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De Silène Edgar, je n'avais lu jusqu'à présent que des romans destinés à un public adolescent et mettant en scène une période historique précise : « Adèle et les noces de la reine Margot » sur le massacre de la Saint-Barthélémy, « Les lettres volées » sur la relation entre Madame de Sévigné et sa fille, sans oublier l'excellent « 14-14 » (écrit en collaboration avec Paul Beorn) mettant en scène la correspondance entre un adolescent vivant en 1914 et un autre en 2014. C'est donc la première fois que je découvre l'autrice dans un registre plus adulte, et le résultat est de très bonne facture. Les dystopies sont à la mode depuis quelque temps (notamment dans la littérature jeunesse), et c'est dans ce sous-genre que s'inscrit le roman de Silène Edgar. La société mise en scène dans « Les affamés » n'a cependant pas grand-chose à voir avec celle d'un « Hunger Games ». Nous sommes dans un futur relativement proche, en France, quelques années après l'éclatement de ce qui est resté dans les mémoires comme la « révolution verte », un immense soulèvement populaire désireux de mettre fin aux inégalités sociales et de renouer avec « les jours heureux » du programme du Conseil national de la Résistance, tout en se voulant plus respectueux de l'environnement. le problème, c'est que ce formidable élan populaire a vite été récupéré par un parti qui, une fois arrivé au pouvoir, s'est empressé de mettre le holà et de re-hierarchiser petit à petit toute la société. Chaque citoyen se voit désormais attribuer un statut d'Utilité allant de un à cinq, en fonction de l'importance de l'emploi exercé pour la société. Ce statut donne le droit à des crédits, et ces derniers sont indexés sur le bulletin de santé. Plus le niveau d'utilité est bas, plus l'hygiène de vie doit être impeccable sous peine de pénalités et d'accès aux soins limité. Les Utilités 5, eux, ont les crédits suffisant pour se payer des traitements onéreux ou pour graisser la patte des spécialistes, et peuvent donc profiter de la vie comme bon leur semble. Et voilà les inégalités qui font leur grand retour !

C'est dans ce contexte que l'on suit le parcours de Charles, écrivain à succès classé d'Utilité 5 et qui bénéficie donc d'un mode de vie privilégié : nourriture à volonté (même les matières grasses désormais interdites aux autres citoyens !), pas de sport obligatoire, cigarettes autorisées, soins les plus sophistiqués mis à disposition... Mais pour combien de temps encore ? Car au gouvernement les choses bougent, et la rumeur court depuis quelque temps qu'un ministre aux dents longues envisagerait de déclasser les écrivains de leur statut d'Utilité 5. Pour Charles, l'heure de se positionner à sonner : mais quel camp choisir ? Celui de son épouse et du ministère, qui le somment de s'autocensurer pour rentrer dans les clous et garder son statut ? Ou celui de ses parents, du souvenir de son frère et de cette jeune femme dont il vient de faire la rencontre et qui le poussent à se rebeller contre le pouvoir, quitte à perdre ses privilèges ? On retrouve dans « Les affamés » un certain nombre de similitudes avec les dystopies sorties ces dernières années, à commencer par une inquiétude partagée concernant notre dépendance aux nouvelles technologies. Comme dans les épisodes de « Black Mirror » ou « Les furtifs » de Damasio, la société dans laquelle évoluent les personnages est hyper-connectée, avec des systèmes de reconnaissance facile installés partout et des assistants personnels implantés directement dans la peau. Autre élément fréquemment utilisé, l'imposition d'une hygiène de vie exemplaire qui, là encore, entre évidemment en résonance avec un certain nombre d'exhortations actuelles (« manger cinq fruits et légumes par jour » ; « pratiquer une activité sportive régulière »), même s'il est plus rare qu'il s'agisse là du critère principale de domination. Enfin, la société imaginée est profondément inégalitaire avec, comme aujourd'hui, une polarisation entre deux classes sociales distinctes, une dominante et une dominée, et une résistance quasiment inexistante ou marginalisée grâce à un savant mélange de concession/communication/menace implicite.

Si « Les affamés » reprend donc la plupart des codes de la dystopie classique, cela n'empêche pas le roman d'être intéressant. Son originalité se trouve toutefois moins du côté du cadre, que du côté du message que cherche à faire passer l'autrice. Tout le roman tourne en effet autour du fait qu'on cherche à utiliser le héros comme le porte parole d'une idéologie et que ses écrits doivent être mis au service d'une cause. Or, l'essence même du roman est justement de démontrer que les mots d'un écrivain peuvent être interprétés de toutes les manières possibles, et donc servir des causes contradictoires dans la mesure ou chaque lecteur y verra ce qui viendra conforter ses attentes. La conclusion se révèle particulièrement habile de ce point de vue dans la mesure ou il s'agit d'une fin ouverte qui laisse au lecteur le soin de choisir l'interprétation qui lui convient le mieux. Rien à voir, donc, avec ce que peut faire Alain Damasio dans « Les furtifs », dystopie dans laquelle il affirme et revendique une idéologie de gauche radicale. Si Silène Edgar se garde d'imposer un avis politique tranché, cela ne l'empêche pas d'aborder des sujets d'actualités brûlants comme les ZAD, les inégalités sociales, la censure d'état ou encore la désobéissance civile. Difficile de ne pas faire le lien avec l'époque actuelle, d'autant que le roman se situe en France (dans l'ouest, notamment), ce qui permet de renforcer l'immersion et l'implication du lecteur. le sentiment de familiarité éprouvé par le lecteur vient également du fait que le mode de vie du héros n'est finalement pas si éloigné du notre. Parmi les autres points forts du roman, on peut citer l'attention particulière portée à la littérature, et notamment la poésie. Les personnages sont pour leur part convaincants : on serait tenter de prendre Charles en grippe en raison de son statut de privilégié, mais le pauvre garçon est tellement paumé et tiraillé entre plusieurs loyautés qu'on finit par le trouver sympathique. Et puis son amour pour la bonne cuisine ne peut que le rendre attachant ! Les personnages secondaires se divisent quant à eux principalement en deux catégories : les pro-système et les anti, mais l'autrice se garde (dans l'ensemble) de tout manichéisme.

Silène Edgar signe avec « Les affamés » une dystopie assez classique sur la forme mais néanmoins originale dans son traitement. Plein de surprises et sans véritable temps mort, le roman se dévore rapidement et nous laisse avec un sentiment agréable, celui d'avoir lu un récit bien construit, bien écrit, et peuplé de personnages convaincants. Une belle découverte.
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J'ai terminé l'année 2019 sur une note de science-fiction grâce à Silène Edgar. Des thématiques et réflexions intéressantes pour ce court roman mais tout m'a semblé beaucoup trop centré sur le personnage principal. Petite déception donc face au manque d'ampleur.

Et si dans quelques années, suite à une révolution verte, notre société était beaucoup plus saine/healthy ? Après tout, nous sommes nombreux à rêver de plus d'écologie, de consommation responsable et tout ce qui s'en suit.
Oui, mais si dans cette société idéalisée, les dérives extrémistes faisaient leur apparition ? Et si les libertés étaient bafouées, chaque geste étant surveillé et imposé ? Nourriture saine et bio, séances de sport quotidiennes obligatoires et surtout interdiction de consommer les produits néfastes (alcool, tabac…). Grâce à cette société et à ses Lois de Santé, la mortalité a drastiquement diminué et les dépenses publiques se portent infiniment mieux. Oui, mais les discriminations sont de retour, les corruptions sont plus nombreuses que jamais et la censure repointe le bout de son nez. de l'utopie naît la dystopie.

Charles, l'écrivain à succès, n'a que faire des inégalités sociales. Il fait partie des puissants (c'est un « Utile classe 5 »), il peut donc se permettre tout ce qu'il veut, il multiplie les passe-droits. Alcool, bouffe grasse et sexe à volonté. Sa petite vie est bien réglée dans un très chic appartement auprès d'une femme mondaine qu'il n'aime plus mais qui lui offre une belle image de couple riche et épanoui. Ses médecins le mettent en garde mais qu'en a-t-il à faire, lui, le Grand Charles ? Tout lui réussit.
Mais le gouvernement prévoit de durcir ses lois et la future rentrée littéraire risque d'en pâtir. Moins d'écrivains rémunérés (la plupart rétrogradés), davantage d'écrivains contrôlés… il va falloir être approuvé par le gouvernement. Et autant dire que Charles ne fait pas l'unanimité, ses écrits étant jugés trop sulfureux, trop peu politiquement corrects. Si l'écrivain à succès ne revoit pas sa copie, peu importe sa célébrité, il perdra sa cage dorée et rejoindra le caniveau.

J'ai aimé que Silène Edgar s'interroge sur les dérives d'une société – aussi idéale semble-t-elle de prime abord – et sur la question de la censure, de la liberté. J'ai aimé qu'elle place une partie de son récit au sein d'un rassemblement de militants et qu'elle interroge l'impact des actions individuelles sur le collectif.
Oui, j'ai aimé les thématiques et le propos de façon générale. Mais j'ai été un peu déçue par leur portée, trop peu étendue à mon goût. J'ai eu l'impression que tout était beaucoup trop auto-centré sur l'ego de Charles qui est certes le personnage principal, mais qui manque tant de dynamisme, de combativité et de niaque ! Qu'il est mou cet écrivain sur le déclin !
Alors oui, je peux comprendre le traitement de ce personnage qui n'est pas un jeune adolescent qui n'a peur de rien et sauve le monde en 24 heures ; Silène Edgar propose une figure adulte crédible dans ses hésitations et sa posture… mais peut-être aurais-je préféré suivre également d'autres acteurs de cette histoire pour élargir un peu le propos. Parce qu'en tournant la dernière page, j'ai eu comme l'impression d'avoir goûté à une histoire qui avait tous les ingrédients pour être grande mais qui ne s'élève jamais vers les sommets. Quel dommage !
En revanche, je reconnais une jolie plume à l'autrice et je retiens quelques passages descriptifs efficaces grâce auxquels je n'ai eu aucun mal à me projeter au coeur de l'histoire.

C'est donc mitigée mais tout de même forte de quelques réflexions que j'ai refermé les Affamés. Je n'hésiterai pas à relire Silène Edgar, je pense qu'elle a beaucoup à dire et à insuffler dans ses histoires mais j'espère la prochaine fois y trouver des personnages qui auront un peu plus de poids et de niaque.
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J'ai adoré la dystopie initiée dans ce roman, qui me rappelle "S.O.S Bohneur", une bande dessinée de Jean van Hamme parue à la fin des années 90.

Le parti de la santé gouverne la France. le mot d'ordre pour chaque citoyen, rester en bonne santé. L'état s'occupe de tout: bilan de santé, recommandations d'alimentations, tout est fait pour réduire les coûts d'une hygiène de vie qui pourrait mettre en péril les finances publiques. Tout le monde à la même enseigne? Pas vraiment. Les personnes se voient assigner une "classe d'Utilité" de 1 à 5, en fonction de l'utilité de votre profession. Notre personnage principal, Charles, écrivain reconnu, classe d'utilité 5 est un bon vivant et adore cuisiner. Lui a accès à tout ce qui lui fait envie. Mais quand il apprend qu'une motion veut réduire le nombre d'écrivains privilégiés en fonction de la teneur subversive de leurs oeuvres, tout s'écroule.

Sur cette base, je m'attendais à un coup de coeur. Mais le dernier tiers du roman tourne vers une amourette qui m'a plutôt déçu.
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Les Affamés est un roman très court mais dense. L'autrice aborde de nombreux sujets, le récit ne suit pas forcement la ligne qu'on attend et si vous voulez garder un maximum de surprises, je vous conseille de ne lire la préface de Pierre Bordage qu'une fois le roman terminé.

Quelques mots sur l'histoire. Dans un futur proche, on assiste à la naissance d'une révolution verte. Ecologie et bien-être au coeur de notre démocratie. Un semblant d'utopie voit le jour... mais rapidement les travers humains reprennent le dessus et des différenciations ont lieu selon le degré d'Utilité. Charles, écrivain à succès, est un privilégié : il fait partie des citoyens Utiles de classe 5, ce qui lui permet à lui et ses proches une vie confortable, des crédits illimités à la consommation ainsi que le droit à tous les excès. Cependant son statut est sur le point d'être remis en cause. le nombre d'écrivains et de livres autorisés vont être revus à la baisse. Charles est sur la sellette, ses écrits trop subversifs ne plaisent pas en haut lieu. Sa notoriété lui permet d'avoir une dernière chance afin d'éviter le déclassement...

Les Affamés est un livre politique, écologique, résolument engagé. Proche de l'idéologie altermondialiste, l'autrice dénonce les excès de notre société de consommation mais remet également en cause les révolutions qui au final accouchent inlassablement des mêmes maux. de l'utopie à la dystopie la frontière est mince. Lutte des classes, corruption, censure et libertés sont au centre du récit. Mais Les Affamés c'est aussi une contestation de cette société hyper-surveillée, hyper-connectée. Et Les Affamés c'est surtout le poids des mots, leur appréciation, leur connotation...

J'ai eu un peu de mal à me plonger dans cet univers, certains aspects technologiques de ce futur proche m'ont semblé peu crédibles. C'est la faiblesse du récit. Par contre au niveau sociétal, l'immersion est totale. Les discriminations, plus ou moins insidieuses, nous frappent de plein fouet. Et le concept d'Utilité ajoute du crédit au récit, merveilleuse trouvaille qui reflète les travers de notre société actuelle.

J'ai retrouvé dans ce roman, ce que j'avais aimé dans Fortune Cookies, le questionnement sur notre capacité à réagir. Résister ou plier. Et plus exactement comment plier en résistant ou résister en pliant.

Pour conclure, Silène Edgar avec Les Affamés nous livre une fable écologique et libertaire, un roman engagé, addictif et surprenant qui se lit vite mais qui interroge longuement.

Et au final chacun y trouvera ce qu'il voudra...

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Je ne connaissais Silène Edgar qu'à travers ses publications pour la jeunesse, et j'ai découvert que ce roman n'était pas sa première incursion dans le domaine de la littérature « vieillesse » (ce n'est pas moi qui le dit^^). D'ailleurs j'aime ce terme qu'elle emploie dans les remerciements, qui montre l'absurde des catégorisations… Si on ne fait pas de la littérature jeunesse, on fait de la littérature vieillesse ? Pourquoi le monde littéraire est-il si peu poreux entre la littérature jeunesse et le reste ? Et, même si ce n'est pas le sujet aujourd'hui, entre la littérature blanche et le reste ? Pourquoi un auteur / une autrice ne peut-il pas juste écrire ce qui lui vient, sans penser à la catégorisation future ? C'est une sorte de (auto)censure qui s'opère avec cette catégorisation, qui peut brider l'imagination des créateurs par peur de ne pas trouver d'éditeur ou de lecteurs. Comme quoi le sujet abordé par Silène Edgar dans son livre n'est hélas pas si loin de notre réalité.
En effet, une des problématique de Charles face aux modifications de la loi à venir, c'est de continuer à créer, comme il l'a toujours fait, tout en pouvant être publié et passer au travers de la censure d'Etat. Car qui dit censure dit perte de ses privilèges, ce que ni lui ni sa femme ne semblent prêts à accepter…
Revenons sur ce gouvernement qui a instauré les Lois de Santé. Chacun est surveillé, au niveau de son alimentation et de son activité physique. Chacun a un statut et un emploi en fonction de son « utilité » pour la société. Plus on est estimé utile, plus on a d'argent et de libertés pour le dépenser. Charles, lui, est un privilégié, un « Emploi utile classe 5. Fric quasiment à volonté, crédits santé au top… Sa femme peut se permettre de ne rien faire d'autre que de mener une vie mondaine, et lui s'abîme la santé autant qu'il le souhaite. Tant qu'il écrit un roman tous les deux ans. Tant que le Parlement Valide.«
Charles se trouve au pied du mur : va-t-il se plier aux volontés du Parlement et publier un texte qui leur convient pour continuer à mener sa vie « de rêve », ou va-t-il revenir à ses premières amours, quand il écrivait sans réfléchir au succès, aussi subversif que ça soit ? Au risque de tout perdre ?
Comme souvent dans la science-fiction, l'idée de départ du gouvernement pouvait être louable, améliorer les conditions de santé des citoyens, diminuer la mortalité liée aux mauvaises habitude (malbouffe, alcool, tabac…). Mais comme toujours le pouvoir corrompt les puissants, qui veulent toujours plus asseoir leur place, et ici c'est un député qui, à l'approche des élections, veut assurer son rôle. Si un auteur, dans ses romans, a des personnages qui fument, boivent et prennent des risques, comment peuvent-ils être des exemples ? On va suivre Charles dans sa réflexion, et à la découverte de la vie en dehors de sa bulle.
J'ai beaucoup aimé le style de Silène Edgar, clairement en dehors de la littérature jeunesse, mais de manière toute aussi efficace. Et j'ai aussi apprécié sa réflexion sur la liberté d'une manière générale. La liberté de penser, d'écrire, mais aussi d'agir comme on le souhaite. Un beau roman, avec une réflexion intéressante autour de la liberté e la censure, et du pouvoir qu'on les gens de faire changer les choses.
J'ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu. Merci à eux pour la confiance.
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Je ne sais pas comment noter ce livre car...

J'ai trouvé l'idée juste excellente: cette histoire dans un futur proche (en France) où la Loi sur la santé régit la vie des citoyens. Et où chaque citoyen est classé selon son "utilité". En résumé, plus votre profession est considérée comme utile, plus vous aurez de libertés. La liberté de manger ce qui vous plait, notamment, de boire, fumer etc. Les personnes pratiquant des professions jugées comme peu utiles verront leurs libertés restreintes de manière radicales. Ce qui fait de cette nouvelle société "idéale" une société profondément injuste, où les riches ont tous les des droits, et les pauvres tentent de survivre.

Avec un tel départ, je m'attendais à quelque chose de plus profond et de plus "fouillé" qu'à voir Charles, écrivain considéré comme très utile mais en phase de perdre son statut, s'amouracher d'une jeune femme de la moitié de son âge. A mon goût, trop de place est donnée à ses états d'âme en lien avec cette jeune femme (du vu et revu!) plutôt que d'explorer la partie vraiment intéressante de ce roman: cette société dystopique!

J'aurais aussi aimé que les personnes soient plus profonds, et plus creusés. Mais 245 pages, c'est sans doute trop peu pour aller beaucoup plus loin.

Quoi qu'il en soit, le personnage principal manque de profondeur à mon goût, et cette idée de roman que je trouve excellente aurait mérité d'aller plus loin. J'ai néanmoins eu du plaisir à le lire, même si je suis restée sur ma faim.
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Un excellent moment de lecture pendant lequel j'étais heureuse de retrouver le personnage principal et très impatiente de découvrir ce qui allait se passer.
Le style d'écriture superbe nous emmène dans un décor dystopique et une histoire magnifiques.
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Dans une France futuriste (peut-être pas si lointaine…), les Lois de la Santé ont pris le pouvoir, suite à la révolution verte ! La population, scindée en classes sociales, d'Inutile à Utile 5, doit répondre à la devise « Un esprit sain dans un corps sain ». Nourriture saine, sport obligatoire, rien de nuisible pour la santé n'est autorisé. En théorie bien sûr, car évidemment, des inégalités se sont creusées au cours du temps, au sein de ces catégories socio-professionnelles : Plus on descend dans le classement et plus on vit « tristement sainement » car l'accès aux soins est de plus en plus diminué, au contraire plus on est reconnu Utile et plus on reçoit de crédits illimités à la consommation et la possibilité de se faire soigner. C'est le cas de Charles, auteur célèbre, reconnu Utile classe 5 et qui use et abuse de la bonne chère, de l'alcool et de tout ce qui est proscrit ! Malgré tous ces avantages, Charles, désabusé, se morfond. Vie personnelle et familiale ne le satisfont plus. Seule l'écriture (et la cuisine) l'arrache à sa morosité. Jusqu'à présent, Charles n'a, en effet, été soumis à aucune censure.
Pourtant, un beau jour, le ton se durcit : le député chargé de l'Utilité de la culture juge ses écrits séditieux. Charles doit rentrer dans le rang sous peine de voir ses romans censurés et son statut rétrogradé…
Le roman de Silène Edgar nous propose une dystopie bien dans l'air du temps, avec une belle réflexion sur de possibles dérives de notre société hyper connectée et bien-pensante. Très intelligemment, elle pointe du doigt les travers d'une révolution « verte » qui partant d'une bonne intention (tout le monde mange à sa faim et vit plus longtemps) finit par retomber dans les erreurs du passé autrement dit créer des inégalités et des injustices. La censure (et donc les libertés) est également au coeur de son récit. Charles va-t-il rentrer dans le rang et s'autocensurer comme le lui demande entre autre sa femme qui ne veut pas perdre ses privilèges d'épouse d'un « Classe 5 » ou bien va-t-il se rebeller comme son frère avant lui, sous l'influence de ses parents et de Salomé, une jeune rebelle dont il tombe amoureux ? Cette dernière est une révolutionnaire pacifique mais elle fait partie d'un groupe de militants qui souhaitent que Charles soit leur porte drapeau en leur écrivant un texte fort. Quelle sera sa décision ? Ainsi, le roman de Silène Edgar, aborde par petites touches (car il s'agit d'un roman court, 250 pages environ) nombre de sujets tels que la dépendance technologique, l'hygiène à outrance, l'écologie poussée à son extrémité, la manipulation. Mais il reste avant tout un roman sur les livres, les mots et leur pouvoir ! Seul petit bémol, encore un quinqua qui tombe amoureux d'une fille qui a la moitié de son âge mais bon …Sylvie
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Honnêtement je ne connaissais pas Silène Edgar !

« Les affamés » ou quand un écrivain rock'n'roll star se prend les pieds dans le tapis d'un politicien très écolo-friendly intégriste...

Une dystopie/utopie sur la société et le comportement humain...

Le gouvernement de ce roman qui a instauré les Lois de Santé. Chacun est surveillé, au niveau de son alimentation et de son activité physique avec un statut et un emploi en fonction de son « utilité » pour la société. Plus on est estimé utile, plus on a d'argent et de libertés pour le dépenser. Charles, l'auteur-héros, est un privilégié, un « Emploi utile classe 5 » : l'argent quasiment à volonté, crédits santé au top… Sa femme mène une vie mondaine, et lui transgresse tout…. Tant qu'il écrit un roman tous les deux ans. Tant que le Parlement Valide !



Là, un politicien un brin intégriste (et arriviste !)

Les Affamés est un roman autant politique, écologique, que résolument engagé. Assez altermondialiste dans sa conception, l'auteur dénonce notamment les excès de notre société de consommation et remet aussi en cause les révolutions qui, en fin de compte, répètent les mêmes maux.

Ça parle de lutte des classes, corruption, censure et libertés.

Les Affamés est également, pour moi, une rébellion contre une future société méga-surveillée, hyper-connectée.

La société décrite est fluide, les discriminations, plus ou moins insidieuses. Et le concept d'Utilité reflète les travers de notre société actuelle…

Pour le reste, je l'ai lu rapidement mais il ne me restera pas dans la tête… malgré que j'aime les dystopies et utopies (uchronie, aussi !)

Il est à noter que la préface est signée Pierre Bordage...
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J'ai trouvé ce court roman dystopique plutôt agréable dans son ensemble. Je n'ai pas tellement apprécié le héros principal, un écrivain, dont le caractère m'a paru fade et sans profondeur. Cependant l'écriture est agréable et on tourne assez vite les pages car l'histoire est prenante. La fin est surprenante. Je le recommande pour tous ceux qui veulent passer un bon moment sans prise de tête.
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