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sur 868 notes
Boussole est le dernier roman de Mathias Enard.

Franz, musicologue célibataire, ne parvient pas à s'endormir. Son esprit loin d'être apaisé commence alors tout un cheminement de réflexion propre aux nuits blanches. Sa passion pour la musique, ses nombreuses lectures surtout consacrés à l'Orient, ses voyages, ses rencontres, le rangement de sa bibliothèque, ses envies pressantes qu'il n'arrive pas à refreiner. Toutes ses pensées disparates occupent sa nuit. Mais le fil conducteur, son idée fixe, celle qui le hante, c'est Sarah, une jeune orientaliste, un amour en suspens. Si Franz ne parvient pas à s'endormir, c'est qu'il a reçu un article de Sarah. Comme tous les précédents, il est consacré à l'Orient. Mais celui-ci ne lui ressemble pas. Sarah aurait-elle changé à ce point ? Qu'est-il arrivé à cette femme tant aimée ? Boussole est un roman d'amour. Jusqu'au dernier mot, et à chaque page, Franz tente de synthétiser le plus simplement et le plus juste possible son amour pour Sarah.

Boussole est un roman à coeur battant. Aimer Sarah, c'est aussi découvrir et plonger dans ce qui la constitue : sa passion pour l'Orient. Tout au long du roman, Franz nous décrit les voyages avec elle à la découverte de tout ce monde inconnu, qui varie entre chasteté et sensualité. Par des portraits d'aventuriers du passé et des dangers d'aujourd'hui, Mathias Enard nous rapproche de cette culture légèrement insaisissable. Il fustige cette soit disant connexion rapide grâce à internet qui n'amène aucune sensation, aucun sentiment. L'amour pour Sarah c'est user de ces 5 sens, c'est la voir, l'entendre, la sentir, la toucher et la goûter. le monde, ici oriental, mérite le même traitement malgré l'incertitude pesante d'atteindre son but.

Bien que ce roman se passe physiquement uniquement dans l'appartement de Franz, Boussole est un roman de voyages. Mathias Enard nous lance dans un mouvement vers l'autre, l'ailleurs. Usant d'un procédé d'ellipses sensorielles comme David Lynch, l'écriture de Mathias Enard demande une attention de la part du lecteur. Ces phrases ne peuvent pas être sautées. Ces pages ne peuvent supporter la lecture diagonale. le titre du roman est une référence à la boussole disponible dans les chambres d'hôtels de pays musulmans. Cela permet de connaître la direction de la Mecque et le sens de la prière. Ce roman nécessite de suivre la direction proposée par l'auteur, celle qui va de droite à gauche, celle qui rapproche Franz de Sarah, celle qui suit les méandres de la nuit blanche, celle qui nous rapproche de l'Orient. Ce livre n'est pas pour autant un brevet de géopolitique ou un recueil de textes orientalistes.

Boussole, c'est la direction suivie par Franz pour mieux connaître Sarah, mieux connaître l'Orient pour l'aimer pleinement.

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La Boussole que Mathias Enard nous glisse dans les mains avec ce gros roman aux mille et une références, qui sont autant de nuits sans sommeil, est celle dont la flèche principale indique l'orient : l'actuel, que l'auteur nous donne à découvrir à travers des récits de voyage, la mémoire des lieux - et ceux-ci sont Istanbul, Téhéran, Alep, Damas, Palmyre etc. mais aussi Vienne, Weimar ou même Paris -, et puis l'orient rêvé par les artistes, celui du peintre Delacroix comme du musicien Debussy. C'est l'orient idéalisé par Flaubert que l'on retrouve dans Mémoires d'un fou : "je rêvais de lointains voyages dans les contrées du Sud ; je voyais l'Orient et ses sables immenses, ses palais que foulent les chameaux avec leurs clochettes d'airain ; je voyais les cavales bondir vers l'horizon rougi par le soleil ; je voyais des vagues bleues, un ciel pur, un sable d'argent ; je sentais le parfum de ces océans tièdes du Midi" Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, Mathias Enard ne nous donne pas à lire un essai ou un documentaire sur l'orientalisme, même si son livre se rapproche parfois du Danube de Claudio Magris (cartographie littéraire de la Mitteleuropa), du Manifeste incertain de Frédérique Pajak (avec toutes ses biographies qui s'entrecroisent), ou même du Journal volubile d'Enrique Vila-Matas (qui oscille entre observations et citations, vacille entre une forme de carnet intime et de correspondances - parfois à lui-même -), mais bien un roman, qui raconte avec une mélancolie généreuse et une érudition monstrueuse l'histoire du narrateur, Franz, de son obsession pour l'orientalisme et de son désir pour la jeune chercheuse qui l'accompagne bien souvent, Sarah. Ainsi Boussole développe une trame romanesque non vers l'avant mais plutôt sur les côtés, avec un effet déambulatoire similaire à celui d'Austerlitz, de Sebald, dont le thème de prédilection est la trace du passé dans le présent, dans les mémoires et dans les paysages, ou plutôt : LES traces.

Livre à part, bien au-dessus de la mêlée de la rentrée littéraire, pour ceux qui aiment prendre le temps de voyager dans une bibliothèque, comme le cite Enard en page 206 : "Il y a tout l'univers dans une bibliothèque, aucun besoin d'en sortir : à quoi bon quitter le Tout, disait Hölderlin, la fin du monde a déjà eu lieu, aucune raison d'aller en faire l'expérience soi-même ; on s'attarde, l'ongle entre deux pages (si douces, si crème) où Alvaro de Campos, le dandy ingénieur, devient plus vrai que Pessoa son double de chair. Grands sont les déserts et tout est désert. Il y a un Orient portugais, comme chaque langue de l'Europe a un Orient...".

(chronique publiée en septembre 2015, avant que l'auteur obtienne le Goncourt)
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je vais être sincère, je n'ai lu que les 190 premières pages et j'ai abandonné cette lecture (ce qui est très très rare chez moi.) D'ailleurs je ne le fais jamais si c'est un livre que je reçois en échange d'une critique mais là comme ce n'est pas le cas.... j'avais pris ce roman car il avait reçu le prix Goncourt, je n'étais pas trop emballé par la 4ème de couverture mais elle n'est pas toujours révélatrice du roman alors j'ai tenté mais ce n'est pas pour moi. Je n'adhère pas à ce style d'écriture trop lourd. Il y a trop de noms de personnes, trop de titres d'oeuvres qui m'ont fait décrocher et gâcher mon plaisir. J'ai du passer à côté
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Un récit érudit et envoûtant, qui enveloppe comme des volutes d'encens.
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« Boussole » de Mathias Enard
Un roman engagé sur l'altérité et le métissage (l'autre en soi). L'auteur nous emporte magistralement au cours d'une nuit d'insomnie dans un voyage à travers l'Orient passé et présent. le narrateur, un musicologue érudit, mourant dans sa chambre à Vienne, cette ancienne porte de l'Orient, revient sur sa vie, ses rêves, ses espoirs et ses déceptions dans sa relation d'amour insaisissable avec l'Orient. On le suit tout au long de cette nuit dans ses souvenirs de voyages - d'Istanbul à Alep, en passant par Téhéran - mais également dans ses souvenirs de rencontres et dans ses réflexions de chercheur.
C'est avant tout un roman réflexif sur plusieurs siècles d'Orientalisme, sur les interactions et les influences de l'Orient sur l'Occident. C'est un roman encyclopédique, gonflé de références historiques et d'anecdotes drôles et cruelles (sur Balzac, Beethoven, Liszt et Wagner notamment). On ne s'ennuie jamais au cours de cette aventure littéraire, malgré l'érudition et la densité de l'ouvrage, tant le flux varie par son originalité. On trouve de tout dans ce roman fleuve : de l'engagement, du rêve, des délires d'opiomane, de l'amour, des documents historiques (sur le Jihad allemand notamment) et des réflexions sur l'actualité. C'est un roman qui prend le temps, on est plongé dans un monde, dans une discussion. J'ai été transporté par cette balade musicale à travers ces décors meurtris, ces révolutions manquées, et cette mélancolie orientale de l'auteur.
J'ai appris des choses et je me suis amusé. Un bonheur. J'avais noté ce passage : « L'être est toujours dans cette distance, quelque part entre un soi insondable et l'autre en soi. Dans la sensation du temps. Dans l'amour, qui est l'impossibilité de la fusion entre soi et l'autre. »
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A priori, ce roman semble encombré d'allusions savantes, de musicologues orientalistes, de pèlerins oubliés qui se perdent dans le désert, d'archéologues allemands fous à lier, d'un fatras d'articles tirés à part pour universitaires obsessionnels, de souvenirs décousus d'Alep, de Palmyre, de Téhéran, de Vienne et de Paris. le lecteur s'y perd. de quoi s'agit-il? d'un traité d'orientalisme pour intellectuels à lunettes? de l'étalage sans vergogne de la pédanterie la plus crasse? d'un long rêve baroque qui se perd jusqu'au bout de la nuit? Voyage au bout de la nuit, voilà qu'il me vient aussi des références littéraires… Non, il s'agit d'un roman d'amour. Si le narrateur se perd si profondément dans un Orient de bibliothèques et de fouilles trop méticuleuses, c'est que l'Orient a pour nom Sarah, qu'il est cet autre que l'on cherche à comprendre, à prendre en soi, sans succès, sinon dans des nuits (l'Orient illumine la nuit de Vienne; voici Arnold Schönberg, La nuit transfigurée) où la musique et l'amour se rejoignent. Les écrivains, les musiciens, les voyageurs, les errants, les fous de Dieu, les savants fervents et les amoureux austères sont tous en quête de l'autre; ils fuient tous la mort qui s'avance; ils voient tous, à l'aube d'une insomnie peuplée de fantômes merveilleux, un espoir se lever au coeur de ce monde assommant, une boussole de Beethoven qui montre l'Est et qui n'en montre pas que l'agonie que déversent sur nous les charognards télévisuels.
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J'avais déjà tenté de lire "Zone" de Mathias Enard et, franchement, je n'avais pas pu alors, lorsqu'on m'a offert "Boussole" à Noël dernier, j'ai eu du mal à cacher ma déception. Et puis je me suis documentée, j'ai lu et relu les critiques des "Babéliens" et je m'y suis mise, bien avertie que ce n'était pas un roman, qu'il n'y avait pas de trame narrative mais une errance exotique et érudite. Quel voyage mes amis ! Jamais un livre ne m'aura autant transportée, dans l'espace, dans le temps, dans les livres, dans la musique. Certes, je n'ai pas tout compris et il y a nombre de poètes iraniens dont je n'ai jamais entendu parler mais qu'importe. A plonger ainsi dans un bouillon de culture, il en reste toujours quelque chose.
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Brillant, érudit, intelligent et passionnant !
Le professeur Frantz Ritter , musicologue orientaliste, lors d’une nuit d’insomnie, se remémore son histoire avec Sarah vécue au hasard de leurs rencontres en Orient.
Mathias ÉNARD prend prétexte de ce long voyage nocturne dans la vie du musicologue pour nous révéler, ou rappeler, l’attirance, le tropisme qu’a exercé, et exerce encore, l’Orient arabo-turc, communément appelé le Proche-Orient et le Moyen-Orient en Europe, sur l’intelligentsia occidentale et plus particulièrement européenne. Tous ces philosophes, musiciens, poètes, écrivains, historiens, archéologues … qui ont cherché depuis des siècles dans cet Orient les racines de l’Occident.
Il met en lumière que l’Orient ce n’est pas les brutes incultes de l’EI, ni les mollahs iraniens ou les États du Golfe gouvernés au nom d’un islam dévoyé ; l’Orient c’est, aussi et surtout, une culture magnifique et millénaire depuis l’invention de l’écriture en Mésopotamie jusqu’à aujourd’hui.
Ce tropisme intellectuel, symbolisé par la boussole « magique » offerte par Sarah à Ritter qui indique non le Nord mais l’Est, doit être base de partage, de construction commune entre les cultures orientales et occidentales qui sont déjà si imbriquées ; leurs relations, nos relations entre Hommes devraient être faites « du savoir, de la musique, de l’amour, des rencontres des échanges ».
Mathias ÉNARD est un grand écrivain, amoureux de l’Orient et des Hommes, qui réussit le tour de force de quasiment saturer son livre de références et incidentes érudites, européennes (j’arrive à suivre un peu) et orientales ( là c’est l’inconnu pour moi et cela entrebâille une porte à ma curiosité et à mon ignorance), sans être un instant pédant, ni ennuyeux, ni illisible.
Un excellent livre humaniste, qui demande un effort au lecteur, à lire et à relire quelques temps après.
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Il était absolument anormal, comme je l'écrivais récemment sur Twitter (1) et m'en afflige depuis que j'ai commencé à lire ce piètre écrivant, que le Prix Goncourt qui se caractérise par son absolue nullité, oublie plus longtemps de consacrer la nullité relative mais pas moins exponentielle et prometteuse des romans de Mathias Enard.
Tout rentre désormais dans l'ordre, nous pouvons remercier, avec une émotion que je n'essaierai pas de cacher, les membres du jury du Prix Goncourt, dont l'inappréciable journaliste Pierre Asouline qui peut s'honorer de plusieurs notes regroupées dans la catégorie enviée des cacographes, et le très apprécié journaliste Bernard Pivot. Mathias Enard va enfin pouvoir vendre ses productions verbeuses en étant persuadé de leur haute tenue littéraire, à présent que voici sa dernière production ointe du saint chrême de la publicité germanopratine, et de tout ce que Paris compte d'attachées de presse et de journalistes (c'est devenu strictement la même chose).
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Puissions-nous avoir des insomnies aussi riches en souvenirs que celles du narrateur!
Roman époustouflant qui nous mène d'occident en orient par un aller et retour des différentes cultures. Pas de fossé entre elles mais une mixité troublante, loin des images transmises actuellement d'un islam ennemi et triomphant.
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