Je sens une main douce et familière me caresser la tête une dernière fois. J’entends des murmures et une mélodie. Une voix éloignée qui me berce délicieusement. Puis le silence. Ce silence qui fait du bien, qui ne vous angoisse pas mais qui apaise et vous dit, qu’enfin, le repos sera salvateur.
Cette même main délicieuse et calme me caresse le visage cette fois. Ma barbe de trois jours émet un bruit râpeux. Je veux ouvrir les yeux mais n’y arrive pas. Une odeur familière vient me frôler les narines, une senteur que je connais très bien, mélange fleuri et enchanteur, c’est SON odeur, je le sais. Je tente, à nouveau de rouvrir les yeux. Un, écoute enfin mon désir et s’ouvre enfin.
Il était en droit de savoir que certaines de nos folies avaient engendré un petit être, moitié lui, moitié moi. Mais la vie est ainsi faite, j’ai guéri de cette absence et j’ai fait mon deuil. Pour lui c’est encore plus compliqué parce que d’un c’est quelque chose d’abstrait, et de deux, parce que son sentiment de culpabilité s’en voit décuplé alors qu’il n’y est pour rien. J’ai voulu lui dire tant de fois, mais tant de fois j’ai eu peur à la fois de sa possible indifférence que de sa trop grande sensibilité.
Le bleu de ses yeux me noie quand elle s’approche de mes lèvres pour les goûter comme elle seule sait le faire. Elle me frôle, me mordille et me lèche. Je sais qu’elle aussi a besoin de mon corps pour se rassurer, parce que nous faisons ça trop bien tous les deux. Ce qui nous unit lorsque nos corps s’emboîtent est difficilement explicable, mais c’est là. Là, et nulle part ailleurs.
De ces femmes qui passaient dans ma vie et là, ton visage m’est apparu. Quand je me suis arrêté de parler en regardant dans le vide, le psy ne m’a pas interpelé comme s’il parvenait à comprendre mon absence. Il le respectait. Je ne sais pas combien de temps a duré mon silence …
J’ai besoin de ses yeux pour voir et de son visage pour sourire, j’ai besoin de son cœur pour vivre et de son amour pour être heureux. Je suis amoureux, putain.