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EAN : 9782490155804
228 pages
Éditions Emmanuelle Collas (25/08/2023)
4.29/5   59 notes
Résumé :
Après la mort de son père, Minga apprend que sa mère, Joséphine, a disparu dans des circonstances mystérieuses en Afrique de l'est, où elle travaillait pour une ONG. Pour tenter d'en savoir plus, elle se rend dans le camp de Bidibidi, au nord de l'Ouganda, où vivent les populations fuyant la guerre civile qui fait rage au Soudan du Sud. Elle découvre que tout tourne autour d'une femme : Rose, dont la mémoire hante chaque recoin du camp. Si elle veut savoir le fin mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman de Charline Effah s'inscrit dans un projet littéraire sur le corps des femmes qu'elle construit depuis l'écriture de "N'être" , roman publié en 2014, "La danse de Pilar" publié en 2018 et finalement "Les femmes de Bidibidi" qui vient de paraître. Ce cycle de romans est né de la volonté d'écrire sur le corps féminin en travaillant sur différents angles.
Pour "Les femmes de Bidibidi" , l'autrice choisit d'évoquer les corps meurtris par la guerre, en situant son récit dans un camp de réfugiés en Ouganda .

A l'âge de 8 ans, Minga aide sa mère à fuir la violence conjugale et accepte qu'elle disparaisse de sa vie. Car il est avant tout question de survie lorsque l'on est face à un homme qui veut une femme qui lui appartienne totalement.
" Ton père disait que je n'étais pas une femme bien qui accepte la correction de son mari et n'essaie pas de le contester. Mais je ne voulais pas être une femme bien qui a toujours peur. Oui, je te parle de la peur des femmes. Elles ont toujours peur, malgré les lois qui stipulent que maintenant elles ont le droit de voter, de travailler, d'avorter. Bien qu'on leur ait claironné qu'elles étaient libres, les femmes ont peur depuis l'origine des temps. Sexe faible, condamné à trembler sous le joug du patriarcat. Je te parle de survie. Ce chemin solitaire. Toutes ces errances que j'ai rencontrées ici à Bidibidi. "

Devenue adulte, Minga se rend dans le camp de réfugiés où travaillait sa mère pour découvrir le mystère de sa disparition et pour raconter à la fois les maux et le courage des femmes africaines, souvent les premières victimes des guerres.
Elle met ainsi en lumière la douleur physique et psychologique des femmes qui ont très souvent été violées ou qui doivent se prostituer pour survivre.

Le sujet est sans aucun doute important et poignant, mais cela ne doit pas empêcher de formuler un avis plutôt tiède sur un ouvrage qui se réclame de la fiction.
Même si Charline Effah s'est rendue dans un camp de réfugiés en Ouganda, les moments de vie sont évoqués à grands traits et restent assez abstraits, faute de descriptions topographiques. Il manque au roman cette illusion de réalité qui permet aux lecteurs de se transporter sur le lieu de la narration.
Cette même épaisseur, qui permet l'empathie, manque à ces personnages de femmes (Jane, Rose, Veronika et Josephine) qui sont représentées dans un premier temps comme victimes de la violence des hommes et dans un second temps comme force de résilience.
De fait, elles sont réduites à des stéréotypes qui certes illustrent le propos de l'autrice, mais ne suffisent pas à créer de véritables personnages de roman.
En schématisant les portraits de ces femmes, la force de l'émotion s'appauvrit et même si le parcours de Rose est bouleversant, on peut éprouver une certaine frustration à rester aussi éloigné d'un tel personnage.

On pourra toutefois saluer l'intention de l'autrice qui a choisi de consacrer un roman à ces femmes qui se tiennent debout avec leurs corps cassés.
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Minga, la narratrice, a 8 ans, quand sa mère fuit le domicile conjugal pour ne pas mourir sous les coups de son mari, pour ne pas mourir de désespoir; elle ne la reverra plus. Minga a soutenu sa mère lors de sa fuite et ne lui en a jamais voulu. quarante ans après, à la mort de son père, elle trouve des lettres de sa mère qui lui sont adressées et que son père a cachées. Elle part en Ouganda, dans le camp de Bidibidi, là où travaillait comme infirmière pour une ONG et où elle a disparu pour tenter de comprendre et de donner un sens à ces quarante ans d'absence.
Ce roman est centré autour de trois personnages féminins, très différentes les unes des autres mais dont les points communs sont les rêves fracassés et les corps détruits : Véronika, Jane et Rose mais qui espère encore un avenir meilleur. Véronika, vit dans le camp depuis sa création en 2016, avec son mari et ses deux fils; elle ne supporte plus son corps vieillissant, ménopausé, sans désir mais qui la protège de l'avidité des hommes. Jane a vendu le sien pour quelques pièces pour partir à la recherche de son fils dont elle a perdu la trace après un bombardement. Rose a vu les siens massacrés lors de la guerre civile, elle a été violée et a dû prendre une décision dramatique qui l'a détruite.
Le camp de Bidibidi existe réellement, l'auteure s'y est d'ailleurs rendue; il se situe au nord de l'Ouganda, à quelques kilomètres de la frontière du Sud Soudan; il a été crée en 2016 pour accueillir les réfugiés qui fuyaient la guerre civile après avoir survécu à la guerre d'indépendance. Il compte environ 300 000 personnes dont environ 70% sont des femmes et des enfants. Même si le roman nous donne à voir l'organisation sociale du camp avec sa violence, ses tensions, sa misère, ce n'est pas le propos principal.
Ce roman est un hommage à toutes les femmes qui subissent des violences, qu'elles soient dans l'intimité du couple ou de la famille ou lors des guerres dont elles sont les premières victimes, saccager le corps des femmes, c'est saccager un peuple, l'avilir. Hommage au courage, à la résilience de celles qui se relèvent, qui se battent pour se reconstruire. Hommage à la sororité de celles qui partagent le même sort et trouvent réconfort entre elles.
C'est un roman poignant, fort dont l'auteure rejoint ces écrivaines africaines comme Mariama Bâ, Hemley Boum ou Djaïli Amadou Amal, entre autres, qui savent si bien nous faire prendre conscience de la réalité des femmes africaines. Qu'elles en soient remerciées.

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🪽Chronique🪽

« Le malheur des femmes est un non-événement. »

La violence de cette phrase m'a déchiré le coeur. Non seulement parce qu'elle est vraie, mais plus encore parce qu'elle est réelle. La violence faite aux femmes est systémique mais en plus, silenciée. Depuis la nuit des temps jusqu'à nos jours, le corps des femmes est un champ de bataille. Tout le monde sait, mais tout le monde ignore cette violence inouïe à l'égard des femmes. Cette phrase, elle arrive, à peu près au tiers du roman, nous sommes au coeur du camp du Bidibidi, et l'horreur du quotidien de ces réfugiées nous frappe en pleine gueule. Guerres, brutalités, misère, violences, dénuement, peur, meurtrissures, déracinement…Et pourtant, ces femmes de Bidibidi, dans le regard de Minga, sont belles, altières, puissantes. Malgré leur malheur évident, avec ce que ça comporte de souffrances visibles et invisibles, Minga voit leurs potentiels résiliants, la sororité, les corps sublimes. Et ce qui a fait envoler mon coeur, oui, parce que même brisé, il a encore des ailes…Alors même quand ça crissait, même quand ça suintait, même quand ça puait la mort, je marchais avec Minga. J'avançais avec toutes ces femmes dans le coeur. Rose, Jane, Joséphine, Veronika. J'avais envie de croire de toutes mes forces, qu'on pouvait bâtir ensemble, un rêve. En faire un événement. le choix de la réparation…Parce que c'est de cela qu'il est question, de réparer les femmes, après le carnage des hommes…

« Mais alors, pourquoi suis-je venue? »

Parce que j'étais prête. J'étais prête à entendre la douleur de mes soeurs de là-bas. J'étais prête à me confronter à la folie des hommes, à l'horreur d'une guerre, à lever des tabous, même si j'allais y perdre des plumes. J'étais prête, il me semble, mais en fait, on n'est jamais bien préparée à ce genre de réalité. Ces survivantes, ces âmes errantes, ces femmes battues sont tellement brisées de l'intérieur que seules des femmes engagées et bienveillantes, peuvent encore, avoir l'espérance de recoller leurs morceaux éparpillés. Minga ira jusqu'à elles, pour suivre et comprendre sa mère, infirmière et fêlée de toute part…Elle est venue jusqu'au camp pour mettre des mots sur le phénomène de la fuite. Fuir pour les femmes, c'est choisir de vivre. Fuir un foyer, un pays, une condition, c'est essayer de se réinventer en d'autres lieues. Fuir pour essayer de reconstruire ailleurs, un corps, un rêve, un espoir. Elle est venue jusqu'en Afrique, pour saisir le vrai sens du mot Réparation…Cette quête va l'emmener à découvrir la tragédie des femmes de Bidibidi, mais également le cheminement résilient de sa mère.

« J'ai la nostalgie de mon corps d'avant. »

C'est un coup de coeur. C'est un coup de coeur parce que Les femmes de Bidibidi ouvrent le leur. Elles nous donnent à voir leurs intimités, leurs histoires, leurs humanités. Elles n'ont de cesse, de faire vibrer la sororité, de nous prouver que le choix du coeur est le meilleur, de choisir la vie. Elles sont là, resplendissantes et solaires, parce que c'est bien connu, les fêlures laissent passer la lumière. Elles sont magnifiques, parées de l'or de leurs réparations entre les cicatrices. Je les aime même si j'aurai préféré que leurs corps ne soient pas ainsi profanés. Je les aime dans leurs reconstructions parce qu'elles sont un modèle de force prodigieuse. J'aime Les femmes de Bidibidi et le bruit de leurs ailes quand elles se déploient dans le ciel…
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L'intrigue de ce livre se passe pour moitié dans le camp de réfugié de Bidibidi au nord de l'Ouganda (à la frontière avec le Soudan du sud où une guerre civile a sévi de 2013 à 2020) et pour moitié à Paris. le récit est centré sur les violences faites aux femmes, que ce soit dans le couple, dans un pays en paix, pendant les vicissitudes les plus terribles d'une guerre civile ou dans les camps où les personnages espèrent trouver un refuge. le message porté par le livre est celui d'une sororité de la violence, dont nous sommes toutes victimes et dont nous devons prendre conscience. Celui aussi d'une résilience possible (mais qui semble uniquement douloureuse, j'ai presque du mal à l'appeler résilience) et surtout d'une résistance possible à ces violences . J'ai lu récemment « notre force est infinie » de Leymah Gbowee pour qui, à l'inverse de cette conclusion, le pardon est ce qui permet la reconstruction et la résilience.

J'ai été un peu gênée par le fait que le message se porte uniquement sur la sororité et pas sur l'humanité, surtout dans des contextes de guerre civile où la souffrance n'est pas uniquement féminine. Même si la figure de Moïse, le chef du village 10, est un peu rédemptrice de la violence des autres hommes, j'ai été gênée que dans la résilience proposée pour les femmes, les hommes soient complètement exclus. On a du mal à se dire qu'on peut construire une société équilibrée.

Je n'ai par ailleurs malheureusement été que très peu touchée par ce livre et ai l'impression d'être passée à côté. L'écriture ne m'a pas touchée et je suis restée loin des personnages, malgré une narration à la première personne qui étonnamment suscite assez peu d'empathie pour le personnage principal. Je pense que dans la narration, il y a trop de non dits, les femmes ont une façon de parler peu naturelle, qui fait que je ne me suis pas faite embarquer.

J'ai trouvé dommage aussi que les personnages n'aient pas été plus lumineux dans leur résilience. Je pense en particulier à Jospéhine, la maman de la narratrice qui a choisi d'aider toute sa vie pour se reconstruire, je trouve que son cheminement est mal représenté. Et, même si je comprends que le propos de l'autrice est de dénoncer les violences subies par toutes les femmes, quelque soit leur pays ou leur couleur de peau, j'ai trouvé un peu maladroit de mettre sur un pied d'égalité une femme dont la mère était battue et des femmes ayant fui la guerre, ayant été violées et ayant vu mourir leurs enfants.

J'ai donc un ressenti ambivalent car je pense que le sujet du livre est très important (les camps de réfugié, la guerre civile interminable qui pour des idéaux de vivre ensemble ne fait que détruire, les violences faites aux femmes dans nos sociétés en paix), j'ai trouvé des maladresses dans la construction du récit. Peut-être que trop de thèmes ont été traités? Et je suis du coup passée à côté. Je lirai cependant d'autres livres de cette autrice car j'ai aimé son approche et sa capacité à me questionner. le rendez-vous ne sera peut-être pas manqué pour ceux-là.
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Parce qu'elles connaissent leurs faiblesses, qu'elles se savent vulnérables dans un monde où l'homme a tous les pouvoirs, parce qu'elles savent ce qu'est souffrir dans son corps et dans son âme, les femmes humiliées, battues, violées se reconnaissent au premier regard.

Joséphine, venue du Gabon, a eu le malheur d'épouser un homme alcoolique et violent, et il lui a fallu beaucoup de force pour décider de quitter son appartement du 18ème arrondissement pour lui échapper, abandonnant sa fille de 8 ans Minga, qui raconte aujourd'hui son histoire.

Retrouvant, à la mort de son père, des lettres qui lui étaient destinées, Minga décide de suivre le parcours de sa mère qui, en disparaissant il y a 40 ans, a repris son métier d'infirmière dans l'humanitaire au sein d'une ONG.

Et c'est dans l'immense camp de réfugiés de Bidibidi en Ouganda qu'elle retrouve sa trace, croisant la route de nombreuses femmes malmenées qui ont, pour la plupart, fui les massacres ethniques de la guerre civile du Soudan du Sud.

Ce roman déchirant est un plaidoyer pour toutes ces femmes « pleines d'échardes ». Il nous parle de leur force de caractère, de leur capacité de résilience et du feu de la haine qui brûle en elles. Et comme Joséphine a pansé ses plaies en aidant les autres, Rose, Jeanne et Veronika, trois femmes du Village 10, vont puiser dans la solidarité féminine, l'énergie qui leur permettra de survivre.

Charline Effah nous plonge dans leur douleur et nous fait partager leurs combats quotidiens, en commençant par le simple droit d'exister en tant qu'êtres humains à part entière et non comme de simples objets appartenant aux hommes.

Chaque jour, dans le monde, la domination masculine fait souffrir les femmes et chaque jour de nouveaux féminicides viennent entacher nos sociétés. Lire et faire lire Les femmes de Bidibidi c'est mesurer la dimension universelle de cette catastrophe humaine et humanitaire pour ne plus accepter l'inacceptable.
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critiques presse (1)
LeMonde
27 octobre 2023
Une saisissante histoire de deuil, qui montre comment la violence fait ­dévier les vies.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait compris depuis longtemps qu’en se cramponnant à sa vie d’avant, elle aurait toujours l’impression de revenir en arrière. Elle voulait aller de l’avant, voir ses fils grandir, espérer qu’il y aurait enfin une lueur d'espoir dans leurs vies. Et elle avait définitivement fermé ses pensées aux remords de aux regrets, s’était armée de renoncement, parée de déni, s’inventait une autre histoire qui commençait ici, à Bidibidi.
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Les tragédies communes ne rendaient pas les hommes plus solidaires. Une sorte de haine de l’autre, ancrée, faisait qu’ils s’enviaient, se détestaient et se combattaient. Les tragédies communes n’autorisent pas les élans de fraternité. Au contraire, la cohabitation au sein du camp avait révélé un lot d’hostilités tapies sous une étoffe de colères suspendues, de désirs refoulés, de paroles amputées et d’horizons bouchés.
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Elle le disait quand même sachant que c’était ce genre de remarque qui pouvait mettre son mari en colère. Elle avait compris que la résignation était une route impraticable pour son âme séditieuse.
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"Mes très chères Janes et Veronika,

Les hommes tuent les femmes en Iran parce qu’elles découvrent leurs cheveux. Ailleurs, ils les violent alors qu’elles essaient d’échapper à la guerre. D’autres encore, les maris de ces femmes violées, les méprisent parce qu’elles sont souillées à vie par la violence des hommes.
Je pense à vous.

Une femme ne se lève pas un matin avec l’intention de se livrer aux mains de ses bourreaux. Non. Elle subit. Elle en est la malheureuse victime.
Je crois que le courage a un sexe. Il est une femme.
Une femme qui se tient debout malgré ses batailles intimes et les guerres, qui ont brisé son monde, redessiné sa trajectoire personnelle, lui ont fait enjamber ses morts et bifurquer sur des chemins nouveaux. Une femme, parmi ces hordes de déplacés sans patrie, écume humaine d’une nation en lambeaux.

Je ne suis pas aussi courageuse que Rose ou que vous deux. Mais j’essaie d’écrire sur l’urgence de dire les choses pour s’en défaire, pour être libre. Vous êtes des survivantes, des témoins de notre tragédie commune, où nos rêves, nos droits, comme nos corps, sont un espace continuellement attaqué.

Restez debout et fières ! Vous êtes si belles !"
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Minga,
Je me fais vieille. C’est horrible. Je ne sais comment te l’expliquer. Je ne parviens plus à porter mon corps. Dans ma tête, je me suis toujours sentie comme une enfant, j’ai rêvé comme une enfant, j’ai voyagé comme une enfant, m’émerveillant des lieux et des gens que j’ai rencontrés sur mon chemin. J’ai espéré. Maintenant, je ne suis qu’une vieille femme qui a vu les années passer comme on égrène les perles d’un collier de cauris. Des années vides, en réalité, vides de toi. Mes tiroirs, eux, sont plein de matériel de travail, de médicaments, de courriers administratifs, mais pas une seule lettre de toi. Je me demande si tu as reçu les miennes. Je sais, j’imagine, ton père m’avait dit qu’il s’arrangerait pour que je ne te revoie jamais. Mais j’ai toujours pensé que le temps éroderait ses colères, qu’il le délesterait de toutes ses épines. Ce n’était qu’illusion.
Si je te disais qu’en parlant justement du temps, je l’avais laissé s’écouler parce que la joie du retour était sans cesse annulée par la peur d’affronter ton regard. Et puis, qu’allait t’apporter réellement mon retour dans ta vie ? Parfois il est mieux que tu ne laisses pas certaines choses revenir. Le passé par exemple.
Il n’y a que la pluie après les longs mois de saisons sèches, l’éclosion des fleurs au printemps, les couchers de soleil, le sourire d’un enfant malade, l’odeur du quatre-quarts qui cuit dans le four, le Canon en ré majeur de Johann Pachebel, le goût du café à une terrasse parisienne, qui peuvent revenir. Mais il n’est pas bon que le passé revienne sous la forme d’un ancien président déchu, d’une femme battue, d’un soldat amputé, d’un blessé de guerre. Tous ces êtres pleins d’échardes.
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