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4,09

sur 2191 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le projet de ce livre, Annie Ernaux l'a très longtemps porté en elle :
« […] l'idée lui est venue d'écrire « une sorte de destin de femme », entre 1940 et 1985, quelque chose comme Une vieDe Maupassant, qui ferait ressentir le passage du temps en elle et hors d'elle, dans l'Histoire, un « roman total » qui s'achèverait dans la dépossession des êtres et des choses, parents, mari, enfants qui partent de la maison, meubles vendus. »

« Les années » verront le jour en 2008, alors que l'auteur est âgée de 68 ans. Cette « sorte d'autobiographie impersonnelle » s'étend donc sur presque sept décennies. Annie Ernaux y retrace les différentes étapes de sa vie, jalonnées par la description ponctuelle d'une photo la représentant, avec une certaine mise à distance cependant, induite par l'utilisation du « elle ». L'auteur inscrit cette histoire personnelle dans l'histoire collective, en balayant le champ social autour d'elle pour rappeler les grands événements de chaque époque et retracer l'évolution de notre quotidien (conditions matérielles, moeurs, perception des autres) au cours de toute la période.
le panorama ainsi dressé est impressionnant. En fonction de son âge, le lecteur est susceptible d'y retrouver des fragments de choses dont il se souvient ou qu'on lui a racontées. Régulièrement, se glisse entre les pages l'évocation d'un repas de famille, rite emblématique dont l'auteur décrit les mutations successives : s'y joue ce qui marque le temps, à la fois la mémoire immédiate des événements et celle plus ancienne, mais aussi et surtout la position de chacun dans le cercle familial, avec la relation que les enfants/adolescents/jeunes gens entretiennent avec leurs aînés.

« Les années » est une oeuvre à part, un tour de force littéraire.
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Livre précieux. le chef d'oeuvre d'Annie Ernaux ... probablement. Chef d'oeuvre dans son genre, qui va à l'encontre de l'épique. Un genre particulièrement marqué par la personnalité d'Annie Ernaux, écrivaine humble et subtile dans le style et la personnalité. "Les années" forment le récit du temps qui a passé pour de multiples générations, car si elle Mme Ernaux a l'âge d'être ma mère, elle fait de ce récit le récit de la communication des âges. Elle donne au lecteur le plaisir de sentir « avoir été là » ce jour, cette heure, tragique ou explosive.
Le récit de l'évolution de la liberté sexuelle de la femme est particulièrement touchant et juste, à lire et à faire lire pour l'éternité car le combat fut rude et celles qui nous ont précédé (car la langue française refuse toujours le féminin de "prédécesseur" aux femmes… Il faut user de la périphrase… On est encore loin du compte, n'est-ce pas? …) ont accompli des actes de courage qu'il s'agirait de ne pas oublier.
Merci, Mme Ernaux, pour la beauté de votre récit. J'ai été heureuse de lire pendant de longues heures. Juste pour cela, merci.
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J'ai beaucoup aimé ce livre retraçant les 60 dernières années, chacun peut se retrouver dans la narratrice guidée par des photos et des souvenirs. Un récit chronologique sur sa vie, d'enfant, de femme, de mère. J'ai retrouvé des images, des phrases, des publicités que je croyais avoir oubliées et qui m'ont fait rire ou m'ont émues.
On se réapproprie le passé, l'histoire, les années 40 et après guerre avec ses difficultés, sa rigidité, la dureté de la vie, ensuite les années 60-70 avec son vent de liberté, de légèreté, de communication, le début de la société de consommation, sans oublier ses problèmes, l'enfant occupant une part plus importante au point de devenir essentiel et sujet de conversation dans les dîner, (le temps des enfants remplaçait le temps des morts) et depuis la fin des années 80 à nos jours, c'est de nouveau difficile malgré les progrès, la pauvreté s'installe, le RMI, les SDF, le SIDA, la hausse du chômage, la dictature de la consommation et ses paradoxes (« Il était normal que les produits arrivent du monde entier, circulent librement, et que les hommes soient refoulés aux frontières » et aussi « La sollicitude de la grande distribution allait jusqu'à mettre à la disposition des pauvres des rayons de produits en vrac et bas de gamme, sans marque, corned-beef, pâté de foie, qui rappelaient aux nantis la pénurie et l'austérité des anciens pays de l'Est. »

C'est un livre formidable à lire et faire lire pour se souvenir et faire se souvenir

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Une fresque historique jugée par un regard féminin et hautement réflexif. Ce récit fait voyager dans le temps, mais aussi dans tous les espaces que l'on a connus ou entrevus. L'attention aux évènements alentour, mais aussi aux aléas quotidiens nous plonge dans un parcours naturaliste et chronologique qui nous permet de mieux comprendre les histoires françaises. Annie Ernaux nous fait voir un fil conducteur parfois oublié d'une société en constants changements.
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Depuis sa naissance jusqu'aux années 2006, Annie Ernaux retrace l'ensemble de son itinéraire dans un récit autobiographique très touchant !

Cette forme de journal personnel évoque les évolutions sociales, sociétales, technologiques et les savoirs communs. Ses souvenirs marqueurs d'une époque montrent l'imbrication d'une histoire individuelle dans celle plus collective et mondiale.

La reconstruction de son récit de vie est aussi une évocation du temps qui passe. Ce livre nous renvoie à notre propre dimension et notre propre rapport au temps de la vie. Ce livre est brillant !
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Fidèle à son sujet d'étude littéraire unique, à savoir elle-même, Annie Ernaux livre dans Les années, multiplement distingué et récompensé, une rétrospective couvrant la seconde moitié du 20ème siècle, et tente de créer une intersection où se croisent les événements de sa vie personnelle – à base de photos ou d'extraits de films – et les grands bouleversements du monde – à base d'informations – survenus au cours des mêmes décennies. Son objectif, fixé dans son ouvrage, sans jamais utiliser le "je" : restituer la dimension vécue de l'Histoire avec un grand H et de la mémoire collective à travers une mémoire individuelle ; s'immerger dans les images de ses souvenirs pour en détailler les signes spécifiques de l'époque, l'année, plus ou moins certaine où elles se situent ; et surtout tenter de retenir, de « sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais », parler du monde lent où elle est née dans la rareté de tout, des objets ou des distractions, bien éloigné de celui, abondant et cultivé où l'ont propulsée ses études et sa carrière, ce monde contemporain qui avance sans qu'elle sache vers quoi.


Le résultat est un inventaire à la Prévert, où comme d'habitude elle revient inlassablement sur son enfance modeste, sur la honte d'appartenir à une classe sociale inférieure, ses études, son métier de prof, son mariage finalisé par un divorce, ses amours, son avortement clandestin, l'Alzheimer de sa mère, sa passion avec un russe ou un homme plus jeune qu'elle... Tout ce qui a déjà servi de thème à ses précédents romans... En contrepoint, elle évoque les guerres, les trente glorieuses pourvoyeuses de galeries marchandes, la consommation frénétique, les combats féministes, ses convictions politiques... Tout est passé à la moulinette...


Pour moi comme pour beaucoup de femmes, Annie Ernaux a été une combattante littéraire, celle qui a osé écrire le sexe, le ventre, le sang des femmes, crûment, sans métaphores ; celle qui a fait d'une épicerie normande ou d'un hypermarché Auchan des hauts lieux de la littérature ; celle qui a signé un manifeste revendiquant le droit pour les femmes de disposer de leurs entrailles ; celle qui fort récemment a expédié une lettre ouverte et bien sentie à Macron ; celle dont la concision a été raillée par les vieux barbons gélatineux et autres incontinents du verbe pour qui la littérature ne doit être qu'hypocrisie et logorrhée. Total respect pour cette femme dont chaque phrase minimaliste a une portée quasi-universelle.


Lire Les années m'a rendue tristounette car j'ai eu l'impression parfois pénible d'avoir entre les mains et sous les yeux le testament littéraire d'Annie Ernaux. « Comme le désir sexuel, la mémoire ne s'arrête jamais. Elle apparie les morts aux vivants, les êtres réels aux imaginaires, le rêve à l'histoire ».
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remarquable livre qui pourrait être la biographie de toute une génération.Peut-être faut-il avoir vécu cette 2ème partie du 20ème siécle en tant que femme pour en apprécier toute la saveur.
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Un magnifique livre de mémoires, qui mêle hsitoire personnelle et histoire de la france depuis l'après seconde guerre mondiale. J'ai aimé ce livre, cette écriture si pudique, ces émotions que l'on devine, qui ne sont pas étalées. Quelle finesse. Merci Madame Ernaux pour votre talent.
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Annie Ernaux parcourt l'évolution de la société au cours des années, allant de 1940 à 2006, en faisant son autoportrait. Elle nous offre donc un témoignage d'une génération.

Ce livre frôle le genre autobiographique, avec une dimension didactique dans le sens de la documentation, sans pour autant en faire partie. le récit de soi lui permet de réfléchir sur des causes engagées et féministes autant personnelles que générales.
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Livre lu à l'école, analysé, décortiqué encore et encore, mais quel plaisir... Une lecture relativement facile que je conseille à toute génération, un retour en arrière passionnant et qui fait réfléchir. Annie Ernaux nous fait voyager dans le temps, traverser la seconde guerre mondiale pour arriver jusqu'au début des années 2000 ; c'est dans la mémoire collective de toute une génération que nous sommes plongés.
Ce n'est pas d'autobiographie qu'il faut parler, mais d'auto-socio-biographie, un genre littéraire qui vaut la peine d'être découvert.
Livre à lire, conseiller, offrir. Bref, un vrai plaisir.
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