Il ne fait aucun doute que le Père Noël existe. J'en veux seulement pour preuve qu'une proportion considérable des commandes qui lui sont adressées, se trouvent satisfaites le 25 décembre. Il faut donc croire qu'elles sont parvenues à destination.
Pour Dieu, c'est une autre affaire ? Nous manquons de statistiques pour affirmer que le taux de prières exaucées est supérieur au cinquante pour cent du hasard.
Il est probable que si quelque accident, me prive d'une jambe, je n'aie d'autre ressource, pour ne point perdre l'équilibre que de l'en procurer une artificielle (Dieu) et de m'appuyer sur elle comme si elle était vraie.
Cette conception orthopédiste de la divinité n'est pas sans force et je lui accorde la même estime qu'à la conception anesthésique selon laquelle croire en vous aide à mourir.
Une histoire qui circule en Espagne rapporte qu'après sa mort le général Franco eut avec vous [Dieu] un long entretien. Il en sortit soucieux. Curieux comme le concierge qu'il est, saint Pierre se mit à l'interroger : "Alors, mon général, quelle impression vous a produite notre Seigneur ?" Et Franco de répondre, le sourcil froncé : "Il n'est pas mal, mais politiquement, il n'est pas sûr".
Robert Escarpit
Jacques CHANCEL s'entretient avec
Robert ESCARPIT,
journaliste et universitaire : Sa fonction de président de l'université Bordeaux III. Son livre "Vivre la Gauche". Son enracinement provincial. Son tempérament d'homme de Gauche. Propos désabusés sur les appareils des partis politiques. Son anti-cléricalisme. Sa polémique avec des critiques littéraires. Critique de "l'Etat gendarme".