et tenace école d'historien persuadés que le faux Dimitri était bien le vrai. C'est à sa principale (voir unique) représentante française qu'on a ici affaire. Le fait est que beaucoup de zones d'ombres demeurent dans cette affaire. Pourquoi pas, donc. Le problème…
Bon, l'expression est éculée mais elle marche toujours. Donc, ça ressemble à de l'histoire, ça a le goût de l'histoire, l'odeur de l'histoire… Mais c'est pas de l'histoire. Cartes, arbres généalogique, index nominatif, tout y est. Sauf un petit ingrédient : des faits. On peut les tordre dans tous les sens, et beaucoup de chercheurs peu scrupuleux ne s'en privent pas, mais prendre le risque de totalement s'en affranchir sur une plage d'une dizaine d'années, quand on fait la biographie de quelqu'un qui en a vécu vingt-cinq environ, cela vous fait passer tout droit au rayon roman historique.
Mais le plus étrange est que… C'est totalement assumé. L'auteur affiche fièrement sa certitude inébranlable, et si elle reconnait qu'il n'existe aucune preuve à ce qu'elle avance « en tout cas pour l'heure » pas une seule seconde elle ne met en doute sa conviction. Sans cesse elle flirte avec le roman. A d'authentiques faits historiques viennent se greffer des paragraphes au conditionnel émaillés de « peut-être » et de « vraisemblablement », d'où jaillissent sans crier gare de véritables scènes de films. le tout en théorie pour essayer de retracer le parcours du vrai-faux Dimitri.
Malheureusement, et contrairement à ce qu'avance l'auteur, il existe une preuve plutôt solide qu'il s'agissait d'un imposteur : le tsarévitch était atteint d'une forme grave d'épilepsie… Pas l'homme qui devint tsar. Et à l'époque les traitements antiépileptiques n'existaient pas.
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