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3,83

sur 735 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une narration romancée qui relate les dix dernières années de la vie de Maurice Ravel.
Le récit démarre à la fin l'année 1927. Ravel est alors âgé de 52 ans Nous assistons à son embarquement à bord du France pour un voyage et une tournée gigantesque à travers le continent nord-américain. Il s'y produira triomphalement : New York où il est acclamé par 3 500 personnes, Boston , Chicago, Cleveland, la Californie…
Puis après quelques mois d'absence, le voilà de retour à Montfort-l'Amaury dans sa petite maison atypique.
On suit encore Ravel à Saint Jean de Luz. C'est là, qu'il va jouer sur le clavier de son piano une phrase qui se répète inlassablement, qui s'étoffera en un crescendo pour devenir son fameux Boléro.
Nous le voyons encore écrire le concerto en ré majeur pour la main gauche pour Wittegenstein, être victime d'un accident de la circulation à Paris, et, peu après, sombrer dans la léthargie , le silence et la mort en subissant les attaques d'une maladie neurodégénérative.
C'est un roman émaillé de quantités d'anecdotes, concernant le musicien mais aussi la vie quotidienne, mondaine, de cette décennie, un riche témoignage sur la société de cette époque.
Pour autant, Maurice Ravel, petit homme par le physique, mais compositeur talentueux, grand fumeur de gauloises et insomniaque invétéré , conserve sa part d'ombre et de mystère , le roman ne lève pas le voile sur sa vie privée .


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Jean Echenoz nous fait voir au plus près le quotidien du compositeur Maurice Ravel durant les dix dernières années de sa vie, avant qu'une maladie dégénérative l'emporte.
Embarqué sur le paquebot Le France pour une longue tournée de villes américaines à la fin de 1927, Ravel est décrit dans ses moindres détails par la très belle plume d'Echenoz. À tel point, qu'on se prend à scruter des photos sur Internet afin de constater de visu les dires de l'auteur.
Il n'était pas à proprement parler un virtuose du piano mais il fut un compositeur adulé et acclamé de son vivant et son Boléro, qu'il ne considérait pas lui-même comme une oeuvre majeure, lui a valu une popularité immense.
À lire donc pour l'écriture charmante de Jean Echenoz et pour l'évocation d'une époque révolue.
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Ma toute première lecture d'Echenoz s'avère être une réussite.
J'avais au départ jeté mon dévolu sur Des éclairs ayant pour sujet Nicolas Tesla mais, étant indisponible à la bibliothèque, j'ai du me rabattre sur Ravel, que je connais très peu en dehors du fait qu'il soit le célèbre compositeur auquel on doit le tout aussi célèbre Boléro. Et finalement le hasard a bien fait les choses.

Pourtant là encore, j'ai eu un peu de difficultés au début de ma lecture. Je trouvais le style assez froid bien que fluide et agréable à lire mais les nombreuses considérations vestimentaires et les descriptions détaillées des lieux commençaient à m'agacer.
Et puis la magie a fini par opérer, la curiosité et la facilité de lecture ont fait que je tournais les pages sans même m'en rendre compte au point de me faire regretter que le récit soit aussi court.

Le récit n'est pas, comme on pourrait le croire, une biographie romancée complète de Ravel. Jean Echenoz ne s'attarde que sur les dix dernières années de sa vie. J'ai été un peu déçue en constatant ce fait mais Jean Echenoz a réussi, sur la base de ces dix années, à brosser le portrait de son personnage en faisant entrer le lecteur dans son intimité. On découvre alors un homme assez maniaque et désinvolte. Gare à ceux qui, à l'instar de Toscanini ou Wittgenstein, osent dénaturer ses oeuvres.
On assiste alors à la naissance du Boléro, on est témoin du quotidien de Ravel dans son travail, ses tournées, Ravel qui ne peut se passer de ses chaussures fétiches mais qui pourtant les oublie sans cesse, part en voyage avec plus d'une cinquantaine de chemises et tout autant de cravates. Mais malgré ses airs de dandy à la limite de l'égocentrisme, on ne peut que s'attacher à lui. La progressive détérioration de sa santé, bien que Echenoz ne fasse pas dans le sentimentalisme, le rend finalement quand même très touchant.

Finalement, le style de l'auteur s'accorde bien au tempérament du personnage. Ça me rappelle beaucoup le Peste & Choléra de Patrick Deville, ce dernier ayant un style un peu plus poétique mais plus ciselé ce qui le rend plus « difficile » à lire. Néanmoins, un autre point commun aux deux auteurs est cette petite touche d'humour qu'ils insèrent avec parcimonie dans leurs textes.

J'ai donc beaucoup apprécié ma lecture, j'en aurais voulu plus encore mais pour cela il me faudra passer aux autres romans d'Echenoz, ce que je compte bien faire !

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Bref récit sur les dernières années de la vie du compositeur Ravel, l'auteur a bien su brosser le portrait de cet homme. On imagine bien, un homme petit, bien habillé, élégant, voire extravagant parfois, et sans jamais oublier ses souliers vernis pour les représentations.
Un gros mangeur de viande, un solitaire, pas de compagnie attitrée, assez demandé, mais un piètre pianiste du moins, on le comprend ainsi.
Bien évidemment, de Ravel, on retient avant tout le fameux "Boléro", et c'est là qu'on apprécie de connaitre la naissance de cette oeuvre incontournable de ce musicien.
La fin de Ravel, n'est pas très réjouissante, atteint d'une maladie sans jamais être vraiment nommée, mais qui se situe au cerveau, une opération inutile, qui sans doute précipite sa fin, 10 jours après celle-ci.
Je ne voyais pas du tout Ravel tel qu'il est décrit dans ce récit, et je ne connais pas non plus aucune de ses oeuvres hormis le Boléro, citées tout le long du récit.
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Un portrait singulier de Maurice Ravel , qui alterne les focales entre vie intime, création musicale, environnement géographique et social.
Dans une langue riche et pourtant simple, nourrie de descriptions raffinées, l'auteur nous permet d'approcher l'homme derrière le grand compositeur avec ses faiblesses, sa santé délicate, ses manies.
Un livre d'une grande originalité, qui intrigue, donne envie d'en savoir plus. Comment l'auteur réussit-il à nous rendre familier et proche cette figure célèbre ? S'est-il beaucoup documenté pour nous décrire par le menu la maison du musicien? Quelle est la part d' imaginaire qui se glisse dans le récit ?
Un livre petit par le nombre de pages, mais d'une rare densité.

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Cette biographie partielle de Maurice Ravel essaye de donner à ressentir les dix dernières années de l'illustre compositeur, de sa vie paisible dans sa petite maison de Montfort-l'amaury à ses tournées triomphales aux États-Unis ou au travers l'Europe. C'est fou d'ailleurs de constater l'immense renommée de son vivant d'un compositeur de musique classique ; aujourd'hui personne ne se retournerait sur son passage...

J'aime tellement la musique de Ravel, son incroyable sensibilité, ses couleurs enivrantes, ses harmonies époustouflantes, et surtout son talent d'orchestrateur rare. Quoique j'aime ausi sa musique pour piano... Bref j'aime tout chez Ravel, l'artiste. Et me retrouver face à Ravel, l'homme, plongée dans son quotidien, dans sa réalité humaine, a eu quelque chose de vraiment perturbant. Ses insomnies, sa rigidité, sa solitude m'ont fait découvrir un homme qui n'avait que peu à voir avec sa musique si généreuse, et j'ai presque regretté d'avoir soulevé le rideau pour espionner l'envers du décor.
Dans le même temps j'ai apprécié les anecdotes de composition, sur son célèbre boléro, mais aussi sur ses deux concertos pour piano. Quel bonheur de le voir côtoyer Marguerite Long, Arturo Toscanini ou Ida Rubinstein.
J'ai aimé lire sous la plume élégante de Jean Echenoz cet hommage à ce si grand homme, petit par la taille mais immense par le talent.
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Quand un livre commence par un alexandrin, on peut imaginer que le reste sera musical. Et c'est le cas tout au long du livre, on se laisse bercer par l'écriture superbe d'Echenoz. Il rend ainsi parfaitement hommage au musicien dont il parle : Ravel.
Ce n'est pas à proprement parler une biographie, c'est plutôt quelques instantanés des dix dernières années de sa vie. Ravel, un génie, ni sympathique ni sociable (sauf quand il fait la noce), juste lui, nonchalant et désinvolte, dandy, précieux, solitaire, insomniaque. Facétieux quand il compose "l'accompagnement de Ronsard à son âme pour la seule main gauche, lui-même ayant prévu de fumer avec la droite".
Ce livre est à déguster.
extrait :
"Allongé, il s'efforce de somnoler un moment mais, comme sa nervosité se bat contre sa faiblesse, ce conflit n'aboutit qu'à amplifier, exaspérer l'une et l'autre jusqu'à produire un malaise tiers, physique et moral et supérieur à la somme de ses composants."
et un très joli passage sur les signatures:
"La plupart des autres (ndlr : signatures) consistent en stylisations plus ou moins heureuses et compliquées d'un patronyme, leurs auteurs s'en donnant à coeur joie comme s'ils voyaient là, pour une fois dans leur vie, une occasion enfin donnée de faire l'artiste. le plus souvent dissuasives de tout espoir de lisibilité, elles consistent en interminables paraphes ornés de boucles, arabesques, spirales, allers-retours, virages en tous sens comme des patineurs sur glace ivres morts, relevés de mystérieux points et traits, à ce point sophistiqués qu'il est non seulement impossible de décrypter les noms qu'elles sont supposées incarner, mais parfois même d'établir dans quels sens elles ont été tracées, dans quel mouvement l'auteur a commencé sa petite oeuvre pour la mener à son terme..."
Lire un Echenoz, c'est toujours un vrai plaisir.
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Une belle découverte que ce Ravel, immensément célèbre par son Boléro, mais totalement méconnu dans sa vie. Echenoz lit lui-même son "petit livre" , comme il dit pour notre plus grand plaisir. Ce sont les 10 dernières années de la vie du musicien, cela va finir tristement, on n' a pas levé encore tous les mystères de son fragile état de santé, de sa solitude.

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Première des trois fictions biographiques écrites par Jean Echenoz, celle-ci est consacrée à Maurice Ravel. Une nouvelle fois, l'écriture de Jean Echenoz m'a saisie, et c'est en peu plus d'une heure que j'ai avalé ces pages. Une écriture concise, avec toujours une petite pointe d'ironie, de dérision, d'euphémisme qui ne le laisse pas indifférente.
Ravel était un génie, on le découvre dans ses dix dernières de vie, un homme élégant et très courtisé, un être carré qui se rassurait par le moyen de rituels précis et qui attachait une importance hors norme à ses vêtements et ses accessoires. mais aussi ... insomniaque, sous l'emprise du doute, de la maladie et de la solitude.
L'auteur s'est beaucoup documenté sur le célèbre musicien et le témoignage que nous livre Jean Echenoz est remarquable.
À l'instar de ce qu'il nous a proposé dans Des Éclairs, l'auteur nous dépeint la société de l'époque, ici celle de l'entre-guerre, à coup d'une multitude de détails (des marques de voitures en passant par les habits, les objets de cette période...). Beaucoup de petites précisions, que je n'ai pas toujours trouvées très pertinentes ... mais celà n'enlève rien au fait que cette bio fiction est très bien réalisée, à l'écriture fluide et que je trouve particulièrement agréable.
Ravel, ce génie, ce héros malgré-lui, est bouleversant sous la plume de Jean Echenoz, nous marchons dans ses pas, partageons son intimité et ses rencontres avec les célébrités de l'époque, l'accompagnons dans sa traversée de l'Atlantique en 1927, assistons à sa tournée triomphale aux États-Unis, à la création de son célèbre "Boléro"et du "Concerto pour la main gauche", écrit pour le célèbre pianiste Wittgenstein, et devenons en fin de course, témoin de sa chute folle ...
Quel plaisir de découvrir la vie d'une personnalité mondialement connue avec Jean Echenoz. Mieux que Wikipedia, il n'y a pas à dire !

Ce roman a été adapté au théâtre, avec une mise en scène  de Anne-Marie Lazarini. Et me voici partie à la recherche de l'enregistrement de la pièce.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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En venant ajouter une critique supplémentaire après tant d'autres, je vais essayer de ne pas répéter ce qui a été déjà été écrit. A l'image de ce que fait Echenoz en écrivant sur Ravel, je vais essayer d'aborder les choses sous un angle singulier, non sans avoir au préalable, rappelé la très grande qualité stylistique du roman. L'écriture est précise, très évocatrice, drôle. du grand art.
C'est une approche bien singulière que choisit Echenoz, bien éloignée des codes habituels de la bio : son roman-biographie commence lorsque Ravel est âgé de 52 ans et couvre les dix dernières années de la vie du musicien. Mais quand je dis 'couvre', c'est vite dit. Car le roman est construit de périodes très denses et qui le sont de moins en moins au fur et à mesure qu'il se déroule. Les 43 premières pages (je les ai comptées) soit plus du tiers du livre sont consacrées au départ de Ravel pour les Etats-Unis en 1928 et à son voyage sur un paquebot transatlantique. C'est à dire quelque chose qui a duré 5 ou 6 jours. Ensuite le deuxième tiers du roman (à peu près) couvre le reste de l'année 1928 : la tournée aux Etats-Unis proprement dite, le retour en Europe et la composition du Boléro. Et finalement le dernier tiers couvre les 9 dernières années de la vie de Ravel en se concentrant sur quelques 'évènements' comme la composition du Concerto pour main gauche pour le pianiste Wittgenstein, la tournée européenne de 1932 ou l'accident de taxi de la même année, ...
La construction du livre est à l'image de l'évolution de l'état de santé de Ravel : cela se dilue et l'absence devient de plus en plus présente. Malgré la légèreté de l'écriture d'Echenoz, cela contribue à renforcer la tonalité de tristesse, qui domine dans cette vie de Ravel, Un homme célébré et entouré mais qui semble irrémédiablement enfermé dans la solitude.
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