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Rodrigo Elgueta (Illustrateur)
EAN : 9791091837149
132 pages
Editions Otium (27/06/2019)
3.69/5   8 notes
Résumé :
John Nitsch est un correspondant de presse américain. Il débarque à Santiago pour couvrir les élections qui portent Salvador Allende et l'unité populaire au pouvoir. Il y restera jusqu'au coup d'état conduit par Pinochet. Une fresque d'une rigueur historique rare sur ce que fut l'expérience de l'Unité Populaire, un récit vif porté par un dessin sobre. Un livre-évènement au Chili.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le coup d'État du général Pinochet, au Chili, le 11 septembre 1973, et la mort tragique du Président Salvador Allende, démocratiquement élu en septembre 1970, sont restés dans les mémoires mais il est important de ne pas en rester là, de connaître les tenants et les aboutissants qui ont plongé ce pays d'Amérique latine dans dix-sept ans de dictature.
Des milliers de personnes ont été arrêtées, torturées et beaucoup n'ont jamais été retrouvées. Alors, quand la bande dessinée signée Carlos Reyes et Rodrigo Elgueta m'a été proposée par Vincent, j'ai décidé de la lire pour m'informer davantage et surtout rafraîchir ma mémoire.
J'avais été profondément marqué par cette chanson de Julos Beaucarne, Lettre à Kissinger, qui dit le supplice de Victor Jara, artiste et poète, enfermé comme tant d'autres dans le grand stade de Santiago.
En 1977, près de chez moi, j'avais pu assister au concert des Quilapayún, en exil, avec une émotion toujours intacte quand nous reprenions ensemble : « El pueblo unido jamás será vencido ! »
Tout cela, c'était après la dramatique fin du gouvernement de l'Unité Populaire mais que s'est-il passé auparavant ? Comment en est-on arrivé là ?
Les années Allende, album dont la couverture aux couleurs du drapeau chilien montre un Salvador Allende vivant ses derniers moments, raconte cela en suivant les pas d'un journaliste étasunien : John Nitsch.
Après un rappel des événements du 11 septembre 1973, les auteurs reviennent en 1970 pour retracer les mille jours de l'Unité Populaire au pouvoir.
Avant l'élection la plus importante du pays, la bourgeoisie est divisée, apeurée. ITT (International Telephone and Telegraph) et Anaconda Copper, les multinationales qui se gavent sur le dos des Chiliens en exploitant les mines de cuivre, sont inquiètes.
Si la Démocratie chrétienne est au pouvoir, elle est jugée trop tiède par la gauche et la droite lui reproche de trahir ses idées. Des trois candidats, Allende, après trois échecs, n'est pas du tout favori des sondages. Finalement, il l'emporte sur Alessandri et Tomic.
D'emblée, Allende affirme ses principes et ne variera pas dans ses convictions pour rendre le peuple heureux en lui donnant des conditions de vie décentes. Il veut vraiment vaincre l'exploitation impérialiste, mettre fin aux monopoles et appliquer la réforme agraire.
Les menaces de mort ne tardent pas et la campagne de terreur financée et orchestrée par la droite et l'extrême-droite commence et prend vite de l'ampleur.
Les dessins en noir et blanc sont vivants, sensuels même, avec la belle Claudia. le tracé est assez précis, les ombrages rendent les visages très expressifs, traduisant l'inquiétude et le stress car violences et menaces sont constantes.
Les informations données par Carlos Reyes sont documentées avec des unes de journaux et, par exemple, cette pleine page présentant les portraits des membres du premier gouvernement formé par Allende. Au passage, je note un concert des Quilapayún, en 1971, mais la droite est prête à tout pour défendre ses privilèges : manifestations, intimidations, attentats, grève des routiers, blocages du pays...
Les mines de cuivre sont nationalisées comme l'industrie textile, les grands propriétaires sont expropriés pour rendre la terre à ceux qui la cultivent. le 4 janvier 1971, le gouvernement décide d'offrir un demi-litre de lait par jour à chaque enfant. Thomas Huchon qui présentait son film « Allende, c'est une idée qu'on assassine », le 18 novembre dernier à Saint-Vallier (Drôme), rappelait que cette décision était la seule à avoir perduré depuis. Cela me rappelle le fameux verre de lait que j'ai pu boire chaque matin, à l'école, grâce à Pierre Mendes-France qui était Président du Conseil, en 1954.
Je pourrais détailler quantité d'informations contenues dans cette BD mais je retiens que les forces de droite et de l'argent, bien soutenues et téléguidées par Nixon et Kissinger, ont oeuvré sans cesse pour abattre Allende. La peur d'un nouveau Cuba était souvent évoquée.
Parmi les forces qui auraient dû soutenir l'Unité Populaire, je note que les mouvements d'extrême-gauche ont aussi creusé le fossé pour abattre le Camarade Président, comme on nommait Allende. Fidèle à ses idées, toujours confiant en l'armée et même en le général Pinochet, il a été attaqué ; La Moneda, le palais présidentiel a été bombardé, pris d'assaut par cette même armée. Salvador Allende n'a eu qu'une issue : se donner la mort.
Enfin, je ne peux conclure cette chronique sans penser à nouveau à ces milliers de disparus, arrêtés, torturés puis éliminés. Elles et ils oeuvraient pour le bien du peuple et Les années Allende vient à point leur rendre hommage, rappeler leur combat et mettre en évidence leurs réussites sans masquer erreurs et maladresses.
El pueblo unido jamás será vencido !

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Si le coup d'État contre le gouvernement présidé par Salvador Allende, le 11 septembre 1973 au Chili, a beaucoup raconté, les trois années qui précédent sont plus rarement évoquées. Cette bande dessinée raconte l'élection et les mille premiers jours du gouvernement, le formidable espoir qui transforma le pays, les tensions qui rapidement apparurent.
(...)
Ces années de grande tension sont racontées avec justesse, restituées grâce à l'histoire prétexte, dans toute leur complexité.

Article complet sur le blog.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Salvador Allende, le 5 septembre 1970, à 2 heures du matin :
Je ne suis qu’un homme avec toutes les faiblesses et les insuffisances d’un homme ; et si j’ai pu supporter, parce que j’accomplissais mon devoir, la défaite d’hier… aujourd’hui, sans arrogance ni esprit de revanche, j’accepte ce triomphe qui n’a rien de personnel et que je dois à l’unité des partis populaires, aux forces sociales qui nous ont accompagnés… Je dois ce triomphe au peuple chilien qui entrera à La Moneda avec moi le 4 novembre.
(page 33)
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Le journaliste nord-américain Jack Anderson révéla des mémorandums secrets de l’International Telephon and Telegraph corporation (ITT). Il mit en lumière la machination orchestrée par l’ITT, la CIA, la Maison-Blanche et des membres de l’ambassade à Santiago. Ces documents secrets qui ont échappé à la broyeuse démontrent que la CIA et l’ITT collaboraient étroitement… et qu’elles ont pour le moins envisagé de fomenter un putsch afin d’empêcher l’élection d’Allende.
(page 87)
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Radio Magallanes :
Les masses sont sur le qui-vive et disposées aux plus grands sacrifices afin de défendre leurs conquêtes, leur gouvernement légitimement constitué et la révolution chilienne. Un groupe d’antipatriotes en uniforme ne parviendra pas à freiner la marche du pays vers sa libération définitive. Nous ne suspendrons pas nos transmissions car nous en avons reçu le mandat de la grande majorité du pays, de sorte que nous resterons à notre poste et accompagnerons le pays dans sa marche vers le futur.
(page 12)
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Le 30 octobre, Allende nomme son premier gouvernement avec qui il prendra ses premières mesures : construction de logements « populaires », création d’emplois publics, contrôle de l’inflation, élargissement de la réforme agraire et nationalisation des mines de cuivre.
« Pour la première fois dans l’histoire du pays, quatre ouvriers intègrent le gouvernement », déclare Allende. Il fait référence à Zorrilla, Oyarce, Barraza et Cortés.
(page 45)
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Salvador Allende, Radio Magallanes, le 11 septembre 1973 :
Travailleurs de ma patrie, j’ai foi dans le Chili et en son destin. D’autres hommes surmonteront ce moment gris et amer pendant lequel la trahison entend prospérer. Allez de l’avant sans oublier que, pour l’homme libre, de larges promenades bordées de peupliers ne tarderont pas à s’ouvrir afin qu’il construise une société meilleure. Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vivent les travailleurs !
(page 114)
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