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EAN : 9782842423292
96 pages
Éd. Circé (15/02/2013)
3.5/5   2 notes
Résumé :
" Lorsqu'on pense à Chaplin, on a envie, avant tout, de faire la lumière sur cet étrange mode de pensée qui lui permet de voir les événements d'une manière si bizarre et de leur répondre par des images d'une telle bizarrerie ; et, dans ce mode de pensée, d'identifier l'élément qui, avant même de se constituer en vision du monde, existe au stade de l'observation du monde environnant. Bref, nous ne nous occuperons pas de la conception du monde de Chaplin, mais de sa p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je ne l'attendais pas sur ce terrain. Mais les aigles choisissent leur falaise et leur plaine alors, à nous, terriens, de suivre leur ballet dans le ciel.
Charlot au pays des soviets.... Comment en 1939, l'oeuvre de Charlie Chaplin pouvait elle être perçue par le père du montage Serguei Eisenstein ?
Évidement dans la lecture apparaît le verbe bolchevique, ou du moins sa pensée.
Pour Eisenstein , qui choisit ici de délaisser l'étude de la technique de l'oeuvre, le sujet de son écrit veut s'attacher à l'oeil de Chaplin. A sa perception du monde.
Le génie de Chaplin est dans son oeil. Un oeil d'enfant. L'enfance du monde.
Et Eisenstein de rappeler que la littérature anglaise depuis Dickens, ou Lewis Carol fut la première à faire découvrir au monde cet oeil enfantin, né et jeté dans un monde capitaliste.
Un oeil parole. L'oeil de l'enfant : cette bouche témoin qui voit les mâchoires des ogres dévorer l'homme.
D'après le cinéaste soviétique, la société communiste ne peut voir avec cet oeil là. Elle ne le peut plus.
Car l'oeil soviétique ne rêve plus d'un ailleurs, d'un autre monde, d'un autrement.
L'oeil soviétique assiste, contemple son oeuvre : l'avènement d'un âge d'or enfin conquis et abouti.
En un mot la société soviétique est adulte, c'est l'état mature de l'homme. L'oeil de l'enfant ne doit qu'apprendre et n'a plus rien à dénoncer, à dévoiler, à rappeler. Un état adulte porte la raison, l'enfant n'est , dans l'esprit soviétique, que l'élève de la raison.
Replaçons son propos sur l'échelle de l'histoire. Nous sommes en 1939. La guerre froide a déjà commencée avant même que les alliés ne posent un pied sur les plages de Normandie. Divergence il y avait, divergence restera.
Alors sur quel point ,sur quelle valeur, l'oeil d'Eisenstein va t il rencontré l'oeil de Chaplin. Vers quel point vont il converger ?
C'est devant les images du Dictateur.
Pour Einstein tout le génie de Chaplin et là. le point culminant de son art. Comment faire traverser par le rire un drame ? C'est sans doute Hugo qui le dit le mieux lorsqu'il explique que le point de rencontre entre la comédie et la tragédie donne la lecture du drame. Et c'est parce que Chaplin a pris lui même la parole dans son film qu'il tient un discours d'homme et non plus celui d'un enfant qu'Eisenstein place «  le dictateur » au sommet de l'oeuvre de Chaplin.
Einstein ne voulait pas faire de l'enfant un être différent. IL ne croyait en la nature pure et innocente de l'enfant. L'enfant est de nature humaine. Mais d'une nature qui ne connaît pas encore la morale de l'histoire qu'on doit lui apprendre. C'est une vision étonnante, étonnante parce qu'on s'aperçoit comment une idéologie politique peut exercer son poids sur la réflexion d'un esprit.
Oui, il est vrai que dans notre société on attribue à l'Enfant, au symbole « Enfant » un vocable pour dénoncer, pour faire passer à travers son image ce qu'une société qui se dit être adulte ne s'autorise plus à énoncer, à rappeler. L'enfant est devenu un prisme. Oublié, alors, l'oeil de l'enfant ?
On se sert beaucoup de l'image « enfant », comme on se sert de tout aujourd'hui comme d'un produit. Je rejoins l'approche d'Eisenstein mais je rappelle l'industrie propagandiste du cinéma soviétique, notamment en l'époque stalinienne. Qui parle le plus justement, l'adulte ou bien l'enfant ? Celui qui aime at applaudit Guignol et Gnafron où celui qui porte en ville l'uniforme du Bailli et une matraque de Flageolet ?
Je ne crois pas en la vision d'Eisenstein, parce que tant que l'oeil d'un enfant peut encore se porter sur le monde c'est l'annonce des printemps. Tant qu'une société est capable de laisser vivre non pas le puéril mais l'enfantin, elle peut garder l'espoir et surtout son esprit critique.
Qui de l'adulte ou de l'enfant crie le plus souvent et à juste titre : « ce n'est pas juste » ?
L'union soviétique a refermé les yeux de trop d'enfants pour que je puisse accepter ce discours. Eisenstein avait compris le génie de Chaplin. Il avait perçu l'étendue de ses images, leur portée et la force de son discours. Eisenstein aimait Charlie Chaplin.
Le clown et l'enfant, et c'est le coeur du monde que l'on entend.
L'image parole de Chaplin est une parabole. le discours d'Eisenstein est une hyperbole.
Mais le point important est de rappeler que, parfois dans l'histoire, l'aversion commune peut exprimer une vision commune de l'homme. Eisenstein n'aurait pas du rentrer à Moscou, il n'aurait pas du obéir à l'ordre de Staline. Il aurait du écouter l'enfant.

Astrid Shriqui Garain
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Eisenstein déclare : « Je voudrais savoir avec quel genre d'yeux il fallait regarder le monde pour le voir tel que l'a vu Chaplin. » P39
Ne vous attendez pas à une analyse, Eisenstein fonctionne au feeling. Il fait un long détour pour sonder les ressorts de l'humour américain – ce passage est savoureux à mon sens. Il enchaîne : la particularité des effets comiques de Chaplin, c'est de voir le monde avec des yeux d'enfant - s'ensuit une réflexion sur le thème du conte et sur la cruauté des enfants. C'est bref, 80 pages, très petit format.

Note de l'éditeur sur la page de garde : ces quatre fragments datent des années 1939 à 1945, ce sont des extraits des Oeuvres complètes d'Eisenstein.

Il y a aussi une digression plutôt amusante où il explique pourquoi les artistes soviétiques n'ont pas besoin de ce détour par le monde de l'enfance. Extrait p35 :
« Dans la pratique de l'état soviétique, nous avons abordé le problème de la libération de l'homme et de son esprit par tout un autre biais.
A l'autre bout de la planète [aux USA], les gens n'avaient pas d'autre recours : fuir psychologiquement, s'en aller à rebours grâce à la fiction vers l'immersion insouciante dans l'enfance.
Nous, sur notre lopin de terre, nous ne nous évadons pas du réel dans le conte, mais nous faisons du conte une réalité.
Notre tâche n'est pas de plonger l'adulte dans l'enfance ; elle est de rendre accessible à tout adulte, à tout citoyen soviétique l'enfance paradisiaque. »

Autre extrait sur le regard de l'enfant, p 40
« … être capable de saisir d'un seul coup, en dehors de toute appréciation morale, de tout jugement, de toute condamnation, être capable de les apercevoir comme un enfant dans un fou rire, voilà en quoi il [ Chaplin ] est différent, incomparable, unique. »
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