Pour commencer je dois remercier les Éditions Dynamite par l'intermédiaire de Babelio et l'opération Masse Critique de m'avoir attribué ce livre lors de la dernière sélection.
Je dois avouer que comme tout homme normalement constitué et ayant un minimum de curiosité, lecteur insatiable de BD s'il en est, j'avais envie de redécouvrir ce type de littérature “osée”, érotique pour certains, pornographique chic ou choc pour d'autres.
Je ne pratique quasiment pas ce genre de lecture, n'ayant pour ainsi dire qu'une poignée d'albums au dessin suffisamment explicite pour les ranger dans “l"enfer” de ma bibliothèque. Je connais
Milo Manara bien sûr, l'ayant lu il y a longtemps et me promettant d'acheter l'intégrale du Déclic avec ses femmes si chaleureuses, aux formes appétissantes, et surtout très bien dessinées. Dans ma grande collection de BD, il y bien quelques albums mettant en scène les ébats passagers d'un couple dans le cours de l'histoire et d'autres dont le scénario permet d'admirer les formes généreuses de quelque héroïne ayant perdu ses vêtements, mais les albums les plus aboutis dans ce domaine très particulier de l'érotisme qui sont en ma possession sont signés (hou là là, l'allitération…), sont signés donc, d'un maître du dessin nommé
Paul Gillon avec l'excellente série “
La Survivante”, aventures d'une femme seule (ou presque) dans un Paris où personne n'a survécu. Si l'on y rajoute quelques passages des séries “Les Naufragés du Temps” et “Les Léviathans” toutes deux du même Gillon, on a fait le tour de mes albums du genre.
Jadis lorsque j'ai fait mon service militaire, trainaient en salle de garde, des opuscules presque toujours en noir et blanc de facture inégale et d'origine presque toujours italienne, les traductions du texte ne nécessitant pas un large éventail de vocabulaire. Ces revues au caractère ouvertement pornographique mettaient en scène de charmantes créatures au formes plus que rebondies, aux prises avec des tortionnaires ou des monstres tels que loups-garous ou autres, immanquablement pourvus d'attributs masculins dont la taille ne laissait pas d'être perplexe quant à la capacité d'accueil des dites demoiselles. Quoiqu'il en soit, la souplesse anatomique permettait l'accouplement des protagonistes et après quelques coups de fouets et paires de menottes plus tard l'affaire était dite. Autant dire que ça ne m'a pas laissé de souvenir si impérissable que je me sente obligé d'étoffer ma bibliothèque avec cette catégorie de livres, les prix des albums en général amenant à faire des choix éditoriaux plus courants ou traditionnels voire plus culturels.
Grâce à la dernière édition de Masse Critique, j'ai donc coché parmi d'autres cet album d'Erich von Götha, me disant qu'après tant de temps, je pouvais bien me pencher sur une publication érotique, et je l'ai reçue il y a peu. La couverture plutôt bien dessinée ne laisse pas d'ambiguïté quant au contenu et la lecture peut commencer. Punie par un tribunal pour une vague affaire de drogue, la jeune et jolie Emma est transférée dans un établissement spécialisé dans la rééducation morale (si j'ose dire) par un personnel aux moeurs plus que dissolues et aux tenues vestimentaires sommaires. de châtiments en soumissions dont je vous épargnerai le détail elle va passer aux mains de maîtresses femmes, du directeur et de nombres de membres (!) de l'établissement. Les punitions dont elle est victime de prime abord, la terrifient un peu mais sa nature docile va l'amener à partager le plaisir de ses bourreaux.
Lu comme cela le scénario paraît assez abouti, mais en réalité il se révèle assez succinct, voire très pauvre.
Le dessin est plutôt pas mal mais aurait mérité plus de recherche dans le réalisme, s'agissant ouvertement d'un ouvrage pornographique sans les attraits de l'érotisme d'un
Manara par exemple. Les décors sont quasi-inexistants, les situations sont invariablement les mêmes, page après page, et les costumes quand il y en a, sont d'inspiration néo-nazie (ce qui m'a gêné), ou alors
S-M (?).
En conclusion pas de quoi s'extasier devant un album assez banal, et dont je trouve que l'appellation “Maître du genre” appliquée à l'auteur me semble bien présomptueuse, la quantité de son oeuvre ayant pris le pas sur la qualité, c'est avec déception et soulagement que je fermai la couverture.
Je retournerai à l'occasion vers des auteurs cités plus haut ou vers le célèbre Aslan dont les illustrations hyper-réalistes, datant des belles heures du magazine LUI, enchantaient les lecteurs assidus…