J'ai adoré ce polar régional trouvé dans une boîte à livres !!! Je ne m'y attendais pas, j'étais juste curieuse mais j'ai tout de suite accroché au style qui mêle les codes du polar à une inventivité linguistique jouissive qui joue avec le parler lorrain (et les proverbes). Au niveau de l'intrigue qui se déroule dans une cité minière après la fermeture de l'usine sidérurgique, Louange imaginaire qu'on peut associer à plusieurs localités réelles, la mort d'une adolescente renversée par un chauffard en fuite déclenche une enquête officieuse. le héros, le Gros Dédé, est un personnage qui ajoute à la truculence du récit avec son bout de métal incrusté dans le cerveau qui le fait agir de façon parfois irrationnelle.
Bref un gros plaisir de lecture !
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Quand je pense que je pourrais être attablé devant un boudin aux pommes avec des frites ou un couscous à la mayonnaise. Me voilà coincé avec deux zigs pas compréhensifs. Et je suis las et c'est dimanche et j'aime pas les garages et j'aime pas les garagistes. Bon ! Pluie du matin n'arrête pas le pèlerin, tant va la cruche à l'eau que nul n'est prophète en son pays.
Un instant, le Gros fut tenté de souffler dans un harmonica, sur deux notes. Il était dans ses mondes parallèles. Ses potes étaient pourtant habitués à ses absences. Sans prévenir, comme ça, VOUF, le Gros partait dans ses histoires, il voyait des choses que les autres ne voyaient pas. Il sentait des trucs. Une sorte d'état second dont il s'accommodait assez bien d'ailleurs. (p.32)
Il était revenu. A partir de là, le Gros entra dans la légende locale et devint une des attractions louangeoise, au même titre que la station d'essence hors service, le terrain de foot marécageux, l'épicerie de Nicole, Pierrot, ou le monument aux Morts tagué par des petits cons. (p.38)
[à l'hôpital]
Il avait également des visions, des intuitions, un pouvoir étrange dont il ne mesurait pas l'étendue. Il décelait, par exemple, la composition exacte des repas insipides qu'on lui servait. Chose dont les cuisiniers eux-mêmes étaient incapables. (p.34)
- T'es pas bien Claudio, t'es fatigué, c'est l'émotion, on est tous émotionnés, dit le Kader.
- émus, reprit Gégé, le prof.
- émus ou émotionnés, les deux se disent, reprit le Kader. (p.56)