Un projet d'écriture fruit d'une commande du théâtre de la ville de Paris dans lequel
Mohamed El Khatib, qui n'a pas réellement d'expérience dans la littérature jeunesse, décide de laisser s'exprimer les enfants. Il parcourt ainsi la France à la rencontre d'enfants de huit ans, souvent à l'occasion de séances en classe, pour connaitre leurs préoccupations et trouver un sujet pertinent. Après quelques heures d'écoute le constat est sans appel, la séparation des parents, pour nombre d'entre eux, est source de peur, d'angoisse voire même, pour les plus habitués, d'un détachement étonnant.
Après le sujet il fallait imaginer la forme que prendrait cette pièce, qui, en droite ligne du travail préliminaire entrepris, va naturellement s'apparenter à une succession de témoignages, les paroles récoltées, épurées, venant alimenter les répliques. Cela commence par l'assistant du metteur en scène, 25 ans, dévasté lui-même par la récente séparation de ses parents... Puis c'est un enfant qui s'exprime via Skype ou sur un enregistrement vidéo, la garde alterné n'ayant pas permis sa participation ou, plus triste encore, ses parents n'étant pas parvenu à un accord sur sa participation à ces représentations. Au fil de ces courts monologues on est époustouflé par la résilience qui est la leur, mais aussi leur maturité et leur esprit d'analyse...
Car la séparation est un bouleversement de leur existence même, une remise en question de leur univers, elle crée chez eux souvent une peur de l'abandon et une certaine forme de fatalisme qui transparait parfois dans ces échanges savoureux et émouvants. Pour aller plus loin vous pouvez découvrir le film documentaire associé, dans lequel vous aurez la chance de vous approcher de la mise en scène originale, cette pièce étant par essence même injouable à l'identique.
"Ce texte fonctionne en tant que prolongement d'une expérience, celle de la représentation de
la Dispute qui, malheureusement, sera limitée dans le temps car les enfants n'auront pas éternellement 8 ans - âge qui était la condition pour participer au spectacle. Ce texte fait office pour ainsi dire de "petit objet dérivé". (p. 58)