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4,09

sur 2191 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je connais et apprécie depuis des années l'oeuvre d'Annie Ernaux. Ce livre en particulier constitue un sommet de la tâche qu'elle s'est assignée: parler d'elle et de ses proches en ne partant que du dehors, de l'extime. Décrire une réalité personnelle et sociale à partir des détails perçus au quotidien, sans extrapoler ni juger, en s'interrogeant sur la résonnance prise par ces minuscules détails quotidiens qui composent une existence.
J'ai lu ce livre dans un élan proustien, pour connaître, comprendre, reconstruire ou me ressouvenir, comme on feuillette des albums de photos, ou ces livres qui répertorient les objets, usages, décors oubliés de l'enfance de telle ou telle génération.
Ici on est de plus emporté par la trajectoire de l'écrivain dont ,l'âge venant se devine à travers des éléments de confort ou de simplification , des liens qui se relâchent, des relations qui s'inversent. La description des repas au fil des années est tout simplement époustouflante!
. J'ai offert ce chef d'oeuvre à plusieurs personnes de mon entourage, d'âges et de cultures très différents.
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Roman de la mémoire, du souvenir, du temps qui fuit que nous n'attrapons jamais malgré tous nos efforts. Annie Ernaux retrace sa vie et son époque a travers des photographies ou des films familiaux, de son plus jeune âge à 2006, année durant laquelle elle écrit ce roman (en réalité depuis des décennies apprend-on). C'est passionnant, émouvant, jamais ennuyant ni auto-centré (ce qu'on pouvait craindre). Nous saisissons plusieurs époques à travers de multiples scènes (de la table des repas après guerre alors quelle était petite fille à celle des années 2000 alors qu'elle est grand-mère). Au delà d'une époque et d'une vie, c'est la nôtre qui file que nous voyons en filigrane. La nostalgie nous prend mais aussi une certaine douceur au coin du coeur, nous faisons partie de la même famille.
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Je ne suis pas entrée immédiatement dans ce texte dont j'ai craint au départ qu'il soit trop déprimant, à force d'aligner tout ce qui passe avec le temps, les oublis, les absences, les deuils... mais au bout de quelques pages, on finit par voir se dresser le tableau autrement : raconter environ 60-70 ans d'une société à travers les souvenirs d'un témoin, car la plupart de nos souvenirs sont partagés. Nos manières de parler, manger, travailler, nous détendre, vivre en famille, grandir... sont ici moins le fait d'une histoire individuelle que vue sous leur aspect sociétal : le fait d'une époque, d'un milieu social, d'une génération.
Au fil des années, deux questions émergent toujours, la condition féminine et les adolescents, la jeunesse et son désir d'avenir et de révolte contre la société qui précède.
Certes on sent pointer l'amertume souvent, au fil des désillusions sociales et politiques qui s'enchaînent à partir de 81, des deuils privés ou publics, des renoncements, mais c'est un sacré tour de force de raconter une société en choisissant des souvenirs aussi intimes que la série de photos de famille qu'Annie Ernaux a choisi pour jalonner son récit. Chaque époque est introduite par la description d'une photo personnelle, suivie de la tentative de faire revivre l'état d'esprit qui l'accompagnait, puis la société et ce qui l'agitait alors.
Et plus on approche de la fin, plus l'auteur nous explique la genèse qui arrive de ce texte que nous sommes en train de lire : la fin donne la règle du jeu auquel on assiste depuis le début, comme un éternel retour, puisque c'est finalement la sensation qui gagne la narratrice, cet éternel retour du temps qui passe et de nous qui passons avec.
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Roman largement autobiographique pourtant écrit à la troisième personne, sans doute pour donner à l'ensemble un regard extérieur au personnage qu'elle était alors. Annie Ernaux raconte son histoire à travers les évènements qui ont fait les Trente Glorieuses et jusqu'à ceux du début du 21è siècle. Un bon roman qui joint mémoire individuelle et mémoire collective.
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Coup de coeur.

Immense coup de coeur pour cette poésie, cette plume, ces bribes de mémoires, cette nostalgie, cette façon de raconter l'aspect intemporel des choses…
Dans ce roman l'autrice nous fait le récit de sa vie. Une vie faite de références, de construction et de reconstruction sociale, d'amours, de joie, de désir, de sexe, d'idéaux, de faits politiques, de faits divers, etc…

Sous les yeux des lecteurs Annie Ernaux est le chef d'orchestre d'une narration singulière sur son monde intérieur et sur le temps qui passe.

Au fil des ans on voit l'évolution d'une jeune femme qui s'affirme, qui devient une femme ancrée dans la société puis qui se sent vers la fin un peu à la marge. le récit est à la fois intime et terriblement détaché, se bornant à décrire les différentes générations au travers de multiples références sociales et populaires.

J'ai été très touchée par ce récit presque sociologique et très émue par ce superbe travail sur la mémoire collective. La plume est captivante, singulière et poétique.

Un superbe récit de vie comme je les affectionne.



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Quel plaisir de relire Les années !Malgré un style froid, distancié c'est vraiment un livre très touchant.à lire si l'on veut réveiller ses souvenirs et les revisiter sous l'angle de notre histoire récente sans sombrer dans la nostalgie.
Annie Ernaux a composé une "autobiographie impersonnelle"où le "je"est absent pour mettre en forme par l'écriture son "absence future".En s'appuyant sur 12 photos qu'elle décrit avec précision elle dit le temps qui passe pour elle et pour les autres dans une France qui change.
Elle a écrit la vie d'une femme des années 1940 aux années 2000 en relatant des souvenirs disparates,ce qui reste en fait à la fin d'une vie.En quelques lignes, elle parvient à donner la tonalité d'une période, à la fois d'une manière intime et de manière globale pour une écriture universelle.
Elle naît en 1941 dans une société très fermée où se transmet de génération en génération un héritage de pauvreté et de privations...
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Avec le temps, va, tout s'en va
Pour moi c'est une relecture, et je me souviens parfaitement de cette découverte en 2008 et de cette phrase liminaire qui cingle le lecteur : « Toutes les images disparaîtront. »
Comme pour tout grand livre, grand écrivain, une relecture c'est faire de nouvelles découvertes en restant éblouie.
Plus d'un demi-siècle défile sous nos yeux, et si comme moi vous n'êtes pas de la génération de l'auteur, et si vous prenez le train en marche vous vous sentirez concernés par cette mémoire de l'intime vers l'universel, ce « moi » ou « soi » intégré à la marche du monde.
Réminiscences des tablées familiales :
« On vivait dans la rareté de tout. Des objets, des images, des distractions, des explications de soi et du monde, limitées au catéchisme et aux sermons de carême… »
Toujours fascinée par ce fil rouge qu'est la lucidité d'Annie Ernaux sur son époque, sur le monde et ce travail sur l'écriture, l'emploi de l'imparfait, du « on » parfois du « elle ».
Le rythme des phrases qui vont à la ligne sans faire précéder d'un point et sans la majuscule, fait que le temps s'écoule, qu'il glisse avec ses évolutions inexorables qui nous entraîne avec lui.
« Dans le cours de l'existence personnelle, l'Histoire ne signifiait pas. On était seulement, selon les jours, heureux ou malheureux. »
L'évolution se fait dans la manière dont le corps est appréhendé, celui des femmes particulièrement, le langage des origines, famille, milieu social, les modes de consommation, l'arrivée de la publicité, du marketing, des médias.
L'écriture est précise, il n'y a pas de place à l'enveloppement, il peut y avoir de la brutalité à dire, pas de préciosité dans l'écriture.
Les années, est un livre précieux pour dire le travail, la création littéraire, souvent un clef éclairant les ouvrages précédents.
C'est un livre unique dans la manière qu'il a d'ouvrir le temps et non pas de clore ces années-là.
C'est un livre à partager avec sa descendance car il éclaire le chemin.
Annie Ernaux explore le temps jusqu'à la moelle, en se dévoilant, se mettant à nu.
En conclusion reprendre les mots de Pierre Desproges :
« S'il vous plaît, continuez d'exister et d'écrire des livres. Vous êtes l'Écrivain. »
Même si ce dernier n'a pas pu lire ce livre, ce sont des mots qu'il a écrits après la lecture de la Place et Une Femme
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/01/30/les-annees/

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Une femme dans le temps
Annie Ernaux nous raconte sa vie en la resituant sans cesse dans le mouvement de l'histoire collective. Un récit qui donne à sentir la profondeur de la mémoire et le passage du temps, de la Seconde Guerre Mondiale aux années 2000. Poignant et très beau.
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Je ne sais pas trop s'il m'est possible de donner mon avis sur ma lecture de "Les années" tant je suis fan de l'écriture d'Annie Ernaux ! Je manque donc forcément d'objectivité. Mais en même temps est-on jamais objectif face à une lecture ? Surtout une lecture comme celle-ci qui tresse les fils du temps en y accrochant des images, photos jaunies ou réminiscences ; des gens, la famille, les inconnus, les "célèbres" ; des conversations ; des instants ; toute une vie.

Il s'agit d'un roman autobiographique sans que cela soit un roman ni une autobiographie. Il s'agit du passage des années entre l'immédiat après-guerre et aujourd'hui. Des années qui sont à la fois inscrites dans la mémoire collective et dans celle, personnelle, de l'auteur. Ce jeu entre proximité intime et distance impersonnelle instaure une profondeur de champ cinématographique dans laquelle chaque lecteur peut projeter ses propres souvenirs.
Le temps trouve toute sa mesure dans cette démarche qui met la mémoire au coeur de la réflexion, et d'une manière plus profonde encore, qui pose finalement la question de l'être.

L'écriture d'Annie Ernaux nous révèle nos propres secrets, notre propre condition, dans un murmure qui constate plus qu'il n'analyse. Et c'est de tout cela que surgit l'émotion, la puissance, le rayonnement du roman.
Comment puis-je parler objectivement d'un roman d'Annie Ernaux ? Je ne le peux pas car son roman, celui-là comme les autres, fait partie de ce qui m'est essentiel, vital, de ce souffle qui me fait avancer de manière moins tâtonnante. Et de ce qui me fait aimer toujours davantage les mots, les livres, les gens et la vie. Tout simplement.
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Les Années : Annie Ernaux : Comment donner une idée de ce livre ? Une évocation de souvenirs à l'aide de photos, prises à quelques années de distance dans les lieux de son enfance, en Normandie. . A partir des années 1940, raconter le mode de vie quotidien,, les habitudes, l'environnement, la façon de penser, de s'exprimer d'une jeune écolière, d'une lycéenne, d'une étudiante qui va quitter sa famille, issue d'un milieu modeste. Puis elle va mener sa vie de jeune femme, professeur après de brillantes études, loin de sa famille où elle reviendra les fins de semaine pour renouer avec ses parents.
Chaque photo raconte les changements vestimentaires
reflets de la mode, les habitudes de vie, qui façonneront la personnalité de cette jeune femme.
Le fil des actualités , marquera les événements, l'on vivra à travers l'auteure, les faits, les changements d'époque, les influences subies.
A partir des années cinquante nous seront remis en mémoire les années vécues par les différents régimes politiques et leurs conséquences
Les changements de mode de vie pour le Français de classe moyenne traversés par quatre générations, L'évolution de la jeunesse,l'adolescence, les habitudes sexuelles, les règles de conduites auxquelles sont soumises les jeunes filles et les femmes jusqu'à leur libération avec la pilule anticonceptionnelle, l'avortement légalisé, le travail des femmes, le crédit, l'accès à la grande consommation, la voiture, la famille, les enfants, plus tard encore, le divorce, tous ces événements relatés avec justesse, et précision, font que j'ai apprécié avec beaucoup d'intérêt ce récit-mémoire, les souvenirs,l'album-photos.
Un livre intelligent, original par la présentation nouvelle de raconter une histoire collective et personnelle à la fois.
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