Un ouvrage classique de sociologie qui se respecte. Une étude du racisme sans race, d'une exclusion des ses pairs sur base du seul fait qu'un groupe est établi (established) et l'autre nouveau (outsiders) alors qu'ils appartiennent à la même classe sociale, même revenu, même travail. Les mécanismes sont démontés à travers la fastidieuse précision de l'étude.
Dans un faubourg de Leicester, 3 zones forment une banlieue. Une zone rassemble les "vielles familles" les autres des nouveaux venus. Ces intrus se révèlent exclus de fait des organes de pouvoir (club, église, etc...) et maintenu dans leur exclusion parce qu'ils menacent l'ordre établi et nourri d'auto discipline des établis.
L'auteur extrapole ainsi, de la micro à la microsociologie, un mécanisme d'exclusion puissant en général masqué pas des différences de races. Rien de tout cela ici, les protagonistes ont une apparence identique et seule le subtil mécanisme d'exclusion est à l'oeuvre.
Référence des années '70, l'ouvrage est intéressant en ce qu'il dégage très proprement un mécanisme invisible mais largement à l'oeuvre et expliquant, selon l'auteur, des problématiques aussi large que l'exclusion séculaire des parias en Inde ou des Burakumin au Japon.
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Ainsi, dans ce cadre restreint, on découvrit et, dans une certaine mesure, on apprit à comprendre une illusion d'optique caractéristique de la formation des images sociales dans bien d'autres cadres sociaux beaucoup plus vastes: l'image que les "établis", que les puissantes couches dominantes ont d'elles-mêmes et communiquent aux autres, a tendance à prendre pour modèle "la minorité des meilleurs"; elle tend à l'idéalisation. L'image des "exclus", des groupes qui, en comparaison, ont relativement peu de pouvoir a tendance à se modeler sur "la minorité des pires" et tend au dénigrement. (p. 78, 2022)
Non, le populisme ne saurait être réduit ni à l'icône de ses sectateurs, ni à la caricature de ses détracteurs. Par-delà les espérances et les insurrections, les craintes et les répressions qu'il a suscitées, alors que ce mouvement hier planétaire semble aujourd'hui retomber, c'est le propos de cet essai novateur que de le réinstaurer à sa juste place dans l'histoire. En décryptant sa gestation à la lumière de l'anthropologie. En scrutant sa construction à l'aune des théories politiques et des imaginaires culturels. Et si le populisme était le signe d'une crise de civilisation ? D'une fracture majeure dans l'idéologie du progrès ? Et s'il était né d'un refus de la neutralisation de la Cité ? D'une nostalgie des passions, des aventures, des utopies ? Mais aussi d'un retour du sens commun, du sacré, de la souveraineté ? Et si les peuples étaient simplement partis à l'assaut du ciel pour se recréer un horizon ?
Ce livre d'histoire immédiate, qui offre un panorama mondial des mutations en cours, s'attache aussi à en éclairer les soubassements symboliques. Il fait dialoguer Régis Debray et Marcel Gauchet avec Jeff Bezos. Ou encore Antonio Gramsci et Norbert Elias avec Daenerys Targaryen. Mais aussi les aristocrates paupérisés du Grand Siècle avec les occupants rebelles de Wall Street. Et les esthétiques des avant-gardes avec les révoltes émeutières des masses. Pour mieux appeler au sursaut.
Diplômé de Sciences Po, fondateur du média en ligne Le Vent Se Lève, membre des conseils scientifiques de l'Institut Rousseau et de la Fondation Res Publica, Antoine Cargoet a dirigé l'ouvrage collectif L'Histoire recommence. Il est aujourd'hui éditeur et signe ici, à 25 ans, son premier livre.
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