Bel album en trois parties, avec trois personnages féminins, très différents mais qui retiennent notre attention. Les amours adolescentes de Fanette m'ont paru pleines de fraîcheur, l'institutrice séduisante - et un brin allumeuse, a visiblement inspiré le dessinateur avec des poses aguichantes, et un caractère déterminé. Quant à la vieille femme, qui observe tout et veut tout savoir, elle projette une ombre maléfique sur un décor enchanteur, mais ressenti comme étroit.
Monet et son jardin de Giverny chantent la beauté des paysages aquatiques : on attendait des allusions à
Baudelaire et à ses « paysages brouillés », c'est
Aragon qui apparaît. Les vignettes resplendissent d'une lumière savamment dosée ; pas étonnant que la jeune artiste, Fanette, y trouve une inspiration originale.
Pour les récits, ils alternent et retiennent l'attention, avec leurs parts d'ombre mortifère : le cadavre initial requiert l'enquête et l'intervention de la police ; Les hommes ne sont pas flattés : dotés de leurs défauts habituels, jaloux, arrogants ou trop sûrs d'eux, le moins suffisant n'est pas le critique d'art.
Les épisodes se succèdent rapidement ... mais au fil des pages l'intérêt s'émousse jusqu'à un dénouement aussi peu convaincant qu'un tour de passe passe. Oublions-le pour conserver le souvenir des moments heureux alliant dans les tableaux comme dans les vignettes, la beauté, le désir et l'amour.