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3,3

sur 863 notes
J'achève la lecture de Boussole et je suis absolument ravie.
J'ai lu beaucoup d'avis négatifs de personnes disant que le livre était une démonstration d'érudition qui leur était tombé des mains.
Je n'ai pas lu ce livre comme cela, mais comme un roman d'amour. Franz vient d'apprendre qu'il est très malade. Il ne parvient pas à dormir et revoit tous les moments qu'il a passés avec Sarah, la femme qu'il aime plus que tout. Franz et Sarah sont des universitaires, la plupart de leurs fréquentations également. Leur passion commune, l'orientalisme ou plutôt, les orientalistes occidentaux. Alors, oui, ils échangent des références, des anecdotes, mais ces références, on les retrouve plus loin dans le texte, ce sont des fils qui tissent leur histoire d'amour. A mon avis, si l'on accepte l'idée que l'on sera parfois dépassé par une culture que nous ne maîtrisons pas, la lecture du livre de pose pas problème, d'autant que l'introduction des références culturelles sont introduites au moyen d'anecdotes, elles sont contées, et Franz est notre Shéhérazade aux mille et une histoires qui tiennent en haleine.
La vraie difficulté du livre à mon sens: la longueur des phrases. La première occupe l'intégralité de la première page. La raison d'une telle construction: le foisonnement de digressions, presque plus intéressantes que le propos essentiel. Mathias Enard maîtrise à la perfection l'usage de la ponctuation, de sorte que si l'on est attentif on n'est jamais perdu.
Alors un exercice d'endurance, oui, mais qui apporte tellement au lecteur qu'il en vaut la peine. Mon conseil: éviter de prendre des notes tous azimuts pour ensuite tout checker sur wikipedia, perte de temps et aliénation garantie.
Le petit plus, La Grande Librairie a créé une playlist sur deezer qui permet de retrouver l'ensemble des morceaux évoqués dans le texte, la bande son du livre en quelque sorte.
Si vous vous en sentez le courage, foncez, j'ai rarement été aussi enchantée par un Goncourt!
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Bof.... J'ai été plutôt déçue et je ne vais pour vous raconter pourquoi en quarante mille mots. C'est sûrement compliqué un roman qui repose sur une flopée d'anecdotes sur le Proche-Orient plutôt que sur une intrigue, et là la sauce ne prend pas. Au lieu d'être passionnant, c'est lassant, et autant ouvrir une encyclopédie, au moins ce sera plus clair...
Le narrateur n'aide pas : falot, soupirant après une femme qui ne veut pas de lui, mariée une bonne partie de l'histoire en plus, et persuadée que c'est de sa faute s'il est seul, il a en plus le charme d'imaginer d'inutiles visites dans des châteaux imaginaires à visiter des musées des horreurs avec des cadavres féminins sexys, et quelques chapitres après on remet ça avec des dames découpées... Et c'est vraiment totalement inutile, juste pour le plaisir.
Bref, à éviter.
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Autant le dire tout de suite, Mathias Enard nous livre avec Boussole un monstre de littérature et de lecture. A la fois expérience de lecture car c'est un véritable défi que de comprendre le style d'Enard, de saisir ses références, de ne pas se perdre dans ses digressions, de ne pas se laisser impressionner par un livre qui nous dépasse ; et expérience de littérature car énormément de questions sont soulevées, la matière romanesque amène un réflexion constante extrêmement poussée.

Mais ce qui frappe dès les premières pages, c'est le style déroutant, magnifique, dense et très poétique. La puissance évocatrice d'Enard est impressionnante : il peut parler du désir sur une ou deux lignes mais parvient quand même à rendre la toute puissance aux mots. Sa narration est constamment enveloppée d'un mysticisme et d'un romantisme. C'est un chef-d'oeuvre stylistique. D'autant plus que cela part d'une véritable ambition littéraire : raconter la nuit d'un homme, seul dans sa chambre, souffrant, de manière introspective. Voyager de souvenir en digression, de l'Occident à l'Orient. C'est une écriture spontanée mais extrêmement travaillée ; et ce qui prodigieux c'est que ce n'est pas le narrateur-personnage principal qui prend toute la scène romanesque, ce sont les personnages issus de ses digressions qui sont projetés en premier plan. La prose d'Enard est multiple et invoque en même temps l'unicité. de part les nombreux genres textuels qu'elle utilise (poème, extrait de texte scientifique, image…), cette structure narrative semble manquer de cohérence. Elle est en réalité une structure tissée au millimètre. Boussole n'est pas une structure en deux dimensions, ni même en trois ; les différents fils narratifs forment une toile d'araignée qui se soulève, se met en mouvement, puis se repose quelque instant, en attendant la prochaine impulsion. le narrateur essaie à la fois de cerner Sarah et sa narration. Mais les deux lui échappent. Quand il a l'impression de mettre la main sur Sarah, elle disparaît en une pirouette, l'obligeant à passer à une autre réminiscence, un autre lieu.

C'est également un roman de l'altérité : à travers Sarah il cherche sa propre destinée, sa réussite. Lorsqu'il fume de l'opium, c'est dans l'unique but d'observer ses propres changements, de se considérer comme « l'Autre ». La société également est « autre ». Enard construit son image actuelle par résonnance face au passé : en invoquant Goethe, Schubert et autres, il crée des parallèles avec le quotidien. C'est une construction d'une image fictive en utilisant la conscience collective, car ce sont tous des « bases » de l'inconscient. Même chose pour l'Orient qui est doublé : Enard nous donne l'image de l'Orient lui-même, que le narrateur fréquente et décrit. Mais aussi l'image d'un Orient représenté, à travers les discours de différents protagonistes. Par exemple lorsque Sarah observe les orientalistes à Damas.

Quand on se retrouve face à la prose d'Enard, c'est comme face au bon vin. On ne peut dire qu'une chose. « C'en est ».
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On rentre dans "Boussole" comme on entame un long voyage, dont on ne sait où il va nous conduire. Par une nuit d'insomnie, un musicologue viennois atteint d'une grave maladie se remémore l'inaccessible liaison avec une orientaliste française. On perd la boussole quand on est malade, on la retrouve en pensant à l'Orient, à sa culture, à ses explorateurs, et surtout à ses apports. du balcon viennois, promontoire idéal pour observer l'Orient, le narrateur cherche toute la nuit des explications sur la culture, les conflits, les raisons d'avoir peur en ce début de XXIème siècle. Istanbul, Damas, Téhéran, l'opium...Un livre-repère évidemment. On déplorera le trop grand étalage de l'érudition de l'auteur. Il est heureusement contrebalancé par un style doux, langoureux, mélodieux et châtié qui donne la puissance à cet étonnant roman. Sacré par le Goncourt, c'est le roman culturel par excellence. Avec ses longueurs par moments qui risquent de placer la chose culturelle à un niveau inaccessible pour beaucoup.
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Ouille ouille ...
De roman, ce livre n'a que le nom.
C'est une véritable thèse (très érudite et très ardue) que Mathias Enard a "transformée" en roman en introduisant un personnage amoureux d'une belle orientaliste...
Alors que j'avais vraiment beaucoup aimé les romans précédents de Mathias Enard, ici, je n'ai pas pu entrer dedans... désolée.
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Franz Ritter est musicologue. Depuis sa chambre il tente de vaincre l'insomnie en repensant à ses études, ses musiciens préférés, sa relation avec Sarah érudite elle aussi.

Le roman se présente comme une succession de souvenirs, liés à la musique, la littérature, l'orientalisme, et un peu ses souvenirs d'avec Sarah.

Pour tout vous dire, c'est l'un des seuls romans de ces dernières années que je n'ai pas pu lire totalement. Arrivée à la moitié, je n'y arrivais plus, j'ai laissé tombé et j'ai lu en diagonale jusqu'aux dernières pages.

Ce roman est très intéressant, mais surtout pour les fans de musique classique ou d'orientalisme, qui souhaiterait peut-être faire une thèse sur les sujets. Très bien documenté, ce roman aligne les références, les extraits, les citations, parfois un peu pêle-mêle.

Les phrases et les paragraphes sont très longs, l'histoire entre les deux « héros » finalement quasi inexistante.

Bref, que les intéressés lisent ce roman au calme, à tête reposée. Pour les autres, je ne pense qu'il faille tenter l'aventure, on m'avait conseillé Enard, je ne suis pas sûre d'être tombée sur le meilleur !

Vous l'avez lu ? Vous en avez pensé quoi ?
Lien : https://girlkissedbyfire.wor..
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Magique ! Une nuit d'insomnie au fil de l'imagination et des souvenirs du personnage, une nuit de dérive au gré des flux de sa mémoire, un ravissement, au sens propre, où l'auteur m'emporte au fil de ses réflexions, digressions et références. Il valse avec le présent, ses souvenirs, ses impressions, ses rencontres, son savoir inépuisable (et parfois épuisant) et illumine tout ce qu'il touche, suscitant des images, des envies, des nostalgies, et l'envie de se laisser porter dans son sillage pour embrasser tout ce qu'il offre, qu'on devine, qu'on connaît vaguement ou qu'on ignore complètement. On a envie de fumer de l'opium, de retourner à Vienne, de se perdre dans les rues d'Istanbul, d'écouter les musiques et de lire les livres qui peuplent le roman. Il balaie un Orient rêvé, réel et fantasmé ; chaque fois qu'il arrête sur un sujet, ou l'ombre d'un sujet, il en fait fleurir une myriade d'étoiles, poussière d'étoiles, étincelles, l'éclosion de possibles oubliés ou insoupçonnés. de la nuit de ses insomnies surgissent des phrases musicales, des paysages, des villes, des ruines, des personnages réels ou mythiques, ou mythifiés, son orient remonte aux sources de l'antiquité, s'aiguise à Istanbul, s'attarde en Iran, aux déserts de l'Irak, aux fouilles des archéologues, se projette jusqu'à l'Extrême (orient). Il peuple son errance de rencontres où un 19ème siècle entêté est obstinément présent, avec pour compagnons de voyage Goethe, Liszt, Beethoven, Balzac, Henri Heine… qu'il nous fait rencontrer au détour d'une phrase, d'un voyage, comme il nous fait rencontrer leurs amis, leurs amours, leurs quêtes de quelqu'un ou de quelque chose. C'est un art de la digression, une forme de conversation qu'on écoute bouche bée, épaté et subjugué au hasard, par « …ces capitales au début du 19ème siècle où les orientalistes fréquentaient les princes, les Balzac et les musiciens de génie », et où l'on se met soudain à chercher sur Youtube « Avec la garde montante » drolatique (dans Carmen, Bizet), ou bien La Bénédiction de Dieu dans la solitude (où Liszt apparaît miraculeusement dépouillé des torrents de notes hystériques auxquels -béotienne- je l'associe.)
La promenade baguenaude dans « un orient fantasmé, conforme à l'image que notre jeunesse avait construite du mythe oriental » et dérive jusqu'à l'orient sauvage du 21ème siècle, où tous ces lieux sont en proie à la guerre, brûlent ou ont brûlé. »
Son fil d'Ariane, c'est une histoire d'amour manquée avec Sarah, mystérieuse, envoûtante Sarah qui sait tant de choses inattendues, non convenues, et maîtresse en orientalisme qui l'attire depuis Vienne dans les dédales d'un Orient et d'un amour inassouvi, comme un mirage.
Tout le roman est une quête de ce qui nous imprègne et nous échappe éternellement : l'autre.
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Foisonnant ? C'est peu dire. Jusqu'à l'étourdissement, non par asphyxie mais par ivresse. L'auteur le sait qui désamorce la critique à venir en laissant Sarah reprocher au narrateur : « Franz, tu me soûles. Mon Dieu ce que tu peux être bavard ! » le cas d'Enard avec ce millefeuille de savoirs, de connaissances, de détails, d'intuitions, de rappels, de découvertes, parfois on ne sait plus où on en est au juste mais qui s'en plaindrait lorsqu'il s'agit de raconter des histoires. Erudit ? Référencé ? Touffu ? Documenté ? Pour le moins.
Ce n'est pas un soliloque dans la mesure où il s'adresse en permanence à l'absente, son élue, à qui la mystique associée aux voyages permet de dominer ses excès de bile noire, une certaine Sarah, spécialiste, elle, de la mystérieuse attraction que le grand Est a exercé sur nombre d'écrivains, de peintres et de savants. Mais, qu'il s'agisse de l'Orient comme de l'Occident, les deux pôles entre lesquels tout oscille, les villes sont souvent les personnages principaux. manière pour l'auteur de rappeler en permanence ce que chacun doit à l'autre .
Ce qui confère à son roman une indéniable dimension politique.
Ca se passe en une nuit d'insomnie dans un appartement viennois d'un fondu d'Orient, qui écoute et écrit sur ce qu'il vient d'écouter entre deux pipes d'opium. A défaut de dormir, il se laisse envahir par ses rêves éveillés, et la reconstruction de ses souvenirs, il se raconte les histoires de sa vie, revisite ses lieux, refait son chemin de Damas, Istanbul, Alep, Palmyre, Téhéran....que du beau, un sacré livre!!
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Livre d'un érudit pour des érudits!
C'est évidemment un bon livre, exigeant, qui demande un grand degré d'attention et de culture. Mieux vaut être curieux de nature, amateur d'histoire de l'art, de musicologie, de culture orientale sinon le livre risque de vous tomber des bras.
Franz Ritter est un musicologue autrichien. Lors d'une nuit d'insomnie, il se penche sur son passé et nous raconte son amour pour la civilisation du Moyen-Orient et pour Sarah, une jolie française férue de culture orientale. Il se rappelle les expéditions scientifiques magiques dans le désert Syrien au cours des années 90.
C'est l'occasion de raconter tout un tas d'anecdotes littéraires, scientifiques, religieuses, musicales, politiques, philosophiques, amoureuses sur L Histoire entremêlée de l'Orient et de l'Occident à travers les siècles.
Très enrichissant, ce livre est également empreint d'une profonde tristesse : la tragédie syrienne, les désastres irrémédiables causés à la population et à sa culture par l'Etat Islamique et ses soldats sanguinaires qui ont quasiment anéanti ce joyau de la civilisation.
Ce qui explique en partie les insomnies de Franz Ritter.


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..........je ne sais pas quoi penser de ce "livre".....d'ailleurs, ça fait plusieurs jours que je me demande ce que je vais en dire, par quelle phrase commencer. Faisons le chronologiquement. Au tout début, c'est l'engouement général qui m'a poussée à le lire ( je vais découvrir que cet engouement n'est pas si général que ça). Et puis le sujet: le lien historique entre l'Orient et l'Occident, et les divers échanges et influences de l'un sur l'autre, et dans les deux sens. A posteriori, deux pièges lectures,mais pièges inévitables (vu qu'il faut bien une "raison" pour entamer une lecture). Au bout de quelques dizaines de pages, deux impressions se confondent: la première agréable, devant la découverte de tous ces personnages historiques et de leurs aventures, plus ou moins extraordinaires, dans ces contrés au nom toujours enchanteur: Damas, Alep, Istanbul, Téhéran ...etc.Ces noms et leurs histoires, plutôt la "réalité " de leurs histoires, tempèrent ma seconde impression de lourdeur.......Lourdeur de Frantz Ritter ( désolée, mais quel chouineur!!!!!!), lourdeur des phrases, interminables dans le sens où leur longueur n'offre ni plaisir musical (un comble pour un livre dont le personnage principal est musicologue) , ni lien les unes avec les autres ( j'ai du plusieurs fois revenir en arrière pensant que j'avais sauté une ligne). En avançant dans la lecture, une sorte d'engourdissement s'est emparé de mes neurones, et je n'arrivais plus à lâcher le livre, au point de lire même dans la voiture, dans le parking avant d'aller au boulot.....allez, encore quelques pages, encore quelques phrases....encore une petite dose. Et vas y que je déclare ma flamme à Boussole, que je me sens soulagée de ma décision de le lire plutôt que McCann (!!!!!!!)......Petit bémol pourtant, une préoccupation lancinante : il fallait absolument que je trouve un moyen d'aborder ce livre comme un "roman", et surtout ne pas le lire à la lumière de l'actualité de ses quatre ou cinq dernières années. Surtout ne pas penser au Syriens, au terrorisme, au message négatif des médias, à ce lien disparu entre Europe et Orient, à cette tension permanente entre ces deux cultures. Et d'un seul coup, le noeud du problème est apparu dans toute sa simplicité: ce n'est pas un roman.....c'est un catalogue. C'est vrai que le lecteur est prévenu de ce côté "érudition" du livre, mais en précisant :" tout en érudition généreuse et humour doux-amer"..... Ok, pas de problème......mais finalement non....problème parceque même si cette érudition sert de support à une pseudo intrigue d'amour, j'ai eu l'impression qu'elle servait plutôt de béquille soutenant une pâle histoire d'amour, racontée pitoyablement (oula je me lâche...) et pèle mêle entre un musicologue dont j'ai eu l'impression que c'était un vieillard dépressif au bord d'une mort due à une maladie atroce, amoureux d'une Sarah sans âge, toujours en mouvement, insaisissable et incroyablement forte (contrairement à lui). Des blocs qui ne s'emboîtent pas: l'histoire d'amour, les récits des voyageurs, les faits d'actualités et historiques, les descriptions musico-techniques absolument incompréhensibles....et puis les formats: narration, lettres, encyclopédie (avec illustration à l'appui)......tout ça présenté à la queue leu leu est fatiguant à la longue.....Et ben, on dirait que je viens de décider : Déçue.....malheureusement.
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