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Contes et Romans Nationaux et Po... tome 11 sur 14
550 pages
Jean-Jacques Pauvert éditeur (01/04/1963)
5/5   1 notes
Résumé :
Volume 11 illustré par Schuler gravures de Pannemaker
Table des matières :
- Histoire du Plébiscite
- Les deux frères
- Les orateurs de mon village
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Histoires de la modernisation de la France portée par l'Empereur Napoléon 1er. Une oeuvre de civilisation à l'intérieur d'un pays gouverné par les possédants jouissant de l'ignorance des petits, se moquant des institutions de la République à l'image des frères «Rantzau (qui) jouissaient d'une grande influence par leur richesse et gouvernaient en quelque sorte le conseil municipal.»
Le narrateur, Mr Florence est instituteur aux Chaumes et s'étonne de la puissance des deux frères :
«Tout le village et la vallée se partageaient entre ces deux hommes, donnant raison ou tort à Jacques ou à Jean, chacun selon ses intérêts. C'est dans cet état que je trouvai le pays, sous le règne de Louis XVIII, lorsque je vins remplacer aux Chaumes l'ancien instituteur Labadie, hors de service à cause de son grand âge, et que j'épousai sa fille unique Marie-Anne, à laquelle je dois tout le bonheur de ma vie depuis cinquante ans et qui m'a donné de braves enfants.»
Les deux frères, «se détestent depuis des années ; ils se sont fait le plus grand tort ; ils ont divisé et scandalisé le pays par leur haine abominable (...)»

L'administration en charge de la forêt est honnie par la population malgré ses qualités et ses compétences : « Eh bien, il ne veut donc pas quitter sa charge, ce brave M. Botte ? Il y tient !... Hé ! hé ! ce n'est pas étonnant ; elle est bonne la place de garde général aux Chaumes. (...) C'est ainsi qu'on se permettait de parler d'un agent supérieur de l'administration, d'un homme habile et savant dans sa partie. Il avait fait restituer dans son temps sous l'Empire, au sol forestier, toutes les anticipations, tous les partages, tous les défrichements illicites ; il avait rétabli chez nous les futaies détruites par l'abus du pâturage et de la glandée ; il avait entouré les bois de l'État de fossés, pour les garantir du bétail ; il avait tracé des chemins d'exploitation ; mais voilà, tous les talents du monde ne suffisent pas pour obtenir l'estime des gens, il faut encore se respecter soi-même.»

L'instituteur Florence, le garde général Botte et le gendarme Lallemand ont fort à faire les jours de vente des coupes de bois :
«On voyait dans le fond de la chambre en bas les deux juifs Samuel Lévy et Judas Mayer d'Imling, le bâton de boucher pendu au poignet par un cordon de cuir, et la petite casquette plate sur les yeux, les frères Restignat du Grand Soldat, M. Barabino du Harberg, M. Georges de Saint-Quirin, M. Ristroph d'Abrecheville, surnommé « le prince » à cause de sa grande fortune, enfin tous les richards des environs ; et puis, aux deux côtés de la salle, Jean et Jacques Rantzau, debout dans l'ombre, regardant marcher la petite vente d'un air d'ennui : l'un grand, chauve ; l'autre carré, trapu, les cheveux noirs frisés, la barbe pleine ; et tous les deux pâles, avec leurs grands nez crochus, leurs yeux luisants, et leurs larges mâchoires serrées. Les juifs leur parlaient ; ils n'avaient pas l'air de les écouter ni de leur répondre.»

Mais lorsque Mr Botte meurt, «Le nouveau garde général (moins conciliant, moins au fait des usages) M. Lebel, on le sut le lendemain ; et deux jours après on sut aussi que toutes les lois et règlements sur la pêche, la chasse, les aménagements, les adjudications, les exploitations, les droits d'usage, oubliés par M. Botte, allaient être appliqués dans toute leur rigueur

Mais comme toujours chez Erckmann-Chatrian, il existe une justice immanente presque divine qui vient en aide aux hommes de bonne volonté :
«Les frères Rantzau ne devinrent pas très vieux, comme leur père Martin et leur grand-père Antoine. Jean mourut le premier, à l'âge de soixante-quatre ans. Alors Jacques fut tranquille, mais son bonheur ne dura pas longtemps : deux ans plus tard il mourut à son tour. Maintenant ils dorment l'un à côté de l'autre sur la colline de la vieille église, d'où l'on découvre la vallée de la Sarre, avec ses prairies verdoyantes, et, dans le fond à gauche, les sapinières toutes noires montent jusque dans le ciel.»


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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Aussitôt Lemoine, montant sur sa chaise, cria :
« Les cinq jours de prairie, quinze cents francs, quinze cents francs les cinq jours, à trois cents francs le jour, les cinq jours quinze cents francs !
– Deux mille, dit un juif.
– Deux mille deux cents, dit l’autre.
– Deux mille deux cents », répéta Lemoine.
Les deux juifs un instant allèrent ainsi, montant par cent francs, jusqu’à trois mille. M. Botte me dit à l’oreille :
« Samuel est l’homme de paille de Jean Rantzau et Judas celui de Jacques, la bataille est entre les deux frères. »
Je regardai : Jacques et Jean paraissaient calmes, mais sombres. Cela pouvait durer encore une demi-heure par cinquante francs, car après quatre mille les deux juifs se ralentissaient, n’osant plus monter sans regarder à chaque minute les signes des deux frères, quand tout à coup Jacques eut comme un éclair sur sa figure :
« Quatre mille cinq cents francs ! cria-t-il d’une voix terrible.
– Cinq mille, dit Jean en souriant.
– Six mille, dit Jacques, sans regarder son frère, mais les yeux enfoncés dans la tête et les dents serrées.
– Sept mille », dit Jean.
Alors Jacques poussa un éclat de rire et sortit en fendant la presse, les deux poings dans les poches de sa veste.
« C’est du bien trop cher pour moi », fit-il sur la porte, et il sortit.
Jean, de son côté, dit en passant près de moi, d’un air satisfait :
« C’est un peu cher, mais son grand pré sur la Sarre aurait été trop beau d’une pièce ; j’en voulais ma part et je l’ai. »
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